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EN CONTINU : l'Iran porte plainte à l’ONU contre les provocations directes de l’Arabie saoudite

Les dirigeants chiites sont en rage après l’exécution du Cheikh Nimr Baqer al-Nimr accusé de terrorisme en Arabie saoudite. Certains parlent de «crime» alors que le ministère iranien des Affaires étrangères accuse Riyad de «soutenir les terroristes».

Dimanche 10 janvier

Les pays de la Ligue arabe ont exprimé dimanche leur «solidarité totale» avec l'Arabie Saoudite face aux «actes hostiles et provocations de l'Iran», au moment où une crise diplomatique oppose les deux puissances régionales.

L'organisation panarabe a notamment condamné «les déclarations iraniennes hostiles» qui ont suivi l'exécution début janvier en Arabie saoudite d'un dignitaire religieux chiite, Nimr al-Nimr, dans un communiqué commun des chefs de la diplomatie des pays de la Ligue arabe réunis au Caire.

Riyadh utilise la crise entre l'Arabie saoudite et l'Iran pour nuire aux négociations sur la Syrie, selon le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammed Jawad Zarif

Samedi 9 janvier

Le conseil de coopération des pays du Golfe dénonce l’interférence de l’Iran dans les affaires intérieures de l’Arabie saoudite.

Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammed Javad Zarif a porté plainte à l’ONU contre les provocations «directes» de l’Arabie saoudite qui «certains gens» à Riyad semblaient de traîner toute la région dans la crise.

Mohammed Javad Zarif précise dans une lettre à Ban Ki-moon que Téhéran n’a «aucun désir» d’intensifier les tensions entre les pays tandis que les Saoudiens «continuent d’accorder le soutien aux terroristes et de promouvoir la haine sectaire […] au lieu de choisir la voie du bon voisinage».

Il a aussi mis en évidence que l’exécution de l’imam Nimr al-Nimr et «le mauvais traitement» des pèlerins iraniens à La Mecque le prouvaient.  

Vendredi 8 janvier

Le ministre de la Défense saoudien, Mohammed bin Salman, a déclaré que son pays «n’envisageait pas» de guerre ouverte contre l’Iran.

«Tous ceux qui poussent vers la guerre sont des personnes qui ne sont pas saines d’esprit parce que la guerre entre l’Arabie saoudite et l’Iran serait le début d’une catastrophe dans la région qui influencerait le monde entier. Je vous assure que nous ne le permettrons pas», a-t-il déclaré dans une interview au journal The Economist.

Jeudi 7 janvier

Dans des propos rapportés par Reuters, le général Ahmed Asseri, porte-parole de la coalition saoudienne qui combat au Yémen, a déclaré que la coalition avait l'intention d'enquêter sur une accusation de l’Iran qui a affirmé que son ambassade au Yémen avait été bombardée par l’aviation saoudienne.

Le général Asseri a reconnu que la coalition avait effectué des frappes aériennes sur Sanaa mercredi soir, ciblant des lanceurs de missiles utilisés par les milices Houthis. Il a ajouté que les milices avaient utilisé des installations civiles, y compris des ambassades abandonnées.

Le gouvernement de l’Iran a décidé d’interdire dès jeudi toutes les importations des produits fabriqués dans l’Arabie saoudite, a annoncé l’agence iranienne ISNA. La décision a été prise lors d’une réunion du Conseil des ministres présidée par le dirigeant iranien Hassan Rohani.

L’Iran a accusé jeudi l’aviation saoudienne d’avoir attaqué son ambassade au Yémen.

«L’Arabie saoudite est responsable de dommages causés au bâtiment de l’ambassade et de blessures de membres du personnel», a annoncé le porte-parole des Affaires étrangères Hossein Jaber Ansari, cité par la chaîne publique iranienne IRIB.

Mercredi 6 janvier

Le Qatar rappelle son ambassadeur en Iran en signe de protestation après l'attaque de l'ambassade saoudienne à Téhéran. 

Djibouti a annoncé à son tour mercredi la rupture de ses relations diplomatiques avec l'Iran, confronté à une grave crise diplomatique avec l'Arabie saoudite après l'exécution par cette dernière d'un dignitaire chiite saoudien.

