International

Tariq Ramadan : «les gouvernements occidentaux sont hypocrites !»

Invité de RT pour l'émission Worlds Apart, l'islamologue a abordé différentes questions de l'actualité du monde arabe. L'expert s'est notamment attaqué aux doubles standards occidentaux concernant la démocratie, «qu'ils n'exigent que chez certains».

«Concernant la Syrie, quand on entend les américains ou les européens dire qu'ils sont opposés à Assad au nom de la démocratie, c'est une blague !», s'enflamme Tariq Ramadan face à la présentatrice. Fidèle à son franc-parler, l'islamologue suisse n'a pas mâché ses mots pour fustiger la politique du deux poids deux mesures des gouvernements occidentaux. «Quand John Kerry ou le président français vont en Egypte, ils n'ont aucun problème à rencontrer un dictateur, mais sur la Syrie tout le monde s'offusque et demande la démocratie» s'insurge-t-il, qualifiant «d'hypocrite» cette politique du double standard, qui consiste à n'être exigeant sur la démocratie que dans les pays où l'on n'a pas d'intérêts particuliers. 

Quand John Kerry ou le président français vont en Egypte, ils n'ont aucun problème à rencontrer un dictateur, mais alors sur la Syrie tout le monde s'offusque et demande la démocratie

Interrogé par la présentatrice de RT sur les bouleversements au Moyen-Orient, Tariq Ramadan a ainsi décrypté les principales difficultés de la région, confrontée à l'Islam politique et aux révolutions depuis le printemps arabe qu'il analyse d'un regard circonspect. «Le printemps arabe a surtout permis aux occidentaux de reprendre pied dans la région. L'objectif était de déstabiliser pour pouvoir se réimplanter à travers les enjeux de sécurité» analyse-t-il. 

Rappelant l'exemple de Bush qui avait été diabolisé pour avoir voulu implanter la démocratie en Irak, Tariq Ramadan souligne que cette politique interventionniste n'était pas le fait d'un seul homme et que d'autres gouvernement ont toujours les mêmes volontés d'ingérence.

Le printemps arabe a surtout permis aux occidentaux de reprendre pied dans la région. L'objectif était de déstabiliser pour pouvoir se réimplanter à travers les enjeux de sécurité

Mais l'islamologue ne se contente pas de montrer du doigt les occidentaux et rappelle que d'autres acteurs et puissances ont une influence très forte dans la région, à l'instar de la Turquie et de la Russie. Interrogé sur le rôle ambigu de la Turquie, il refuse de comparer le président Erdogan à Bachar el-Assad et de les mettre sur le même plan mais il souligne néanmoins la façon dont les liaisons dangereuses d'Istanbul menacent parfois la paix dans la région. 

Relativiste et saluant les efforts de la Russie pour s'impliquer dans la résolution du conflit, il précise néanmoins que pour le moment, «aucun pays ou gouvernement ne peut changer la situation en Syrie».