Varsovie accuse Macron d'«antipathie» vis-à-vis de l'Europe centrale
- Avec AFP
Le Premier ministre polonais Beata Szydlo a accusé Emmanuel Macron d'«antipathie» à l'égard des pays d'Europe centrale, après des propos du président français accusant implicitement ces Etats de traiter l'UE comme «un supermarché».
Le 22 juin, à la veille d'une rencontre d'Emmanuel Macron avec les dirigeants du Groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie) à Bruxelles, le Premier ministre polonais Beata Szydlo a mis en garde le nouveau chef d'Etat français.
«La Pologne est ouverte à la coopération avec la France. Mais cela dépendra du président Macron, s'il entend étaler dans les médias son antipathie à l'égard des pays d'Europe centrale ou s'il veut parler des faits», a-t-elle prévenu, lors d'un point presse en marge d'un sommet des 28 à Bruxelles.
«Il est bon de parler des faits et non pas de se servir de remarques basées sur des stéréotypes», a-t-elle ajouté.
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Beata Szydlo réagissait à l'interview accordée par Emmanuel Macron à huit journaux européens, parue dans la matinée du 22 juin, dans laquelle il a critiqué «certains dirigeants européens qui tournent le dos à l’Europe».
«L’Europe n’est pas un supermarché. L’Europe est un destin commun», a-t-il souligné.
Emmanuel Macron y plaidait pour «promouvoir une Europe qui aille vers un mieux-être économique et social», en mentionnant la question controversée du travail détaché.
«Les grands défenseurs de cette Europe ultralibérale et déséquilibrée, au Royaume-Uni, se sont fracassés dessus. Sur quoi le Brexit s'est-il joué? Sur les travailleurs d'Europe de l'Est qui venaient occuper les emplois britanniques», a rappelé le président français.
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«Le travail détaché conduit à des situations ridicules. Vous pensez que je peux expliquer aux classes moyennes françaises que des entreprises ferment en France pour aller en Pologne car c'est moins cher et que chez nous les entreprises de BTP embauchent des Polonais car ils sont payés moins cher? Ce système ne marche pas droit», a-t-il expliqué dans son interview.
Cet affrontement verbal par médias interposés entre Emmanuel Macron et Beata Szydlo intervient dans un contexte de frictions sur la réforme de la directive travailleurs détachés, présentée en mars 2016 par la Commission européenne, que la France souhaite encore durcir au risque de braquer les pays de l'Est, déjà très réticents à tout changement.