La Jordanie a convoqué l’ambassadeur iranien à Amman suite à l’attaque sur l’ambassade de l’Arabie saoudite à Téhéran, pour condamner «l'ingérence iranienne» dans les affaires saoudiennes, a annoncé l’agence publique jordanienne Petra.

Les diplomates iraniens en poste en Arabie saoudite ont quitté mercredi ce pays à bord d'un avion privé iranien, a annoncé l'agence officielle SPA. Riyad a rompu ses relations avec Téhéran après des attaques contre des représentations diplomatiques saoudiennes en Iran.

«Les exécutions perpétrées en Arabie saoudite relèvent de questions internes au pays», a estimé le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Bagdad est prêt à être l’intermédiaire entre l’Iran et l’Arabie saoudite pendant cette crise diplomatique qui secoue les deux pays, a annoncé le chef de la diplomatie irakienne.

C’est l’Arabie saoudite qui essaie de ranimer les tensions alors que l’Iran tente au contraire de les apaiser, a souligné le ministre des Affaires étrangères de l’Iran dans une conférence de presse.

Mardi 5 janvier

Le Bahreïn a annoncé la fermeture de tous les vols à destination et en provenance de l’Iran un jour après avoir rappelé son ambassadeur à Téhéran, en plein contentieux diplomatique entre l’Iran et l’Arabie saoudite, a fait savoir la chaîne saoudienne Al Arabiya TV,mardi.

Le Koweït, suivant l'exemple d'autres pays, a réduit ses relations diplomatiques avec Téhéran en rappelant son ambassadeur, a annoncé l'AFP.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a appelé Riyad et Téhéran à mettre de côté leurs différends pour se concentrer sur la lutte contre Daesh, rapporte l’agence Reuters. «L’Arabie saoudite et l’Iran le doivent à toute la communauté internationale», a-t-il déclaré dans une interview au quotidien allemand Bild.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a «condamné le plus fermement possible les attaques» contre les missions diplomatiques saoudiennes à Téhéran et Machhad (nord-est de l'Iran) qui ont suivi l'exécution par Ryad d'un dignitaire chiite saoudien.

Le Conseil a «exprimé sa profonde inquiétude devant ces attaques». Il a demandé à Téhéran «de protéger les installations diplomatiques et consulaires et leur personnel» et de «respecter pleinement ses obligations internationales» à cet égard.

La déclaration du Conseil, adoptée à l'unanimité de ses 15 membres, ne fait en revanche aucune mention de l'exécution du dignitaire chiite, un opposant au régime de Ryad.

Lundi 4 janvier

Le médiateur de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura est en route pour Riyad, puis se rendra à Téhéran dans le courant de la semaine, a annoncé lundi l'ONU alors que les tensions entre les deux pays montent.

Commentant la mort du célèbre imam chiite en Arabie saoudite, la Turquie s’est prononcé conte les exécutions, surtout motivées politiquement. «Pour nous, il est impossible de défendre la peine de mort», a déclaré le vice-Premier ministre, Numan Kurtulmus.

Pour la Maison Blanche, la confrontation irano-saoudienne complique le processus de paix en Syrie. «Nous sommes dans une situation très difficile dans laquelle nous essayons de naviguer pour parvenir à une résolution politique de la situation en Syrie», a fait savoir le porte-parole Josh Earnest.

Selon lui, il sera encore plus difficile d’asseoir tout le monde à la  table de négociation si l’Arabie saoudite et l’Iran échangent publiquement des expressions d’antagonisme au même moment.

De plus, Washington a condamné l’Arabie saoudite pour l'organisation d'une exécution de masse et s’est prononcé contre les exécutions de ce type dans tous les pays.

Les attaques contre les représentations saoudiennes en Iran ont également été condamnées.

L’Iran et l’Arabie saoudite doivent cesser de prendre des mesures qui provoquent la montée des tensions après la rupture de leurs relations diplomatiques, a annoncé le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest lors d'une conférence de presse.

Pour le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, la déclaration de l’Arabie saoudite à propos de la rupture de ses relations avec l’Iran, provoque une «profonde inquiétude», a fait savoir le porte-parole Stéphane Dujarric.

De plus, le représentant du secrétaire général de l’ONU a fait savoir que cette rupture pouvait avoir de «graves conséquences» pour la région.

