«Grand merci à Mohammed VI» : le Maroc favoriserait-il l’arrivée de migrants en Espagne ?
La vague de migrants venus du Maroc qui s'est abattue sur l'enclave espagnole de Ceuta a donné lieu à une polémique. Certains médias espagnols laissent en effet entendre que Rabat a l'intention de créer une crise migratoire en Europe.
«Grand merci à Dieu, grand merci à Mohammed VI !» Ces propos, prononcés lors de scènes de liesse qui caractérise l'arrivée des migrants à Ceuta, ont été immortalisés le 19 février.
En français, on y voit des migrants remercier «la population marocaine pour son hospitalité», «le roi Mohammed VI pour son accueil» et «le Maroc de [les] avoir formés».
Ces images ont été tournées par FaroTV Ceuta, deux jours après l'incursion de centaines de migrants dans l'enclave espagnole située en Afrique du Nord.
Polémique sur la responsabilité du Maroc
Le Maroc «autorise-t-il» les assauts sur l'enclave de Ceuta pour créer une «nouvelle crise migratoire», comme le laisse entendre le quotidien conservateur espagnol ABC ?
Le ministère marocain de l'Agriculture avait en effet prévenu le 6 février que l'Europe s'exposait à un «véritable risque de reprise des flux migratoires que le Maroc, au gré d'un effort soutenu, avait réussi à gérer».
Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol, a cependant estimé que le Maroc avait fait de son mieux pour contenir cette nouvelle vague de migrants.
«Les responsables des forces de sécurité marocaines ont fait tous les efforts possibles et je leur en suis reconnaissant», a-t-il déclaré le 20 février. «Ce qui se passe, c'est qu'il y a des batailles qui ne sont pas faciles», a-t-il poursuivi, qualifiant de «magnifique» la collaboration entre les deux pays, affirmant que les relations entre Rabat et Madrid n'avaient jamais été meilleures.
Cet avis est partagé par les organisations de soutien aux migrants marocaines, qui estiment que Rabat a une politique très ferme concernant les réfugiés. «Nous pensons que les tentatives récentes de passage des migrants par Ceuta sont surtout la conséquences de cette pression policière. Les migrants tentent de passer coûte que coûte rapidement», a confié Hicham Rachidi, membre du groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et des migrants, au site marocain Yabiladi.
Reste que la tension à la frontière est de plus en plus palpable, à tel point que l'Association Espagnole des Guardias Civiles (AEGV), organe représentant les agents de cette police espagnole bénéficiant d'un statut militaire, a publié un communiqué dans lequel elle réclame une augmentation des moyens matériels et humains (150 hommes supplémentaires) pour les gardes-frontière. Le 20 février, 15 hommes de la Guardia Civil auraient été blessés lors des assauts des migrants sur l'enclave, poursuite ce communiqué.
#Espagne : cinquante policiers blessés dans l'assaut de mille migrants sur la frontière à #Ceutahttps://t.co/7xQ2njyLftpic.twitter.com/vfkRW48PR0
— RT France (@RTenfrancais) January 2, 2017
De son côté, le Maroc dépenserait 250 millions d'euros par an pour endiguer les flux migratoires vers l'Europe, selon des chiffres obtenus par le site marocain 360.ma. En sus de ses dépenses sécuritaires, le royaume s'est engagé dans des procédures de régularisations de ses réfugiés, permettant à 16 000 personnes d'obtenir un titre de séjour en 2014. En 2016, ce sont tout autant de migrants qui ont fait une demande de régularisation.