«La discussion est engagée à présent. Il y a des discussions et un dialogue entre des émissaires représentant [Abou Bakr] al-Baghdadi et [Ayman] al-Zawahiri», a déclaré le 17 avril le vice-président irakien, Iyad Allaoui, à l'agence Reuters. Il a précisé qu'il tenait ces informations de sources irakiennes et régionales.
Abou Bakr al-Baghdadi est le calife autoproclamé de l'Etat islamique (EI) tandis qu'Ayman al-Zawahiri est l'actuel dirigeant d'Al-Qaïda. L'EI (anciennement Etat islamique en Irak et au Levant) a été affilié à al-Qaida en Irak jusqu'en février 2014, date à laquelle les liens entretenus entre les deux organisations terroristes ont été rompus. Depuis, les deux groupes djihadistes sont rivaux et se livrent une lutte pour l'hégémonie du «djihad mondial» afin d'attirer recrues et financements.
En janvier dernier, Ayman al-Zawahiri avait d'ailleurs accusé le leader de Daesh de mentir au sujet d'Al-Qaïda. «Il [Al-Baghdadi] a proféré des mensonges sur nous, prétendant que nous ne dénonçons pas la tyrannie [...] et que nous louons [l'ancien président égyptien déchu] Mohamed Morsi», s'était indigné le successeur d'Oussama ben Laden.
Le vice-président irakien a toutefois indiqué qu'il ignorait à ce stade la forme que pourrait prendre une coopération entre Al-Qaïda et Daesh.
Daesh ne «se volatilisera pas comme par magie»
Selon l'armée irakienne, Daesh aurait perdu la grande majorité des territoires qu'il avait conquis en 2014 en Irak et ne contrôlerait plus que 7% du pays. Si l'EI a été évincé de la partie orientale de la ville de Mossoul, le groupe terroriste contrôle toujours l'ouest de la cité, les villes de Qaim, de Hawja et de Tal Afar en Irak, ainsi que Raqqa, sa «capitale» en Syrie.
De plus, selon Iyad Allaoui, une reconquête des territoires encore occupés par Daesh en Irak ne suffira pas à éradiquer l'organisation terroriste du pays. «Je ne vois pas Daesh se volatiliser comme par magie», a ainsi précisé le vice-président irakien à Reuters. «Ils demeureront cachés dans des cellules dormantes, distillant leur poison à travers le monde», a-t-il encore ajouté.
Appuyée par des bombardements de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, l'opération militaire visant à reprendre Mossoul a été lancée le 16 octobre 2016. Si les frappes aériennes ciblent les djihadistes, elles se sont également révélées mortelles pour les civils.
Dans un entretien accordé à RT, Simon Mabon, spécialiste en relations internationale et professeur à l'université de Lancaster, a d'ores et déjà prévenu que les conditions créées par les frappes aériennes de la coalition pourraient permettre un renforcement important de Daesh.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Irak, près de 400 000 civils sont encore piégés dans la vieille ville de Mossoul, occupée par les djihadistes de Daesh.