Après s'est entretenu par téléphone avec ses homologues iranien et saoudien, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a appelé les deux puissances rivales au Moyen-Orient à faire baisser les tensions, a confié un diplomate américain à l’AFP.

«Nous [les] exhortons au calme et à la désescalade. La situation doit être apaisée», a expliqué le diplomate américain après des appels téléphoniques de son ministre.

L'Autorité de l'aviation Saoudienne annonce que l'Arabie Saoudite interrompt toutes ses liaisons aériennes avec l'Iran. 

Des milliers d'Irakiens manifestent contre l'Arabie Saoudite alors que des attaques antisunnites ont tué deux personnes faisant craindre une résurgence des violences intercommunautaires.

L’Iran a décidé d’annuler le Hadj, pèlerinage annuel aux lieux saints de La Mecque en Arabie saoudite, a annoncé le porte-parole du Comité des affaires judiciaires et légales du Parlement iranien, Mohammad Ali Esfanan.

«L’Iran aurait dû faire le premier pas pour rompre ses liens avec l’Arabie Saoudite après la tragédie de Mina. Après avoir commis tous ces crimes, l’Arabie saoudite ne doit pas avoir l’autorité de prendre une décision en relation avec ça, après que plusieurs pèlerins innocents ont été martyrisés et après l’exécution honteuse du Cheikh Nimr al-Nimr», a déclaré à ce propos Mohammad Ali Esfanan.

La Ligue arabe organisera des négociations d’urgence concernant la détérioration des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, a annoncé l’AFP. La réunion des Etats membres de cette organisation se tiendra le dimanche 10 janvier au Caire, précise l’agence.

L’Arabie saoudite envisage de suspendre tout trafic aérien avec l’Iran, a annoncé le ministre saoudien des Affaires étrangères, cité par Reuters. Par ailleurs, l'agence de presse saoudienne al-Arabiya a annoncé que Riyad entendait rompre tous ses liens commerciaux avec l'Iran, voire d’interdire à tous ces citoyens à l’exception de pèlerins de s'y rendre.

Les Emirats arabes unis (EAU) ont eux aussi décidé d’imiter la tendance générale dans les Etats à majorité sunnite en réduisant le nombre de diplomates iraniens présents sur leur sol.

D’après BAM, l’agence d'information gouvernementale émiratie, les fonctions du chef de la mission diplomatique du pays en Iran seront assumées par un fonctionnaire temporaire, alors que l’ambassadeur du pays devra rentrer immédiatement aux EAU.

Après l’Arabie saoudite et le Bahreïn, le Soudan a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran.

Les clubs saoudiens engagés en Ligue des champions d'Asie de football ont demandé lundi à jouer sur terrain neutre leurs matchs contre des clubs iraniens, après la rupture des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran.

Les clubs Al-Hilal, Al-Nasr, Al-Ahli et Al-Ittihad annoncent sur leur site officiel respectif qu'ils vont saisir la Fédération saoudienne de football afin qu'elle soumette officiellement leur demande à la Fédération asiatique avant le démarrage de la Ligue des champions d'Asie en février.

Stephane Le Foll, porte-parole du gouvernement français, a appelé à la «désescalade» entre l'Arabie saoudite et l'Iran.

Le Barheïn a annoncé une ruptuire des relations diplomatiques aec l'Iran, moins de 24 heures après une décision similaire de l'Arabie saoudite, a fait savoir l'agence officielle BNA.

La Russie s’est déclarée prête à jouer les intermédiaires dans le conflit entre Téhéran et Riyad, a annoncé une source au sein du ministère des Affaires étrangères à RIA Novosti.

«Nous exprimons nos sincères regrets à propos de l’escalade entre l’Arabie saoudite et l’Iran», a déclaré la source, ajoutant que le Kremlin était «prêt à inviter les chefs de la diplomatie saoudienne et de la diplomatie iranienne à Moscou».

Le diplomate a souligné que les deux pays étaient des acteurs essentiels dans l’arène régionale et internationale, et que la Russie avait toujours été intéressée à «la compréhension mutuelle entre les chiites et les sunnites et l’unité du monde musulman».

Un Saoudien, condamné à mort pour un meurtre de droit commun, a été exécuté lundi en Arabie saoudite, ce qui porte à 48 le nombre d'exécutions dans le royaume depuis le 1er janvier, a annoncé l'agence officielle SPA.

