Allemagne: «explosion» des chiffres sur la violence politique en 2015 sur fond de crise des réfugiés
La violence politique a explosé en 2015, rapporte le ministre allemand de l'Intérieur. L'extrême droite a multiplié les attaques contre les foyers d'accueil des réfugiés tandis que l'extrême gauche a répondu par d’autres violences.
Près de 39 000 crimes politiquement motivés ont été commis en 2015, a révélé le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizières, une hausse d'au moins 19% par rapport à 2014. Une majorité de ces crimes, 23 000, ont été commis par l'extrême droite, en hausse de 34%. Pendant ce temps, 9 600 de ces crimes ont été attribués à l'extrême gauche, une hausse de plus de 18% par rapport à 2014.
Les actes sans violence physique, comme par exemple des graffitis, le déploiement de bannières nazies ou l'incitation à la haine, constituent l'essentiel des infractions, selon les statistiques du ministère de l'Intérieur. «La thématique des réfugiés est bien sûr au coeur de la criminalité motivée politiquement», a souligné le ministre, Thomas de Maizière, présentant devant la presse un bilan de la criminalité en Allemagne.
Près de 23 000 délits ont été attribués au total à l'extrême droite (+35%) en 2015
La police a enregistré 4 400 crimes politiques violents en 2015, soit une augmentation de 30%. Parmi ces crimes, 20 ont entraîné l'ouverture d'enquêtes pour tentative d'assassinat, plusieurs des cibles étant des agents de police et des réfugiés. Les chiffres de la criminalité ont également montré que les attaques contre les maisons de réfugiés ont été 5 fois plus nombreuses en 2015 qu'en 2014. L'année dernière, il y a eu 199 cas enregistrés, mais en 2015 ce chiffre a bondi à 1 031.
Sont inclus dans cette catégorie de crimes, l'inscription de croix gammées et d'autres symboles néo-nazis sur les murs de centres de réfugiés, ainsi que les incendies criminels. Selon le ministère de l'Intérieur, la plupart des personnes reconnues coupables de ces crimes étaient des hommes âgés entre 18 et 30 ans, vivant à proximité des centres de réfugiés et qui n'ont jamais été reconnu coupable d'un crime avant.
«Un recul des chiffres de la criminalité politique n'est pas à attendre en 2016 malheureusement. D'ores et déjà au premier trimestre, 347 délits contre des foyers de réfugiés ont été enregistrés», a indiqué Thomas de Maizière, sans donner de détail sur leur nature.
Le ministre a aussi dressé un portrait des suspects d'extrême droite. Ils sont dans 90% des cas des hommes, sont âgés de 18 à 30 ans dans le trois-quarts des cas, et 44% d'entre eux étaient jusqu'alors inconnus des services de police. Les infractions d'extrême gauche ont aussi connu une forte augmentation en 2015 avec quelques 9 600 délits (+18,3%) dont 2.246 actes de violences (+34,9%) commis dans la plupart des cas contre des adversaire politiques ou des policiers.
Lire aussi : Les ventes d'armes non-létales explosent en Bavière