L’Autriche souhaite expulser la Grèce de Schengen
La Grèce fait face depuis samedi à de nouvelles pressions pour son traitement de la crise des migrants, menacée par l’Autriche de se voir «exclue temporairement» de l’espace Schengen, la zone européenne de libre-circulation.
«Si le gouvernement d’Athènes ne fait finalement rien de plus pour sécuriser ses frontières extérieures, il faudra alors discuter de son exclusion temporaire de l’espace Schengen», a indiqué dans l’interview au quotidien allemand Die Welt, la ministre autrichienne de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner.
Elle a également qualifié de «mythe» le fait que la frontière gréco-turque ne pouvait pas être contrôlée. «Lorsqu’un Etat signataire des accords de Schengen n’accomplit pas de manière permanente ses obligations et n’accepte de l’aide que de façon hésitante, nous ne devons alors pas écarter cette possibilité», a-t-elle poursuivi.
Après avoir indiqué que la patience de plusieurs pays européens avait atteint ses limites, Johanna Mikl-Leitner a souligné la nécessité d’agir. «Il s’agit de protéger la stabilité, l’ordre et la sécurité en Europe», a conclu la ministre.
L’annonce intervient après qu’un haut-responsable grec a démoli un rapport du Financial Times dans lequel plusieurs ministres des pays européens et de hauts-responsables de l’UE estiment que menacer de suspension la Grèce de Schengen pourrait persuader Athènes de protéger ses frontières de manière plus efficace. Pour Ioannis Mouzalas, le ministre grec délégué à la Migration, le rapport contient «des mensonges et des distorsions».
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«Ca passe ou ça casse»
Lors du Forum économique de Davos, la directrice du Fonds monétaire international Christine Lagarde s’est jointe aux inquiétudes relatives à Schengen quand elle a noté que la crise des réfugiés poussait l’Europe vers un point de non-retour, «ça passe ou ça casse», a-t-elle averti. Elle a ensuite répondu par l’affirmative à la question de savoir si la situation actuelle pouvait menacer l’espace Schengen.
La Grèce, à court d’argent, a plusieurs fois été critiquée par ses partenaires européens concernant sa gestion de l’afflux massif de migrants fuyant la guerre et les conflits.
Plusieurs dizaines de milliers de migrants ont atteint des îles grecques depuis la Turquie voisine après des voyages par la mer avant de s’orienter vers le nord à la recherche d’une vie nouvelle, notamment vers l’Allemagne, pôle économique de l’Europe.
Le mois dernier le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn a écarté l’exclusion de la Grèce de Schengen, considérant illégale une telle décision.
Mais le problème a de nouveau éclaté après la publication d’un rapport du Financial Times. Dans le même temps, un porte-parole d’Alexis Tsipras a nié avoir reçu de menace de cet ordre de la part de l’UE.
La fin d’une Europe sans visa ?
L’ancien diplomate grec Leonidas Chrysanthopoulos estime que l’introduction unilatérale des contrôles pourrait mettre fin aux voyages sans visas à travers l’Europe.
«Les accord de Schengen ne pourront plus fonctionner si tous les pays de l’UE commencent à introduire des contrôles frontaliers internes». Pour lui, il n’est jamais venu à l’esprit des pères de l’UE d’y créer des murs, empêchant les gens d’y entrer.
Il a également souligné la raison de l’afflux de réfugiés qui fait rage aujourd’hui en Europe. «Des migrants d’Afrique viennent à cause de la faillite des politiques de l’Union européenne à les assister», a-t-il avancé.