Ahmed ben Obeid al-Harbi avait été reconnu coupable d'avoir tué par balle un autre Saoudien à la suite d'une dispute et il a été exécuté dans la région de Qassim, au nord de Ryad, a précisé l'agence en citant un communiqué du ministère de l'Intérieur.

Le frère du dignitaire chiite saoudien Nimr Baqer al-Nimr exécuté samedi a «condamné» les attaques de représailles contre l'ambassade et un consulat d'Arabie saoudite en Iran, affirmant dans un tweet lundi: «nous aimons notre pays».

«Nous apprécions les sentiments d'émotion exprimés pour le martyr mais nous refusons et nous condamnons l'attaque contre des ambassades et des consulats du royaume (saoudien) en Iran ou ailleurs. Nous aimons notre pays», a écrit Mohammed al-Nimr dans un message en arabe posté sur Twitter.

Mohammed al-Nimr a par ailleurs déploré dans un autre tweet que son frère ait été enterré «dans un cimetière inconnu» et a lancé un appel aux autorités saoudiennes pour que le corps du «martyr» soit rendu «rapidement» à la famille afin d'être inhumé à Awamiya, son village natal dans l'est de l'Arabie.

La police saoudienne a essuyé des «tirs nourris» dimanche soir à 23h30 (heure locale), qui ont fait un mort à Awamiya, le village natal du dignitaire chiite Nimr al-Nimr exécuté après sa condamnation à mort pour «terrorisme», a annoncé lundi l'agence saoudienne SPA.

Citant un porte-parole de la police dans la Province orientale, l'agence officielle a précisé que les forces de sécurité étaient à la recherche des auteurs de ces tirs qui ont «tué un civil et blessé un enfant de huit ans», sans faire selon elle de victime parmi les policiers.

Le civil tué, Ali Imran Al-Dawoud, a été qualifié de «martyr» par des utilisateurs de réseaux sociaux, affirmant qu'il avait été visé par les forces saoudiennes.

L'Arabie saoudite cherche à aggraver «les tensions et les affrontements» dans la région du Proche-Orient, a déclaré lundi le porte-parole de la diplomatie iranienne Hossein Jaber Ansari, en réaction à la décision de Ryad de rompre ses relations avec Téhéran.

«L'Arabie saoudite voit non seulement ses intérêts mais aussi son existence dans la poursuite des tensions et des affrontements, et essaie de régler ses problèmes intérieurs en les exportant vers l'extérieur», a déclaré M. Jaber Ansari.

Dimanche 3 janvier

Une fumée noire s’échappe de l’ambassade d’Arabie saoudite, pourtant flambant neuve car récemment ouverte à Bagdad, après que une roquette ait atteint le bâtiment.

Une vague de manifestations continuent à ravager le monde. Cette fois, on le voit au Pakistan. 

Hier, environ 200 manifestants, appartenant en majorité aux groupes chiites anglais, se sont rassemblés devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Londres pour condamner et protester contre l’exécution du Cheikh Nimr Baqer al-Nimr.

Le président iranien Hassan Rohani a jugé «totalement injustifiables» les attaques contre les représentations saoudiennes. 

«L'action menée par un groupe d'extrémistes hier soir à Téhéran et à Machhad [...] contre l'ambassade et le consulat de l'Arabie saoudite, qui doivent être légalement et religieusement sous la protection de la république islamique, est totalement injustifiable», a affirmé le président iranien, selon l'agence officielle IRNA.

L'ayatollah Ali Sistani a dénoncé que l'exécution du chiite saoudien Nimr Baqer al-Nimr était une «agression». 

«Nous avons accueilli avec une immense tristesse et des regrets l'annonce de la mort en martyr d'un groupe de nos frères dans la région. [...] Le versement de leur sang pur, y compris celui du cheikh Nimr al-Nimr, est une injustice et une agression», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le président du Conseil américano-iranien Hooshang Amirahmadi a précisé dans l'interview à RT que «le conflit entre les chiites et les sunnites avait devenu, malheureusement, une pierre d’achoppement entre l’Arabie saoudite et l’Iran».

Images du saccage de l'ambassade d'Arabie Saoudite en Iran par les manifestants en colère après l'exécution du dignitaire chiite Nimr al-Nimr.

