Suicide du terroriste présumé en Allemagne : «un véritable scandale d’Etat»
Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre en Allemagne après le suicide de Jaber Albakr, l'homme interpellé le 10 octobre alors qu’il projetait de commettre un attentat dans un aéroport de Berlin.
Incompréhension, indignation, suspicions... alors que ses tendances suicidaires étaient connues de l'administration pénitentiaire, le suicide du jeune Syrien, pourtant placé sous surveillance permanente, secoue la classe politique allemande.
Le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière a déclaré à la chaîne ZDF que ce qui s’était produit exigeait des explications rapides et approfondies des autorités locales, pointant explicitement du doigt la responsabilité des autorités de la région de Saxe, qui étaient en charge de la détention et de la surveillance du prévenu.
Jusqu'au sommet de l'Etat, c'est l'incompréhension qui domine. «Mais que se passe-t-il ?», s'interroge Manuela Schesig, ministre de la Famille, tandis que le député social-démocrate Niels Annen, spécialiste des questions de défense, a déclaré rester «sans voix» au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Was ist da los?!Terrorverdächtiger von Chemnitz: Albakr hat in Haft Suizid begangen - SPIEGEL ONLINE https://t.co/F0VeLamUtT
— Manuela Schwesig (@ManuelaSchwesig) 12 octobre 2016
Du côté de l'opposition, le parti de gauche radicale Die Linke réclame des explications. Katja Kipping, dirigeante du parti, exige la démission du ministre de la Justice de Saxe, qualifiant l'événement de «honte pour un Etat de droit» dans une déclaration à l'agence de presse DPA.
Rico Gebhardt, chef du parti en Saxe, va plus loin : «Si un prisonnier, en dépit d'une supposée surveillance continue, parvient à se pendre, alors c'est un véritable scandale d'Etat», allant jusqu'à évoquer une «défaillance de l'Etat [de Saxe]».
.@ricogebhardt zum #Albakr-Suizid: "Justizskandal und Staatsversagen". pic.twitter.com/KpdP65Sfpb
— DIE LINKE. Sachsen (@linke_sachsen) 13 octobre 2016
Les zones d'ombres de l'enquête sèment le doute
Le jeune Syrien de 22 ans était parvenu à fuir son appartement juste avant l'intervention des policiers dans la ville de Chemnitz, le 8 octobre. Après deux jours de cavale, il avait finalement été livré aux autorités par des réfugiés syriens chez qui il s'était caché.
C'est sur ces trois hommes, tout d'abord célébrés en héros, que planent désormais de très lourds soupçons. Comme le rapportent plusieurs journaux outre-Rhin, dont l'édition en ligne de Focus, Albakr les aurait dénoncés comme complices quelques temps avant de se donner la mort. Ces informations n'ont pour l'instant pas été confirmées par les autorités en charge de l'enquête.
Konstantin von Notz, représentant du parti des Verts au parlement, déplore ainsi que «ce suicide prive l'enquête d'une source inestimable de renseignements» au micro de la radio Deutschlandfunk.
«Ceux qui ont permis ce suicide bloquent les explications quant aux commanditaires de l'attentat. Qui donc fait du nettoyage en Saxe ?», peut-on encore lire sur le compte Twitter de Fabio De Masi, député de la Gauche européenne.
Wer Suizid von #Albakr zulässt verhindert Aufklärung von #Terror und Hintermänner. Wer räumt da mal auf in #Sachsen ?
— FabioDeMasi (@FabioDeMasi) 13 octobre 2016