Bachar el-Assad : «Vous ne pouvez pas avoir de soutien populaire si vous tuez vos citoyens»

Bachar el-Assad : «Vous ne pouvez pas avoir de soutien populaire si vous tuez vos citoyens» Source: Reuters
Bachar el-Assad a répondu aux questions de RTL ce lundi 9 janvier, revenant notamment sur le rôle de la France dans le conflit syrien
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Interviewé par RTL, le président syrien Bachar el-Assad a réaffirmé sa volonté d'«éradiquer le terrorisme» en Syrie. Evoquant la Libye, il a rejeté toute leçon en matière de droits de l'homme de la part de la France.

«Vous ne pouvez pas avoir de soutien populaire si vous tuez vos citoyens» a affirmé le président syrien au micro de RTL, ce lundi 9 janvier. «Je n’ai jamais entendu parler, dans l’histoire, de bonne guerre. Toutes les guerres sont mauvaises», a-t-il ajouté, déplorant le «bain de sang» dans lequel a été plongé son pays. «Il est très douloureux, pour nous, Syriens, de voir une partie notre pays détruite», a-t-il ajouté. 

Rappelant que «son devoir» était de «libérer les civils de ces quartiers terroristes», il a posé la question : «Est-il mieux de les laisser sous leur pouvoir, avec des décapitations, des exécutions ?» Répondant à une question sur la libération de la ville d'Alep au terme d'une longue bataille entre les groupes rebelles et l'armée syrienne, il a affirmé qu'il ne considérait pas cette étape «comme une victoire», réaffirmant son objectif principal : «éliminer les terroristes» et «libérer chaque centimètre carré» du pays, alors que «plus de cinq millions de Syriens sont privés d'eau», a-t-il rappelé, depuis que «les rebelles se sont emparés des puits alimentant Damas afin d'asphyxier la ville».

«La France est un Etat aveugle»

Rappelant que la France n'entretenait plus de relation avec la Syrie, Bachar el-Assad a regretté cette attitude, caractéristique selon lui d'un «Etat aveugle». «Comment pouvez-vous prétendre élaborer une politique envers une région du monde si vous ne voulez pas voir ce qui s'y passe ?», a-t-il demandé.

Interrogé sur les crimes imputés par l'Occident aux forces armées syriennes contre la population civile, Bachar el-Assad a constaté qu'il «ne serait plus président» si tel avait été le cas. 

La question des droits de l'homme lui a donné l'occasion d'évoquer le rôle de la France, rappelant l'action de cette dernière en Libye. «Si on parle de la France, attaquer la Libye, cela faisait partie des droits de l’homme ?», a-t-il demandé. Selon lui, la France «n'est absolument pas en position de discuter de cela avec le moindre pays du monde».

Bachar el-Assad a néanmoins tenu à saluer la présence, le même jour, d'une délégation française venue s'entretenir avec lui et composée des députés Thierry Mariani, Jean Lassalle et Nicolas Dhuicq. Soulignant «l'importance» de ce genre de rencontres, il a dit avoir «espoir» que leur voix soient entendues en France. «Ces délégations sont les yeux de l'Etat : il ne dépend que de lui, désormais, d'accepter de voir les faits», a-t-il déclaré.

La vision portée par François Fillon est «bienvenue»

«Sa vision concernant les terroristes, ou disons la priorité du combat contre le terrorisme, sans ingérence dans les affaires des autres pays, est bienvenue», a déclaré le président syrien au sujet de François Fillon. Interrogé sur le programme de ce dernier, qui prône un retour au dialogue avec Damas, Bachar el-Assad a précisé n'avoir aucun contact avec le vainqueur de la primaire de la droite.

Prenant soin de distinguer «les déclarations et les actes», le président syrien a estimé que l'enjeu majeur pour la France était de «se confronter à la réalité». «La question pour les Français est : après six ans, vous sentez-vous davantage en sécurité ? Je ne crois pas que la réponse soit positive», a-t-il déclaré, allant plus loin encore dans son analyse de la situation en France : «Le problème de l'immigration a-t-il amélioré votre situation ? Je ne crois pas non plus», a-t-il ajouté.

Autre dirigeant politique dont l'accession au pouvoir est perçue de manière favorable par Bachar el-Assad : Donald Trump. Le président syrien espère que de meilleures relations entre les Etats-Unis et la Russie auront un impact sur la situation au Moyen-Orient. 

«Les citoyens français doivent chercher les vraies informations par eux-mêmes»

Alors qu'on lui demandait quel message il souhaitait adresser aux Français, Bachar el-Assad a distingué le message qu'il adresse aux dirigeants français et celui qu'il souhaite livrer aux citoyens. Dans le cas du premier, le président syrien a exprimé le désir de voir les gouvernants français «œuvrer dans l'intérêt du peuple syrien». En outre, selon lui, ces dernières années, la «politique française a nui aux intérêts français» dans la région.

S'adressant aux citoyens français, Bachar el-Assad leur a enjoint de «chercher la vérité, à chercher les vraies informations par eux-mêmes et grâce aux médias alternatifs». Le président syrien estime en effet que la guerre syrienne aura signé «l'échec des médias de masse en Occident». «Le récit qu'ils ont élaboré a été explosé face à la réalité», a-t-il estimé, précisant que si les citoyens français étaient mieux informés, ils pourraient faire en sorte «ne pas permettre que certains politiciens fondent leur politique sur des mensonges».

A Astana, le gouvernement syrien est prêt à «discuter de tout»

Bachar el-Assad a également indiqué que la délégation syrienne était prête pour les négociations qui auront lieu sous l'égide turco-russe à Astana, au Kazakhstan, et qui auront pour objectif de parvenir à trouver une issue au conflit syrien qui dure depuis plus de 6 ans. «Nous sommes prêts à discuter de tout, d'absolument tout, car nous sommes ouverts à toutes propositions et il n'y a pas de limites aux négociations», a souligné le président syrien. 

«Mais qui sera présent de l'autre côté ?», s'est interrogé le président syrien, «nous ne le savons pas encore» s'est-il inquiété. La question des interlocuteurs demeure en effet centrale à quelques jours de l'ouverture des négociations qui débuteront le 23 janvier prochain. Réaffirmant son souci de négocier avec les «véritables rebelles syriens», Bachar el-Assad a rappelé que ceux-ci ne devaient pas être «des émissaires saoudiens, français ou britanniques». Selon lui, «la viabilité, ou disons le succès de ces pourparlers, dépendront de ce point».

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