Irlande : Kevin McGeever, l’escroc des millionnaires retrouvé sans-abri au bord d'une route

Irlande : Kevin McGeever, l’escroc des millionnaires retrouvé sans-abri au bord d'une route© Capture d'écran
Kevin McGeever
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En prenant ce vieil homme sale et fatigué dans sa voiture, Catherine Vallely ne pensait pas qu'elle avait en fait affaire à Kevin McGeever, recherché tout à tour aux Etats-Unis et à Dubaï pour des arnaques portant sur des millions de dollars.

«Il nous a dit qu'il avait été jeté hors d'un fourgon. Il ressemblait à un clochard. Je pensais qu'il était juste un vieil homme qui ne savait pas ce qu'il disait», a expliqué Catherine Vallely, à la BBC, au sujet de cette rencontre de janvier 2013. Elle croise cet homme aux dents jaunes, aux ongles trop longs et à la barbes hirsute, habillé de sacs plastiques, qu'elle prend pour un sans-abri, au bord d'une route du Comté de Leitrim, au nord de l'Irlande. Kevin McGeever lui dit alors qu'il a été kidnappé par des hommes armés dans sa maison du comté de Galway, à l'ouest de l'Irlande, et qu'il a été détenu pendant près de huit mois dans une cache souterraine.

Au commissariat où il explique à nouveau son histoire, il dévoile son front en enlevant son chapeau, pour prouver son kidnapping. Il y est écrit «voleur», avec une faute d'orthographe (tief au lieu de thief en anglais). Mais au fur et à mesure de l'interrogatoire, l'officier de service qui prenait son histoire au sérieux décèle des incohérences dans le discours du vieil homme. Le médecin qui l'examine ensuite se rend également compte qu'il n'a pas les stigmates, notamment au niveau des yeux, d'un homme qui aurait passé autant de mois dans l'obscurité.

Une enquête est lancée. L'histoire de Kevin McGeever apparaît bientôt totalement mensongère quand un témoin affirme l'avoir vu plus d'une semaine après la date de son prétendu enlèvement. Dans son portable, des traces de textos envoyés depuis l'Allemagne, l'Irlande du Nord à destination du Royaume-Uni sont découverts.

D'arnaqueur immobilier à Dubaï à sans-abri

Rattrapé par la justice irlandaise, il a plaidé coupable en avril dernier auprès de la Cour criminelle de Galway. Tout le passé sulfureux de Kevin McGeever est alors mis en lumière. Pendant les années 1990, profitant de la période de forte croissance en Irlande, il monte un commerce de fausses ventes d'appartements de luxe à Dubaï pour des investisseurs irlandais. Jim Byrne est l'un d'eux. Il a cru acheter cinq appartements dont il n'a jamais été propriétaire.

«J'ai découvert en 2009 que je ne possédais pas une seule de ces propriétés. Je tente depuis de récupérer mon argent», déclare-t-il. C'est ainsi qu'en 2011, Dubaï a émis un mandat d'arrêt contre Kevin McGeever qui avait déjà fui les Emirats arabes unis. Bien qu'il ait été brièvement arrêté en Allemagne, il profite d'un problème de procédure pour être relâché avant son extradition.

Mais Jim Byrne n'a pas dit son dernier mot et décide de porter l'affaire devant les tribunaux irlandais qui décident en 2014 de condamner l'arnaqueur professionnel à lui verser près d'un million d'euros de dédommagement, une somme qu'il ne verra jamais. L'arnaqueur a affirmé n'avoir jamais bénéficié de l'argent, que les paiements n'avaient pas été effectués ou que les acheteurs s'étaient retrouvés, pour la plupart, dans l'impossibilité d'honorer les montants promis.

Des millions de dollars escroqués aux Etats-Unis

Kevin McGeever disposait déjà d'une belle réputation outre-Atlantique avant ses démêlés avec la justice de Dubaï. La BBC, qui a enquêté sur son cas, a découvert qu'il était recherché aux Etats-Unis dès 2003 où il vivait depuis la fin des années 1990. «Il a réussi à convaincre des investisseurs dans toute l'Amérique du Nord, au Mexique, au Canada, en Europe et en Irlande à investir de l'argent dans ce qu'il prétendait être sa banque privée au Liechtenstein», rapporte le journaliste Brian Carroll.

«Cela s'appelait la Banque mondiale de la confiance et les gens versaient rapidement jusqu'à huit millions de dollars sur son compte bancaire. Ils croyaient Kevin McGeever quand il leur promettait des rendements allant jusqu'à 25% par mois sur leurs dépôts», ajoute-t-il, avant de préciser que plus de deux millions de dollars auraient disparu de ce compte avant que les investisseurs se doutent de l'entourloupe. Mais il était déjà trop tard. L'Irlandais avait quitté le pays.

Bien que les Etats-Unis n'ont pas demandé l'extradition de Kevin McGeever, le FBI a mis son nom sur liste rouge pour qu'il soit arrêté dès qu'il remettrait le pieds dans le pays. Pour sa part, le roi de l'arnaque a nié toute malversation en Amérique au journal Irish Independent, estimant qu'il s'agissait d'une erreur d'identité : «Il y a probablement des milliers de personnes qui ont émigré d'Irlande et qui s'appelle McGeever. Curieusement, il y a énormément de Kevin McGeevers vivant en Amérique sur la côte Est, en Arizona et en Floride, et partout. Ils me confondent avec quelqu'un d'autre».

«Je pense qu'il était tout simplement à court d'endroits où aller»

Alors pourquoi cet homme aurait décidé de simuler cette fois un faux enlèvement ? «Je pense qu'il était tout simplement à court d'endroits où aller», déclare le journaliste  Brian Carroll.

Rattrapé par la justice, Kevin McGeever a fait quelque chose d'«incroyablement stupide» et a regretté ses actions, selon son avocat, John Jordan. Il avait espéré que ce faux enlèvement pourrait détourner la colère des investisseurs qu'il a arnaqués. Le juge l'a finalement condamné à une peine avec sursis afin d'épargner aux contribuables le coût financier de son incarcération en plus des près de 90 000 euros déboursés pour mener la longue enquête qu'a nécessité cette affaire.

«Si je l'envoie en prison, le contribuable devra payer pour sa vie de tous les jours, les vêtements, la nourriture, j'ai donc décidé d'appliquer une peine avec sursis de deux ans d'emprisonnement», a déclaré le juge.

Le mystère reste donc entier, qu'a fait Kevin McGeever pendant ses huit mois d'enlèvement supposé ? «Voilà le vrai mystère. La vérité est que personne ne le sait», a conclu Brian Carroll.

Lire aussi : Montserrat Caballé condamnée à six mois de prison pour escroquerie et fraude fiscale

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