La police annonce la mort de l'imam de la cellule responsable des attentats en Catalogne
L'imam Abdelbaki Es Satty, soupçonné d'être au coeur de la cellule djihadiste responsable des attentats en Catalogne, est bien mort dans l'explosion d'une maison d'Alcanar, d'après le chef de la police catalane.
«Les restes de l'imam étaient là-bas», a déclaré lors d'une conférence de presse à Barcelone le major Josep Lluis Trapero, en évoquant la maison où le groupe préparait les attaques, détruite par une importante déflagration mercredi le 16 août soir à 200 kilomètres de Barcelone, moins de 24 heures avant le double attentat qui a fait 15 morts.
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L'imam résidait depuis deux ans à Ripoll, où il louait 150 euros par mois, selon son colocataire, un deux-pièces décrépi depuis lequel on aperçoit la montagne boisée et les toits de tuiles de la jolie petite ville catalane, à 90 km au nord de Barcelone.
«Mardi matin (deux jours avant les attaques) il était parti en disant qu'il s'en allait en vacances au Maroc», a raconté dimanche le 20 août un vendeur de fruits de 45 ans, Nordeen El Haji, venu vivre il y a quatre mois dans l'appartement. Depuis, il avait disparu. «Il parlait peu, passait du temps avec son ordinateur dans la chambre, avait un vieux téléphone portable sans internet, peu de livres».
Trafiquant de drogue
Abdelbaki Es Satty avait fait de la prison pour trafic de drogue de 2010 à 2014. «L'imam avait eu un problème judiciaire, mais pas lié au terrorisme», a confirmé le chef de la police catalane.
«Cet imam était normal et ordinaire quand il était en public», affirme à l'AFP Mohamed Akhayad, un électromécanicien marocain de 26 ans, qui fréquentait la nouvelle salle de prières ouverte en 2016 et où il prêchait. «S'il a mangé le cerveau de ces jeunes, c'est en cachette, dans un endroit secret».
Dans la rue où vivait le religieux, un peintre décorateur de 64 ans, Francesc Gimeno, dit qu'il «avait la réputation d'être très islamiste, voulait que tous les Marocains pensent comme lui, mettait la religion au-dessus de tout». Il l'accuse d'ailleurs d'avoir voulu obliger les femmes marocaines de la ville à se couvrir.
«C'est un mensonge», réagit Hammou Minhaj, 30 ans, secrétaire marocain de la communauté musulmane de Ripoll Annour. «Ici à la mosquée, il ne disait pas ça. En dehors, je ne sais pas», affirme-t-il.
«Vacances au Maroc»
Selon lui, Abdelbaki Es Satty était arrivé en 2015 à Ripoll, puis était allé en Belgique en tant qu'imam avant de revenir à Ripoll. «Il avait commencé en avril 2016 comme imam dans notre nouvelle mosquée», dit-il. La police a confirmé qu'il avait séjourné dans la commune de Machelen, près de Bruxelles, entre janvier et mars 2016.
Selon Hammou Minhaj, fin juin 2017, il avait demandé trois mois de vacances pour partir au Maroc.
A Ripoll, dans la salle de prière, les noms de deux des douze suspects des attentats apparaissent dans la liste des donateurs de fonds à la mosquée, dont celui de «Younes Abou Yacoub».
Ce Marocain de 22 ans, soupçonné d'avoir tué à lui seul 14 personnes à Barcelone, est mort lui aussi, abattu lundi par la police à l'ouest de Barcelone.
A M’rirt, petite ville de 35 000 habitants du centre du Maroc, les proches du jeune homme avaient accusé ce week-end l'imam de Ripoll d’être le cerveau des attentats en Espagne. «Cela fait deux ans que Younès et Houssein (son frère) ont commencé à se radicaliser, sous l’influence de cet imam», avait confié à l'AFP leur grand-père.