Accord sur le nucléaire iranien : les Etats-Unis, un partenaire qui embarrasse l'Union européenne ?
Alors que le président iranien a averti que son pays répondrait de manière «appropriée» à toute violation américaine de l'accord sur le nucléaire, l'UE, elle, a maintenu son soutien au traité malgré les sanctions signées par Donald Trump le 2 août.
Lors de sa cérémonie d'investiture, le président iranien Hassan Rohani n'a pas manqué de critiquer le «manque d'engagement» des Etats-Unis concernant l'accord historique de 2015 sur le programme nucléaire iranien. Principale réussite du premier mandat du président de la République islamique, cet accord signé avec l'administration Obama, est aujourd'hui durement mis à l'épreuve par Donald Trump, qui n'a eu de cesse de le dénigrer pendant sa campagne électorale.
Au mois de juillet, Washington a fait part de son intention d'inscrire sur la liste noire 18 organisations et personnes soutenant le programme balistique de l'Iran. Le verdict est sans appel : le 2 août, Donald Trump a validé une loi élaborée par le Congrès introduisant un durcissement des sanctions économiques américaines contre la Russie, l'Iran et la Corée du Nord.
«Cela prouve que les Etats-Unis ne sont pas un partenaire fiable, même avec leurs alliés de longue date», a martelé le président iranien lors de son discours, en faisant allusion à l'Union européenne, devant Federica Mogherini, à la tête de la diplomatie européenne et présente lors de la cérémonie. «L'Iran ne sera pas le premier à se retirer de l'accord nucléaire et ne restera pas silencieux si les Etats-Unis ne respectent pas leurs engagements», a affirmé le président iranien.
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La position de l'Union européenne
La patronne de la diplomatie européenne, a de son côté assuré que l'Union européenne soutenait l'accord sur le nucléaire et que c'était là une position commune à tous ses membres. Elle a en outre estimé que «toutes les parties» respectaient l'accord sur le nucléaire signé en 2015 entre l'Iran et le groupe des 5+1 (les cinq membres du conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne), alors que Téhéran considère que les nouvelles sanctions décrétées par Washington en sont une «violation». «Donald Trump tente de saboter l'accord sur le nucléaire aux dépens de l'Iran et l'Europe devrait en être consciente», a notamment déclaré Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des affaires étrangères.
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«Le pire accord» jamais paraphé par les Etats-Unis, selon Trump
En soutenant cet accord sur le programme nucléaire iranien, l'Union européenne risque de se trouver dans une position délicate vis-à-vis des Etats-Unis. En effet, les relations entre les Etats-Unis et l’Iran se sont fortement détériorées. Le candidat Trump avait maintes fois promis, durant sa campagne, de «déchirer» le «pire» accord jamais signé par Barack Obama, affirmant que l'Iran constituait une menace pour la région.
Dans un entretien accordé au Wall Street Journal, Donald Trump a renchéri, déclarant vouloir mettre fin à l’accord, en refusant de «certifier» son application par Téhéran lors de la prochaine échéance, prévue au mois d’octobre. «Nous leur avons donné le bénéfice du doute mais nous faisons des études très détaillées», affirme le président américain dans les colonnes du quotidien économique et financier.
Iran has been formally PUT ON NOTICE for firing a ballistic missile.Should have been thankful for the terrible deal the U.S. made with them!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 2 février 2017
L'accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015 a permis aux grands groupes internationaux de reprendre leurs activités en Iran. Le pétrolier français Total a, par exemple, récemment conclu un accord avec le groupe chinois CNPC pour le développement de South Pars, le plus grand gisement de gaz naturel du monde, à cheval entre les eaux territoriales de l'Iran et du Qatar.
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