Des milliers de policiers déployés à Odessa à l’occasion de l’anniversaire du massacre du 2 mai
L’Ukraine a déployé 3 000 policiers à Odessa à l’occasion de l’anniversaire du massacre perpétré le 2 mai dans la ville portuaire. Il y a un an, la tragédie a emporté la vie de 48 personnes coincées dans un bâtiment incendié.
Le champ Kulikovo à Odessa, où les affrontements sanglants se produits il y a un an, a été bouclé vendredi. Les gens désirant déposer les fleurs devant la Maison des syndicats où des dizaines de militants avaient trouvé la mort ont dû passer des détecteurs de métaux.
Les rues sont patrouillées par 2 600 policiers tandis que 600 hommes des forces spéciales restent en alerte, a informé le ministre de l’Intérieur. Des volontaires non armés ont été aussi appelés à Odessa.
«La présence policière ne sera pas de trop ici. C’est une démonstration de notre présence et de notre force à ceux qui veulent secouer la situation à Odessa. Un policier sera disposé sur chaque mètre carré», a indiqué à la presse Ivan Katerhinchuk, chef de la police d’Odessa.
Plutôt dans la journée, les brigades policières détachées d’autres régions et leurs collègues locaux se sont réunis devant le bâtiment. Une caméra de vidéosurveillance montre des dizaines de camions et de voitures de patrouille stationnés en file et des colonnes de forces de police défilant dans les rues.
Les proches des victimes du massacre, dans l’ensemble, préfèrent se tenir à l’écart de la politique.
«Je n’assiste pas aux rassemblements. C’est une décision personnelle. Mon frère et mon père sont morts. Quant à la question de savoir ce qui s’est passé et quelles forces politiques étaient impliquées, nous ne nous en soucions pas. La sécurité de notre famille passe avant tout pour nous», a expliqué Aleksandr Neogarov à RT.
#Odessa was the most horrifying experience of my career. Possibly, my life pic.twitter.com/da4Zuwzm7Y
— Irina Galushko (@IrinaGalushkoRT) May 2, 2015
Les cérémonies de commémoration des morts du 2 mai dernier à Odessa l’année se sont passées comme prévues. La foule s’est rassemblée devant la Maison des syndicats pour lâcher des ballons noirs et des colombes en mémoire des victimes.
D’après TASS, les participants ont aussi chassé une équipe de télévision, en l’accusant de couverture partiale. Un évènement progouvernemental affichant des slogans anti-séparatistes a eu lieu dans d’autres quartiers de la ville. Les autorités régionales ont assisté aux deux rassemblements.
Des commémorations ont aussi été organisées en Australie, en Pologne, en Irlande, en Suisse, au Maroc, en Russie et dans les villes occupées par les insurgés de Donetsk et de Lougansk. Un monument commémoratif d’Odessa s’est ouvert dans la ville italienne de Ceriano Laghetto. De plus, les autorités de la ville ont nommé une des places de la ville en l’honneur des martyrs d’Odessa.
Autorités de la ville ital. Ceriano Laghetto ont nommé une des places de la ville en l’honneur des martyrs d’Odessa pic.twitter.com/KDg7zG9WZ1
— ГК РФ в Женеве (@RusConsulGen) 5 февраля 2015
Deux mille personnes ont défilé dans les rues de Kiev en mémoire de la tragédie. Les organisateurs ont insisté pour que cet évènement soit non politique mais les manifestants portaient quelques portraits de personnalités d’opposition tels que le journaliste Oles Bouzina ou l’ancien député Oleg Kalashnikov qui ont été assassinés le mois dernier.
Un jour tragique dans l’histoire d’Odessa
La tragédie d’Odessa il y a un an exactement, dans la Maison des syndicats, située à quelques blocs du quartier grec où les premiers affrontements se sont déclarés et les premières victimes ont été signalées. La foule a tout d’abord détruit une tente établie dans le quartier devant la Maison des Syndicats puis ont mis le feu au bâtiment où des dizaines de militants se cachaient, craignant d’être agressés.
Ce sombre épisode dans l’histoire d’Odessa et de toute la nation ukrainienne a suivi les événements de l’hiver 2014 en Ukraine. Le pays a été fracturé entre ceux qui soutiennent le nouveau gouvernement de Kiev et ceux qui ne l’ont pas reconnu comme pouvoir légitime. Les partisans des deux camps sont descendus dans les rues d’Odessa pour exprimer leurs opinions de différentes manières. Personne n’attendait cependant une telle explosion de la situation.
Ce qui est encore plus tragique, c’est que ceux qui ont réussis à s’extirper du bâtiment n’étaient pas au bout de leurs peines. Igor Nemodruk qui a survécu au massacre, a indiqué dans son interview à RT que les militants ont aussi été agressés à l’extérieur de la Maison des syndicats.
«Nous avons vu les gens tomber, et sauter par la fenêtre sur le pavé. Des gens s’approchaient d’eux et les frappaient à la tête en criant “vive l’Ukraine”, a expliqué Igor Nemodruk, survivant du massacre, à RT, tout en montrant une vidéo où la foule passait à tabac Igor et d’autres. «Il y avait toutes sortes de personnes là-bas, certains nous battaient, d’autres regardaient et souriaient, sans oublier ceux qui filmaient», a-t-il poursuivi.
L’enquête qui a été ouverte suite au massacre, pour l’instant, n’a débouché sur aucune poursuite, malgré les déclarations du Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk qui a promis de punir les responsables.
Le ministre russe des Affaires étrangères, à son tour, s’est adressé plusieurs fois à l’ONU, à l’OSCE et aux autorités ukrainiennes pour demander une enquête internationale afin d’établir ce qui s’est exactement passé et faire la lumière sur les causes du massacre. Moscou se dit préoccupée par l’absence de progrès dans l’enquête.
«Nous exprimons l’inquiétude qu'en un an, le système judiciaire ukrainien n’a pas pris de mesures concrètes vers une enquête objective, indépendante et impartiale de ce crime horrible afin de traduire les responsables en justice», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans une déclaration.
En savoir plus : Kiev ne prend pas de mesures concrètes pour enquêter sur le massacre d’Odessa
Selon un rapport de l’ONU sur la tragédie du 2 mai 2014 à Odessa, la marche «pour l’unité de l’Ukraine» s'est terminée par des affrontements sanglants entre les militants de Secteur droit et les anti-Maïdan. Ces derniers se sont barricadés dans la Maison des syndicats que les partisans de l’Euromaïdan ont incendiée à l’aide de cocktails Molotov. L’incendie a coûté la vie à 48 personnes. Selon les informations du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme de l’ONU, des manifestants «pour l’unité de l’Ukraine» ont également passé à tabac des partisans de la fédéralisation alors qu’ils tentaient de s’échapper du bâtiment gagné par les flammes.