Antisionisme/antisémitisme : Shlomo Sand adresse une lettre ouverte à Macron, «inculte politique»
L'historien israélien Shlomo Sand a été «agacé» par l'invitation de Benjamin Netanyahou à la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, mais plus encore par l'affirmation d'Emmanuel Macron selon qui l'antisionisme serait un antisémitisme réinventé.
Professeur d'histoire à l'université de Tel-Aviv, Shlomo Sand a adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron concernant son discours prononcé lors de la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv le 16 juillet, à laquelle le Premier ministre israélien avait été invité par le président.
Via @alaingresh: «Lettre ouverte à M. le Président de la République française.» https://t.co/cIPgghav7Npic.twitter.com/hm7HzUZOdX
— Sébastien Fontenelle (@vivelefeu) July 21, 2017
«Pour être tout à fait franc, j’ai été plutôt agacé par le fait que vous ayez invité Benjamin Netanyahou, qui est incontestablement à ranger dans la catégorie des oppresseurs, et ne saurait donc s’afficher en représentant des victimes d’hier», écrit l'historien.
Reprenant les mots d'Emmanuel Macron, selon qui «l’antisionisme est la forme réinventée de l’antisémitisme», Shlomo Sand se demande si ces propos avaient pour but de «complaire» au chef du gouvernement israélien, ou si ceux-ci relèvent «purement et simplement une marque d’inculture politique».
Emmanuel #Macron : «Nous ne céderons rien à l'antisionisme, forme réinventée de l'antisémitisme»
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«L’ancien étudiant en philosophie, l’assistant de Paul Ricœur a-t-il si peu lu de livres d’histoire, au point d’ignorer que nombre de juifs, ou de descendants de filiation juive se sont toujours opposés au sionisme sans, pour autant, être antisémites ?», écrit le professeur. «Je fais ici référence à presque tous les anciens grands rabbins, mais aussi aux prises de position d’une partie du judaïsme orthodoxe contemporain», précise-t-il.
«Tout d’abord, le sionisme n’est pas le judaïsme, contre lequel il constitue même une révolte radicale», explique l'historien. Rappelant l'interdiction faite aux juifs de migrer «en masse» en Palestine avant la venue du messie juif, Shlomo Sand pointe le fait que le sionisme substitue la volonté humaine à la volonté divine.
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Néanmoins, après l'holocauste, cette conception autrefois majoritaire chez les juifs religieux s'est érodée, parce qu'Israël constituerait un refuge permettant d'éviter de nouvelles tragédies.
La colonisation des territoires palestiniens a pourtant pu nourrir une opposition au sionisme jusque dans les rangs de la société israélienne, dont Shlomo Sand fait partie.
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«Je ne peux pas être sioniste. Je suis un citoyen désireux que l’Etat dans lequel il vit soit une république israélienne, et non pas un Etat communautaire juif. Descendant de juifs qui ont tant souffert de discriminations, je ne veux pas vivre dans un Etat, qui, par son auto-définition, fait de moi un citoyen doté de privilèges. A votre avis, monsieur le Président : cela fait-il de moi un antisémite ?», conclu l'historien israélien.
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