L'Occident s'inquiète pour les exportations du pétrole libyen
- Avec AFP
Le 10 août, six pays occidentaux ont exprimé leur préoccupation à propos de la montée des tensions entre les forces du général Haftar opposé au GNA et les gardes des installations pétrolières, qui pourraient nuire à l'infrastructure libyenne.
Dans une déclaration conjointe, les pays occidentaux (Allemagne, Espagne, Etats-Unis, France, Italie et Royaume-Uni) ont déclaré soutenir «le Gouvernement d’Union nationale pour ses efforts à résoudre pacifiquement les perturbations des exportations énergétiques de la Libye».
Ces six pays «appellent toutes les parties à s'abstenir de tout acte d’hostilité et à éviter toute action susceptible d’endommager ou de perturber les infrastructures énergétiques de la Libye».
Ils expriment en particulier «leur préoccupation face à la tension croissante signalée près du terminal de Zueitina», l'une des principales infrastructures pétrolières sur la côte est du pays, située dans la zone dite du «croissant pétrolier», à environ 100 kilomètres au sud-ouest de la ville de Benghazi.
Les forces fidèles au général Khalifa Haftar, basées dans l'est libyen et opposées au GNA, menacent d'intervenir à Zueitina, actuellement pour l'essentiel sous le contrôle d'une faction rivale, les Gardes des installations pétrolières (GIP).
Le GNA a annoncé son intention de reprendre les exportations de brut libyen, à l'arrêt depuis plusieurs mois à cause de divergences politiques et d'attaques jihadistes.
Mais ces réexportations sont contestées par les autorités parallèles de l'est du pays, soutenues par l'armée nationale libyenne (ANL) du général Haftar.
Le 26 juillet, ses forces ont menacé de «frapper» les pétroliers en transaction avec l'autorité de Tripoli, et mobilisé des dizaines de blindés depuis la ville d’Ajdabiya (900 kilomètres à l'est de Tripoli), proche de Zueitina.
Les GIP y voyant une tentative de mainmise sur les terminaux pétroliers qu’ils contrôlent depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011, ont, en réponse annoncé leur ferme intention de les défendre.
«Nous sommes prêts à combattre [les forces de Haftar] et nous ne leur permettrons pas de contrôler les ports», a déclaré à l'AFP Ali al-Hassi, porte-parole des GIP.
Inquiète d’un «affrontement imminent», la Compagnie nationale de pétrole (NOC), basée à Tripoli, a exhorté dimanche les deux parties à épargner les infrastructures.
«Les deux parties seront tenues responsables devant le peuple libyen de la préservation» du terminal, a mis en garde Mustafa Sanallah, directeur de la NOC.
Il a exhorté «les deux parties à la retenue et à éviter toute action susceptible d’endommager l'infrastructure du port [de Zueitina], y compris en utilisant les installations pétrolières comme bouclier ou de poser des mines et des explosifs».
En janvier, les GIP avaient repoussé une tentative d'incursion du groupe jihadiste Etat islamique dans le terminal, près de Ras Lanouf.
Devant ces nouvelles tensions, les six pays «expriment leur soutien au GNA pour les efforts qu’il a déployés afin de trouver une solution pacifique aux perturbations touchant les exportations énergétiques de la Libye».
«Il est dans l’intérêt de tous les Libyens d’apporter leur plein soutien aux efforts menés par le GNA pour fournir ces services de base au peuple libyen», ajoute la déclaration conjointe, qui juge «cruciale» la reprise des exportations de pétrole.
A la tête de l'autoproclamée «Armée libyenne nationale» (ALN) présente à l'Est du pays, le général Khalifa Haftar s'oppose à l'Etat Islamique mais aussi au gouvernement de Fayez al-Sarraj reconnu par la communauté internationale, installé à Tobrouk .
La Libye est ainsi complètement divisée : l'Ouest du pays est aux mains des milices islamistes de «l'Aube de la Libye» qui sont présentes notamment à Tripoli, tandis que Syrte et sa région son contrôlées par l'Etat Islamique.