Libye : les Occidentaux soutiendraient-ils des troupes concurrentes aux forces gouvernementales ?
Des enregistrements de conversations entre des avions des avions de chasses libyens et leurs bases révéleraient une implication des forces occidentales dans les opérations militaires du général Haftar, un opposant au gouvernement de Tobrouk.
«Il semble clair que les forces occidentales aident les troupes de "l'Armée libyenne nationale" du général Haftar à combattre dans l'Est du pays, via une base interarmées. Mais il est beaucoup moins certain que la cible des opérations soient l'Etat Islamique" a déclaré Karim el Bar, journaliste à Al Jazzera qui a révélé cette informations. «Les cibles de ces attaques sont probablement d'autres groupes armés adversaires de l'ALN».
Des conversations entre les pilote libyens et les contrôleurs aériens de la base aérienne de Benina ont été diffusée par la chaîne qatarie. On peut entendre des pilotes et des responsables de la base de Benghazi, à l'Est du pays échanger en arabe et en anglais, mais avec de forts accents anglais, français et italiens pour certain interlocuteurs.
Une Libye morcelée
A la tête de l'autoproclamée «Armée libyenne nationale» (ALN) présente à l'Est du pays, le général Khalifa Haftar s'oppose à l'Etat Islamique mais aussi au gouvernement reconnu par la communauté internationale en poste à Tobrouk de Fayez al-Sarraj.
La Libye est complètement morcelé: l'Ouest du pays est aux mains des milices islamistes de «l'Aube de la Libye» présentes notamment à Tripoli, tandis que Syrte et sa région est contrôlée par l'Etat Islamique.
A l'Est, le gouvernement reconnu par la communauté internationale est en poste à Tobrouk, mais il est concurrencé sur le terrain par les troupes du général Haftar.
Ancien officier du général Kadhafi puis opposant à celui-ci, le général Haftar vécu réfugié aux Etats-Unis pendant près de 20 ans. Revenu en Libye en 2011 lors de la chute de Mouammar Kadhafi, il fut d'abord l'un des chefs militaires du Conseil national de transition. Mais les dissensions politiques et stratégiques entre le gouvernement officiel libyen et le général Haftar finissent par provoquer une rupture entre les deux camps.
Aujourd'hui, l'ancien officier de Kadhafi est à la tête d'une armée d'environ 15 000 hommes. Il a multiplié les offensives militaires à l'Est de la Libye contre la présence des milices islamistes et de Daesh. Après avoir chassé les islamistes de Benghazi et de la plupart des régions de l'Est du pays, les troupes du général Haftar cherchent à reprendre la ville de Syrte à l'Etat Islamique avant les troupes du gouvernement de Tripoli de Fayez al-Sarraj. Une véritable course de vitesse entre deux forces concurrentes.
Ces communications révélées par Al-Jazeera sont donc quelques peu gênantes pour la diplomatie occidentale. Officiellement, la communauté internationale ne reconnaît et ne soutien que le gouvernement et l'armée de Fayez al-Sarraj basée à Tobrouk. Mais avec les conversations diffusée sur la chaîne qatarie, il semblerait que les occidentaux fournissent aussi une aide militaire aux forces du général Haftar. Les occidentaux s'apprêteraient-ils à changer d'alliance en Libye ?