Allié de Porochenko, le nouveau Premier ministre ukrainien pourra-t-il lutter contre la corruption ?
Vladimir Groïsman a été élu au poste de Premier ministre par la Rada ukrainienne. Arseni Iatseniouk qui occupait ce poste depuis 2014 a démissionné avec tout son gouvernement. L’élection du nouveau chef de gouvernement ne s’est pas faite en douceur.
257 des 390 élus ukrainiens ont voté en faveur de Vladimir Groïsman alors que ce dernier avait besoin de 226 voix pour être élu.
Le nouveau Premier ministre a commencé son discours alors que certains députés criaient : «C’est une honte !», montrant ainsi leur mécontentement. Ils ont dû voter pour accepter la démission d’Arseni Iatseniouk et nommer tout de suite son successeur alors qu’il n’y avait qu’une seule candidature, celle Vladimir Groïsman. Petro Porochenko a même menacé de dissoudre le parlement si le nouveau Premier ministre n’était pas élu. Le député ukrainien Oleg Lyachko s’est indigné : «Groïsman est élu à la suite d’une conspiration avec les oligarques. Nous sommes témoins d’une usurpation du pouvoir.»
Vladimir Groïsman a réagi à ces cris avec un discours émotionnel. «Je vous montrerai comment gouverner», a-t-il déclaré aux élus ukrainiens. Il a assuré que son gouvernement lutterait contre la corruption et stabiliserait la situation dans le pays. «Je veux vous promettre que ce gouvernement… sera sans corruption, traitera les tâches avec responsabilité, fera tout pour assurer la stabilisation et le développement de notre Etat», a promis Vladimir Groïsman.
Après la nomination du nouveau Premier ministre, Petro Porochenko a félicité Vladimir Groïsman avec un bouquet de roses rouges. «Vladimir Groïsman est un politicien de la nouvelle génération. Il devient le Premier ministre le plus jeune de l’histoire ukrainienne [il a 38 ans]. Malgré ça, il a une expérience énorme de la gestion», a-t-il déclaré avec fierté.
Vladimir Groïsman et Petro Porochenko, des relations privilégiées
Depuis qu’Arseni Iatseniouk a évoqué sa démission, le nouveau Premier ministre est considéré comme le principal candidat au poste de chef du gouvernement. Le politicien est un allié proche de Petro Porochenko qui a lui-même proposé la candidature de Vladimir Groïsman au poste de Premier ministre.
Le Premier ministre ukrainien Arseni #Iatseniouk annonce sa #démissionhttps://t.co/wZG69TQgg1pic.twitter.com/6Y8hrVnlMd
— RT France (@RTenfrancais) 10 avril 2016
C’est avec le soutien du président ukrainien que Vladimir Groïsman est devenu en 2005 maire de la ville ukrainienne de Vinnytsia. Petro Porochenko était à l’époque le chef du Conseil national de sécurité et de la défense du pays. Il a fait du lobbying en faveur du député du Conseil municipal de Vinnytsia, Vladimir Groïsman, qui n’avait que 27 ans.
Durant son mandat de maire, Vladimir Groïsman s’est retrouvé impliqué dans plusieurs scandales de corruption. Il a ainsi été accusé d’avoir donné plus de 3 400 mètres carrés d’une rue de la ville à son père qui est entrepreneur pour la construction d’un centre commercial. On lui a également reproché le fait que le conseil municipal aie mandaté les services et les travaux de sociétés appartenant à ses proches. Par exemple, les usines du père de Vladimir Groïsman produisaient l’asphalte utilisé pour les routes de Vinnytsia.
Après deux mandats, Vladimir Groïsman a déménagé à Kiev et a été nommé, en 2014 toujours avec le soutien de Petro Porochenko, ministre du développement régional dans le gouvernement d’Arseni Iatseniouk. Quelques mois plus tard, Vladimir Groïsman a été élu à la présidence du Parlement.
Le problème de la corruption en Ukraine
La question de la corruption reste l’une des plus graves en Ukraine. Récemment, le journal américain New York Times a même qualifié le pays de «marécage de corruption». Petro Porochenko a pour sa part déclaré que l’Ukraine était «devenue la cible d’une guerre hybride à travers un mécanisme de désinformation».
#Porochenko invoque la méprise concernant ses propos critiques envers le #NewYorkTimeshttps://t.co/cDLSNJIpstpic.twitter.com/z1vxJV0881
— RT France (@RTenfrancais) 4 avril 2016
Mais il s’est repris un peu plus tard, se justifiant de la manière suivante : «Je suis navré que mes propos sur la publication du respectable New York Times aient été mal interprétés. Je lis moi-même ce journal et respecte la position de son comité éditorial. Je suis d’accord qu’en Ukraine, nous avons encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne la maîtrise de la corruption. Des premiers pas ont déjà été faits, mais je tiens à souligner que j’ai défendu et continuerai à défendre l’Ukraine sur tous les terrains», a écrit Petro Porochenko sur sa page Facebook.
De plus, le président ukrainien est impliqué lui-même dans le scandale des Panama Papers qui ont révélé qu’en 2014, il avait créé plusieurs sociétés offshore dans les îles Vierges afin de procéder à la restructuration de son entreprise de confiserie Roshen.