D'après les déclarations des autorités, plus de 40 manifestants ont été arrêtés près de l'ambassade saoudienne ravagée par le feu à Téhéran.

Le guide suprême iranien Ali Khamenei a menacé ce matin que «la main divine» vengerait l'exécution du cheikh chiite.

«Sans aucun doute, le sang de ce martyr versé injustement portera ses fruits et la main divine le vengera des dirigeants saoudiens», a-t-il précisé lors d'un discours devant des religieux.

«L’exécution du célèbre imam chiite et activiste politique Nimr al-Nimr pourrait provoquer des tensions sectaires à un moment où on a besoin de les réduire», a déclaré le porte-parole du département d’Etat américain John Kirby.

Plusieurs groupes de la défense des droits de l’homme ont aussi critiqué l’exécution de l’iman chiite et nommé son processus «injuste» qui montrait leur «intention d’écraser les dissidents». 

Des manifestants ont lancé des cocktails Molotov contre l'ambassade saoudienne à Téhéran, incendiant une partie du bâtiment dans lequel ils ont pénétré avant d'être chassés par la police.

«Le feu a détruit l'intérieur de l'ambassade», a déclaré à l'AFP un témoin sur place. 

Des manifestants ont mis le feu à l'ambassade d'Arabie saoudite à Téhéran après y avoir fait violemment irruption, suite à l'exécution du Cheikh Nimr al-Nimr.

Samedi 2 janvier

L'Arabie saoudite a convoqué l'ambassadeur d'Iran pour protester contre les déclarations «agressives» de Téhéran, après l'exécution samedi du dignitaire chiite saoudien Nimr Baqer al-Nimr, a indiqué le ministère des Affaires étrangères.

Riyad a envoyé un grand nombre de véhicules blindés à Al-Qatif, la ville natale de l'imam Nimr Baqer al-Nimr exécuté, pour réprimer les manifestants en colère dans cette région majoritairement chiite, selon l'agence de presse iranienne Fars.

Le consulat d'Arabie saoudite à Mashhad, en Iran aurait été incendié lors des violentes manifestations qui ont fait suite à l'exécution du Cheikh chiite Nimr Baqer al-Nimr.

Plus tôt dans la journée du 2 janvier, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a condamné l'exécution de l'imam chiite dans un communiqué, tandis que le chef suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a tweeté un hommage au Cheikh Nimr Baqer al-Nimr, sur son compte Twitter en langue anglaise, dénonçant cette exécution.

Le site Internet d'Ali Khamenei a également montré une image comparant l'Arabie saoudite à l'Etat islamique, dans sa façon d'exécuter les opposants.

Un éminent religieux chiite irakien, Moqtada al-Sadr, a appelé à des manifestations dans les pays du Golfe pour protester contre l'exécution de Nimr Baqer al-Nimr.

«Je demande que les chiites d'Arabie saoudite et des autres pays du Golfe fassent preuve de courage pour répondre, par le biais de manifestations pacifiques à ce terrorisme du gouvernement saoudien», a-t-il publié sur son site Internet.

Il a également insisté sur le fait que l'Irak aurait dû réfléchir à deux fois avant d'autoriser la réouverture de l'ambassade saoudienne à Bagdad. Cette dernière a en effet réouvert ses portes cette semaine alors qu'elle était fermée depuis 1990 suite à l'invasion du Koweït par l'Irak.

«Le gouvernement saoudien soutient les terroristes et les takfiris [extrémistes sunnites radicaux] en procédant à des exécutions et en interdisant toute critique à l’intérieur du pays», a annoncé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Hossein Ansari Jaber, cité par l'agence IRNA.

«L'exécution du cheikh al-Nimr est un service rendu à Daesh, qui tente de s’étendre en créant des guerres sectaires», a déclaré Humam Hamoudi, un haut politicien chiite et membre du Conseil suprême islamique d'Irak (ISCI).

Selon un député de la coalition chiite en Irak, Mohammed al-Sayhud, l'exécution du Cheikh Nimr Baqer al-Nimr par l’Arabie saoudite est destinée à alimenter les conflits entre sunnites et chiites et à «mettre la région à feu et à sang».

«Cette mesure prise par la famille dirigeante du pays [les Saoud] vise à rallumer les tensions dans la région, provoquant des combats sectaires entre sunnites et chiites», a déclaré Mohammed al-Sayhud à al-Sumaria TV.

