Le Texas réécrit l'histoire et occulte le Ku Klux Klan et la ségrégation
Les livres d'histoire des écoles publiques du Texas vont minimiser l'importance de l'esclavage dans la guerre civile, et font une croix sur le Ku Klux Klan et les lois de ségrégation. Le tout sous fond de tensions importantes aux Etats-Unis.
Les 5 millions de collégiens du Texas n'entendront plus parler des heures les moins glorieuses de cet état du sud des Etats-Unis. En effet, à partir de septembre, les livres d'histoire des élèves des collèges du Texas n'aborderont plus le Ku Klux Klan, organisation suprématiste blanche, ou les lois Jim Crow, qui ont instauré la ségrégation raciale en vigueur aux Etats-Unis de 1876 à 1965.
"I love Texas, but I am not raising my children there." @lcmoser on shameful textbooks on Jim Crow, Civil War http://t.co/k5d4Asj8w1@slate
— Laura Helmuth (@laurahelmuth) 7 Juillet 2015
Autre nouveauté, et volonté manifeste de faire une croix sur une partie de l'histoire américaine, les élèves apprendront que la guerre civile américaine a été déclanchée par «le sectarisme, les droits et l'esclavage», ce dernier point étant délibérément relégué dans un rôle secondaire.
D'ailleurs, selon Pat Hardy, un Républicain membre du Conseil d'administration qui a validé ces programmes en 2010, la lutte contre l'esclavage de la part des états du nord des Etats-Unis n'était «que l'un des à-côtés de cette guerre civile», rapporte le Washington Post. «Il y a ceux qui disent que l'esclavage était la principale raison de la guerre civile... Non, cette guerre portait sur les droits des états».
A sad day in Texas history. The textbooks doesn't downplay Jim Crow and the K's. It flat out won't mention them. https://t.co/WRaWZcs4FN
— maggie simmons ward (@reciprocitynluv) 8 Juillet 2015
Cette décision du Texas a en tout cas entraîné une vague de protestations aux Etats-Unis. Plusieurs associations de gauche ont ainsi critiqué ces nouvelles normes académiques. Même l'ancien secrétaire d'Etat à l'éducation de Georges W. Bush, Rod Paige, un Républicain, a dénoncé ce choix du Texas, estimant dans le Washington Post que «l'histoire de l'esclavage et la lutte pour les droits civils sont des éléments dominants de notre histoire et ont façonné ce que nous sommes aujourd'hui.»
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Américains ont fait part de leur gêne par rapport au choix du Texas.
This state is becoming more and more of a sickening joke everyday. http://t.co/6CKNicr2eA
— Mom of a champ. (@notlegit_soquit) 3 Juillet 2015
La question du passé ségrégationniste du pays reste vive aux Etats-Unis. La récente fusillade qui a fait neuf morts dans une église de Caroline du Sud, et perpétrée par un admirateur du KKK, a d'ailleurs fait rejaillir le passé esclavagiste de certains états du sud des Etats-Unis.
Have you seen Dylann Roof? @FBI confirms 21-year-old as #CharlestonShooting suspect. http://t.co/3ijYaNanPM#chsnewspic.twitter.com/6blL5HGMLX
— The Post and Courier (@postandcourier) 18 Juin 2015
Suite à cette fusillade, un large mouvement a vu le jour pour supprimer du paysage le drapeau confédéré, considéré par de nombreux Américains comme un signe de division rappelant l'esclavage et le racisme. Ce vendredi, le drapeau confédéré sera d'ailleurs enlevé du parlement de Caroline du Sud. «C'est un jour historique pour la Caroline du Sud », a déclaré le sénateur républicain de Caroline du Sud au Congrès, Lindsey Graham.
State votes to remove flag from capitol: The South Caroline House of Representatives voted overwhelmingly earl... http://t.co/RjPyhcyVcq
— Washington Chronicle (@WashChronicle) 9 Juillet 2015
A Baltimore statue's message honoring #Confederate soldiers has been written over. #BlackLivesMatterpic.twitter.com/FKqNSpC6ma
— Kevin Rector (@RectorSun) 22 Juin 2015
Ces derniers mois, de nombreuses affaires de racisme ont secoué les Etats-Unis. La mort de Michael Brown, un noir de 18 ans abattu par un policier alors qu'il n'était pas armé a entraîné une vague d'émeutes à Ferguson. La ville de Baltimore a aussi été le théâtre d'émeutes suite à la mort d'un jeune noir de 25 ans mort en détention le 19 avril dernier. Tous les ans, de nombreux jeunes afro-Américains meurent sous les balles de la police. «Je pense que nous, en tant que pays, nous devons faire de l'introspection» sur cette question avait déclaré Barack Obama, le président des Etats-Unis, suite à ces nombreuses affaires.
Police Lining up in the back for what looks like prep to charge the protest
#FreddieGray#JusticeForFreddieGraypic.twitter.com/KB7dzlpQNy
— Harris from the Post (@rousseau_ist) 25 Avril 2015