Boris Johnson : le Royaume-Uni doit renoncer au mantra exigeant le départ de Bachar el-Assad
Alors que Theresa May s'apprête à rencontrer Donald Trump, il n'a fallu que quelques jours à la diplomatie anglaise pour faire volte-face : Bachar el-Assad pourra rester et la Russie devient un partenaire possible dans la lutte contre Daesh.
C'est un revirement à 180 degrés de la diplomatie britannique. Après le Brexit et l'arrivée au 10 Downing Street de Theresa May, son ministre des Affaires étrangères, le tonitruant Boris Johnson, continuait à suivre la ligne de Barack Obama et exigeait, tout comme de nombreux autres Etats membres de l'Union européenne, le départ du chef de l'Etat syrien Bachar el-Assad. Mais l'accession au pouvoir de Donald Trump, ouvert à la discussion concernant la Syrie, a changé la donne.
L'ancienne politique, j'en ai peur, ne suscite guère d'estime
«Je reconnais les inconvénients et les risques d'une volte-face complète consistant à soutenir les Russes et Assad», a argumenté Boris Johnson devant une commission de la chambre des Lords ce 26 janvier 2017.
#Brexit : les autorités britanniques publient le projet de loi visant à lancer les négociations avec #Bruxelleshttps://t.co/HnkAd6ft8gpic.twitter.com/hsqrtcI0wl
— RT France (@RTenfrancais) January 26, 2017
«Mais je dois aussi être réaliste sur le fait que l'environnement [international] a changé [...] et il est possible que nous devions repenser notre approche. L'ancienne politique, j'en ai peur, ne suscite guère d'estime», a poursuivi le ministre, avant de préciser : «Nous avons épousé longtemps le mantra selon lequel Assad devait partir et nous n'avons été à aucun moment en mesure de l'obtenir.»
En lieu et place de l'ancienne politique du Royaume-Uni, Boris Johnson accepte l'idée que Bachar el-Assad reste au pouvoir et puisse se présenter à des élections, quitte à ce que le scrutin se déroule sous l'égide des Nations unies.
Collaboration possible avec la Russie
Boris Johnson propose aussi un changement radical de la politique étrangère britannique envers la Russie à peine imaginable il y a quelques mois encore, Boris Johnson critiquant avec véhémence la politique étrangère russe.
Syrie : Washington et Londres menacent la Russie de nouvelles sanctions https://t.co/z1VTr0xFATpic.twitter.com/rEu8xiYte8
— RT France (@RTenfrancais) October 16, 2016
Afin de lutter efficacement contre le terrorisme en général et Daesh en particulier, Boris Johnson se dit désormais ouvert à toute «possibilité d'arrangement avec la Russie qui permette simultanément de pousser Assad vers la sortie [...] et de les rejoindre pour attaquer Daesh, ce pourrait être une façon d'avancer», a-t-il affirmé devant les Lords. «Nous ne pouvons sans cesse exclure [la Russie] et les diaboliser», a conclu Boris Johnson.
#Syrie : que suggère le projet de Constitution proposée par la #Russie ? https://t.co/YkkQEFnXdypic.twitter.com/h75TI9RkmP
— RT France (@RTenfrancais) January 26, 2017
Alignement express du Royaume-Uni sur les Etats-Unis
Pendant que l'Union européenne poursuit sur la même ligne anti-Bachar el-Assad par inertie et dogmatisme, le Royaume-Uni, plus à même de changer sa course et sur la trajectoire du Brexit, semble s'adapter plus vite au bouleversement géopolitique que constitue l'installation de Donald Trump à la Maison Blanche. Et d'en tirer les conséquences pragmatiques.
Ainsi, la diplomatie britannique semble avoir attendu l'investiture de Donald Trump pour changer d'approche sur le dossier syrien. Un renversement total : en octobre 2016, le même Boris Johnson s'affichait aux cotés du secrétaire d'Etat américain de l'époque pour exiger de nouvelles sanctions contre la Russie et la Syrie.
«Nous n'aurions pas dû aller en #Irak» : les propos chocs de #DonaldTrump à la télévision américaine https://t.co/SNZbg3Ybtqpic.twitter.com/0hSWNvIyws
— RT France (@RTenfrancais) January 26, 2017
Les déclarations du ministre britannique des Affaires étrangères interviennent à la veille de la visite de Theresa May à Washington, le 27 janvier 2017. Cette dernière est le premier chef de gouvernement que Donald Trump a invité, moins d'une semaine après son investiture. Une visite lourde de symbole alors que le Premier ministre a réaffirmé son intention de sortir de l'Union européenne par un «hard brexit».
Alexandre Keller
Lire aussi : Le gouvernement britannique publie son projet de loi sur le déclenchement du Brexit