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«Appuyez sur A pour waterboarder» : Un jeu vidéo qui permet de torturer des prisonniers irakiens

Positions de stress, réhydratation rectale...avec ce jeu vidéo, il est possible d'infliger aux prisonniers irakiens les mêmes techniques de torture infligées par la CIA dans ses prisons secrètes sous l'administration Bush.

Cauchemar de tout prisonnier dans la vraie vie, la torture est désormais un jeu. Un jeu dans lequel votre rôle d'agent des services américains employé à la prison de Bucca dans le sud de l'Irak consiste à interroger des prisonniers, par tous les moyens nécessaires et à votre disposition. 

Les créateurs de ce simulateur, qui est encore en développement, veulent instiller un malaise chez leurs utilisateurs pour leur faire prendre conscience de la réalité des sévices infligés. 

Vous pouvez ainsi électrocuter, «waterboarder», priver de sommeil vos prisonniers cagoulés et vêtus d'uniformes jaunes, voire les tuer s'ils ne se montrent pas assez coopératifs. 

Quand la fiction rejoint la réalité 

Afin de rendre le jeu aussi réaliste que possible, les créateurs se sont inspirés des rapports de la Croix-Rouge sur les conditions de détention des prisonniers américains, mais aussi du rapport du Sénat américain sur la torture, reprenant ses expressions visant à minimiser les sévices. 

Les développeurs affirment par ailleurs vouloir donner aux joueurs la possibilité de changer les prisonniers de cellules et de gérer leurs affectations dans la prison, afin de souligner le rôle des camps de prisonniers américains dans la radicalisation des terroristes.

Le choix du camp de Bucca n'est pas anodin : surnommé «berceau du groupe terroriste Etat Islamique» et souvent présenté comme l'incubateur du groupe terroriste, c'est dans cette prison qu'Abou Bakr al-Baghdadi a été emprisonné cinq ans et où il a probablement établi les connections nécessaires pour fonder l'Etat islamique. En six ans, cette prison a accueilli au moins neuf cadres de Daesh.

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Polémique

Conscients de la polémique que peut susciter ce jeu sur la torture en Irak, ses créateurs, cinq jeunes diplômés, préfèrent rester anonymes. 

Ce n'est pas la première fois qu'un jeu met en scène un épisode tragique de l'Histoire, en donnant au joueur la possibilité d'y prendre part. En 2013, le célèbre créateur de jeux vidéos Brenda Romera avait mis au point un jeu sur l'esclavage. 

Plus récemment, un jeu sur l'Holocauste créé par l’école d’informatique espagnole Trinit et intitulé «Campo di Auschwitz Online», proposait aux fans de jeux virtuels de se mettre dans la peau d’un juif déporté dans le tristement célèbre camp d’extermination. Notée 3,1 étoiles sur 5, l’application était assortie de commentaires surréalistes d’internautes, dont un se plaignait qu’il fallait vider toutes les vingt minutes les cendres des fours crématoires. Ayant provoqué un scandale, le jeu a finalement été retiré.

La violence est rentable : en 2015, le revenu mondial généré par le jeu vidéo s’élève à 91,5 milliards de dollars et pourrait atteindre 118,6 milliards en 2019. Les jeux de guerre sont parmi les les plus prisés. Le célèbre Call of Duty, s'est vendu à 250 millions d’exemplaires dans le monde depuis sa première version. Le dernier volet en date, carton de l’année 2015, Call of Duty Black Ops 3, a engrangé 550 millions de dollars de recette, dès les trois premiers jours de sa commercialisation.