Brésil : l'architecte de la destitution de Dilma Rousseff placé en détention provisoire
La police brésilienne a arrêté le 19 octobre l'ancien président du Congrès des députés Eduardo Cunha, grand artisan de la destitution de la présidente de gauche, Dilma Rousseff, et impliqué dans le scandale de corruption Petrobras.
L’arroseur arrosé ? Alors qu’Eduardo Cunha, membre du parti centriste PMDB du président Michel Temer, s’était signalé en menant la fronde qui a mené à la destitution de l’ancienne présidente Dilma Rousseff, ce dernier a été arrêté le 19 octobre à Brasilia. Un porte-parole de la police a confirmé l’information sans donner plus de précisions.
Selon les enquêteurs, le député évangélique ultra-conservateur de 58 ans est accusé d'avoir «menti» à ses pairs en niant être le titulaire de comptes bancaires en Suisse. Ces derniers auraient été alimentés par des millions de réals brésiliens issus de pots-de-vin versés en marge de contrats de Petrobras, le géant pétrolier national.
Brazil impeachment leader Eduardo Cunha arrested in corruption probe https://t.co/D3zD3g0bmXpic.twitter.com/fv0KU21vST
— The Globe and Mail (@globeandmail) October 19, 2016
Le juge Sergio Moro, en charge de la tentaculaire enquête de corruption autour du géant étatique pétrolier Petrobras, est à l’origine de cette arrestation. Il a demandé le placement en détention provisoire de l’homme politique brésilien. Le juge Moro a sollicité la prison «préventive et pour une durée illimitée». Il affirme que laisser Eduardo Cunha en liberté représenterait un risque pour «l'instruction du procès, à l'ordre public, ainsi qu'une possibilité concrète de fuite en raison de la disponibilité de ressources occultes à l'étranger et de sa double nationalité (brésilienne et italienne)».
Le prévenu sera transféré dans le sud du pays, à Curitiba, afin de rester à disposition du juge.
De la lumière aux ténèbres
La chute est rude pour cet homme politique chevronné, encore tout puissant il y a quelques mois. Les ennuis avaient débuté pour lui le 5 mai alors qu’il était suspendu de ses fonctions de président de l'Assemblée par le Tribunal suprême fédéral (STF). Mais loin de se laisser abattre, il n’avait quitté le devant de la scène politique que le 13 septembre. in fine, l’écrasante majorité de députés ayant cassé son mandat de parlementaire ne lui a pas vraiment laissé le choix. Et de fait, il a perdu l’immunité qui le protégeait du juge Moro.
Accusé de corruption, le rival de #DilmaRousseff responsable de sa destitution démissionne https://t.co/qNZYq5mECNpic.twitter.com/mAXtdqvDF5
— RT France (@RTenfrancais) July 8, 2016
Avant cette descente aux enfers, Eduardo Cunha était un personnage très influent de la vie politique brésilienne. Il est connu pour avoir fédéré les secteurs les plus conservateurs du Parlement. Il incarnait l’aile dure du Parti du Mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre droit) de l'actuel président Michel Temer. C’est ce dernier qui a succédé fin août à Dilma Rousseff.
Eduardo Cunha est l’homme qui a déclenché la procédure controversée de destitution de l’ancienne présidente en décembre 2015. Une décision en forme de représailles au vote des députés du Parti des travailleurs (PT, gauche) en faveur de son propre renvoi devant la Commission d'éthique du Parlement.
#Brésil: "Ma destitution est un coup d'état" A lire notre interview exclusive Dilma #Roussefhttps://t.co/ImnOLsfEGppic.twitter.com/wWaSvmZfHV
— RT France (@RTenfrancais) May 19, 2016