Les eurodéputés se sont exprimés le 23 novembre en faveur d'une résolution appelant les pays de l'Union à «répondre à la guerre de l'information menée par la Russie et les terroristes islamistes avec des messages plus positifs, de la sensibilisation et de l'éducation grâce à des textes informatifs».
304 députés ont soutenu la résolution, 179 ont voté contre, alors que 208 se sont abstenus.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré regretter une résolution qui révèle «une dégradation politique de l'idée de démocratie» en Occident et pointé la contradiction, selon lui, entre le fait que tandis que «tout le monde fait la leçon» à la Russie en matière de démocratie, les législateurs européens eux-mêmes ont recours à une politique de restrictions. «Pas la meilleure façon» de procéder pour résoudre les problèmes, a ajouté le chef d'Etat russe.
La porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova s'est elle aussi exprimé sur le sujet, dénonçant avec verve la résolution controversée. «C'est un crime, lorsqu'on se trouve dans une situation de menace terroriste réelle, de fondamentalisme, ou encore quand le nationalisme et la xénophobie sont en expansion, de détourner l'attention de la communauté internationale sur un autre sujet», a-t-elle indiqué à la presse.
«Une hystérie ridicule et folle» : la Russie placée sur le même plan que l'Etat islamique par les eurodéputés
Lors d'une séance plénière ayant précédé le vote, un rapport présenté par un député polonais, Anna Fotyga, affirmait que la Russie avait pour but d'«inciter à la peur et à diviser l'Europe», tout comme les organisations terroristes. Y sont dénoncées les «pseudo-agences de presse» telles que Russia Today, présentées comme les outils de la «propagande russe».
«Cela commence à être ridicule lorsqu'un rapport met sur un même plan la menace venant de l'Etat islamique, et de la Russie. Cela démontre que les gens ont perdu l'esprit et leur rapport à la réalité», a déclaré l'eurodéputé français Jean-Luc Schaffhaueser à RT.
«Nous sommes chanceux qu'il existe des médias russes et d'autres médias afin de pouvoir contrer la propagande officielle. En Europe, les institutions, le parlement, se refusent à voir l'évidence, à voir la vérité», a-t-il ajouté.
Durant le débat, le député espagnol Javier Couso Permuy a dénoncé ce rapport comme étant une «insulte à l'intelligence des européens». «Ce rapport est fou. Il propage l'hystérie anti-russe et le néo-Maccarthysme en Europe», a-t-il affirmé. «C'est un rapport dangereux [qui] met sur un même plan des groupes terroristes comme Daesh diffusant des vidéos de torture et d'exécution avec un état membre du Conseil de Sécurité. C'est une attaque contre la liberté de l'information», a-t-il conclu.
«La résolution attaque directement un certain nombre de sources réputées, dont Sputnik, et a pour objectif de les empêcher de travailler dans l'Union Européenne. Pire, la résolution contrevient directement aux règles de l'UE concernant les droits de l'homme et la liberté de la presse, telles que l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l'article 11 de la charte européenne des droits fondamentaux, et la résolution du 11 décembre 2012 concernant le développement de la liberté digitale au sein de l'Union», a-t-elle écrit dans sa missive.
Ce n'est pas la première fois que des institutions occidentales mettent à égalité l'Etat islamique et la Russie dans les phénomènes à combattre. En juillet 2015, c'est le Pentagone qui avait, dans un rapport sur sa stratégie militaire à adopter dans les années à venir, établi que le terrorisme et l'influence russe devaient mobiliser leurs efforts afin de sauvegarder les intérêts américains.
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