L’Italie va-t-elle armer les vedettes des gardes-côtes libyens pour restreindre l’immigration ?
La Libye a demandé à l'Italie d'armer les vedettes de ses gardes-côtes pour lutter contre l'immigration en Méditerranée et faire face aux trafiquants armés, a révélé le 18 mai un officier de la marine libyenne.
Le ministre italien de l'Intérieur Marco Minniti avait remis le 15 mai aux gardes-côtes libyens quatre vedettes réparées en Italie, dans le cadre de la coopération entre les deux pays dans la lutte contre l'immigration clandestine.
Tripoli demande à Rome d'armer les vedettes des gardes-côtes: La Libye a demandé à l'Italie… https://t.co/PkjJ8E2zgF
— Radio Douce Fm (@doucefm) 18 mai 2017
Six autres vedettes devraient être remises à la Libye prochainement, selon le ministre italien. Du côté de Tripoli, on demande maintenant de les armer.
Besoin de puissance de feu
«Ces vedettes ne sont pas équipées d'armes. Nous ne pouvons pas patrouiller avec, en présence de trafiquants de plus en plus armés», a déclaré au cours d'une conférence de presse Abdallah Toumia, haut responsable de la marine et président de la Commission mixte italo-libyenne de lutte contre l'immigration clandestine.
«Nous avons demandé à l'Italie d'armer les vedettes», a-t-il ajouté, rappelant que son pays était toujours sous le coup d'un embargo sur les armes imposé par l'ONU depuis la révolution de 2011 qui a conduit à la chute du gouvernement de Mouammar Kadhafi.
Polémique sur les navires de secours aux migrants : la diplomatie italienne y croit aussi https://t.co/tcVs0CP3Mkpic.twitter.com/cprlwwsCLe
— Michel Humbert (@mhbt30900) 29 avril 2017
«Avant la révolution, nous avions affaire à des trafiquants sans armes. Mais maintenant, nous traitons avec des bandes armées», a souligné Abdallah Toumia.
L'officier libyen a par ailleurs appelé la communauté internationale à accélérer le rythme de rapatriement des migrants interceptés ou secourus en Méditerranée et refoulés vers la Libye.
Les migrants interceptés ou sauvés par les gardes-côtes libyens sont souvent détenus dans des centres de rétention en attendant leur rapatriement.
Déjà 24 000 migrants arrivés en Italie en provenance de Libye en 2017
Le 18 mai, 120 migrants originaires d'Afrique sub-saharienne, dont 11 femmes et quatre enfants ont été sauvés par les gardes-côtes libyens au large de Garaboulli, à 60 kilomètres à l'est de Tripoli, après avoir été dépouillés du moteur de leur canot pneumatique par un groupe armé.
A l'ouest de la capitale, 463 migrants, dont 27 femmes et huit enfants, à bord d'une embarcation en bois, ont été secourus au large de la ville de Sabratah (70 kilomètres à l'ouest de Tripoli), a rapporté le général Ayoub Kacem, porte-parole de la marine libyenne.
Les migrants, dont le moteur de l'embarcation était en panne, étaient originaires de Syrie, du Maroc, de Tunisie, du Soudan, d'Egypte, du Ghana et du Bangladesh, a précisé le général Kacem.
Un procureur italien accuse certaines ONG de collusion avec les trafiquants de migrants https://t.co/LnPWTvZEHy
— Sébastien JALLAMION (@SJallamion) 24 avril 2017
Les passeurs de migrants clandestins profitent du chaos qui règne en Libye depuis la chute du gouvernement de Mouammar Kadhafi en 2011. La plupart des départs ont lieu depuis l'ouest du pays, et ont pour destination l'Italie.
Plus de 24 000 migrants sont arrivés de Libye en Italie pendant les trois premiers mois de l'année, selon le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU, contre 18 000 sur la même période en 2016.
En 2016, 181 000 migrants, dont 90% en provenance de Libye, sont parvenus en Europe via les côtes italiennes.