Le président du Parlement turc veut signer l'arrêt de mort de la laïcité
- Avec AFP
La prochaine Constitution turque doit être «religieuse» et la laïcité ne devrait «pas [y] figurer», a estimé lundi 25 avril le président du Parlement, Ismaïl Kahraman, cité par l'agence de presse pro-gouvernementale Anadolu.
«En tant que pays musulman, pourquoi devrions-nous être dans une situation où nous sommes en retrait de la religion ? Nous sommes un pays musulman. Par conséquent, il faut rédiger une Constitution religieuse», a-t-il déclaré lors d'une conférence à Istanbul. «Avant toute autre chose, la laïcité ne doit pas figurer dans la nouvelle Constitution», a ajouté ce député du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur).
Le chef du parlement turc réclame «une Constitution religieuse» #Turquiehttps://t.co/OtIcAMMajb@letempspic.twitter.com/H5kmVsIDHc
— Elisa Perrigueur (@ElisaPerrigueur) 26 avril 2016
La mort programmé de la laïcité ?
Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, l'AKP du président Recep tayyip Erdogan est accusé par ses détracteurs de vouloir islamiser la société turque.
«Le chaos qui règne au Moyen-Orient est le fruit des mentalités qui, comme vous, font de la religion un instrument de la politique», a vivement réagi sur Twitter le chef de l'opposition kémaliste, Kemal Kiliçdaroglu.
«La laïcité existe pour que chacun puisse vivre sa religion librement, Ismaïl Kahraman !», a-t-il ajouté. La présence de la religion dans la politique a longtemps été taboue en Turquie. Gardienne autoproclamée des principes laïques de Mustafa Kemal, fondateur de la République turque, l'armée est intervenue à plusieurs reprises pour prévenir tout «péril islamiste».
En 1997, le premier chef de gouvernement islamiste turc, Necmettin Erbakan, mentor de l'actuel président Recep Tayyip Erdogan, est poussé à la démission par l'état-major. Ce putsh sans aucun coup de feu tiré a été surnommé «coup d'Etat postmoderne». Depuis la reconduction de l'AKP au pouvoir, en novembre dernier, l'une des priorités du gouvernement est de doter la Turquie d'une nouvelle loi fondamentale pour remplacer celle héritée de la junte militaire après le putsch de 1980.