Des personnalités politiques irakiennes de premier plan ont appelé, le 2 janvier, le gouvernement de Bagdad à couper tout lien avec Riyad après l'exécution du cheikh Nimr al-Nimr, a rapporté la chaîne al-Sumaria.

«C’est un crime odieux qui a ouvert les portes de l'enfer», a déclaré Qasim al-Araji, la tête de l'Organisation Badr en Irak, appelant Bagdad à couper «immédiatement» ses liens diplomatiques avec l’Arabie saoudite, selon le site Internet de la chaîne.

Un autre groupe de miliciens soutenu par l'Iran, Asaib Ahl al-Haq, a accusé l'Arabie saoudite de chercher à provoquer des conflits entre sunnites et chiites, toujours selon al-Sumariya. «A quoi bon avoir une ambassade saoudienne en Irak ?», a-t-il dit.

La mort du Cheikh Nimr Baqer al-Nimr a déjà jeté de l'huile sur le feu dans les tensions sectaires qui montent au Moyen-Orient.

La police de Bahreïn a tiré des gaz lacrymogènes sur plusieurs dizaines de personnes qui protestaient contre l'exécution du Cheikh et qui arboraient des photos de l'imam dans une impasse située dans le village chiite d'Abou-Saiba, à l'ouest de la capitale Manama.

Samedi, des dizaines de musulmans chiites sont sortis pour protester à Qatif, l'une des plus anciennes colonies chiites de l'est de l'Arabie saoudite, contre l'exécution de cet imam chiite, a rapporté Reuters.

Les manifestants ont scandé, «A bas les Saoud», du nom de la famille royale saoudienne. Ils ont marché du village natal de l'imam, al-Awamiya vers le centre-ville de Qatif, le seul district en Arabie saoudite où les chiites sont majoritaires.

Un des plus hauts dignitaires religieux chiites iraniens, Ahmad Khatami, a déclaré que l'exécution du Cheikh Nimr Baqer al-Nimr reflétait le caractère «criminel» de la famille régnante saoudienne.

«Je n’ai aucun doute que ce sang pur a entaché le col de la Maison des Saoud qui l’essuie avec les pages de l’Histoire», a déclaré Ahmad Khatami, cité par l’agence Mehr.

«Le crime de l'exécution du cheikh al-Nimr démontre parfaitement la tendance criminelle de cette famille de traîtres. Le monde islamique doit dénoncer haut et fort ce régime infâme autant que possible», a-t-il ajouté.

Le chef de file du Hezbollah, Abou Mahdi al-Mohandes a évoqué «un crime qui est à ajouter au casier judiciaire des Al-Saoud», selon al-Ahd TV.

Le mouvement Houthi au Yémen a également déploré l’exécution de l'imam.

«La famille Saoud a exécuté un saint guerrier, le grand imam Nimr Baqr al-Nimr, après un simulacre de procès ... C'est une violation flagrante des droits de l'homme», indiquait une notice nécrologique sur le site officiel des Houthis, Al-Maseera.

Selon un communiqué du Conseil suprême islamique chiite du Liban, la peine capitale infligée à l'imam était une «grave erreur» et une «destruction de la raison, de la modération et du dialogue».

Le frère de l'imam exécuté a dit espérer que toute réaction à son assassinat serait pacifique.

«Le Cheikh Nimr jouissait d'une grande estime au sein de sa communauté et dans la société musulmane en général. Il y aura sans doute des réactions», a déclaré Mohammed al-Nimr à Reuters par téléphone. «Nous espérons que les réactions se feront dans un cadre paisible. Assez de sang a déjà coulé», a-t-il ajouté.

L’Arabie saoudite a exécuté le Cheikh Nimr al-Nimr samedi avec 46 autres personnes. Les autorités ont déclaré que la plupart des personnes exécutées avaient été impliquées dans une série d'attaques menées par Al-Qaïda entre 2003 et 2006.

Al-Nimr, ainsi que six autres personnes, ont été accusés d'avoir orchestré des manifestations anti-gouvernementales entre 2011 et 2013 lors desquelles 20 personnes ont perdu la vie. Plus tôt cette année, la Cour suprême d’Arabie saoudite a rejeté un appel contre la condamnation à mort de l'imam chiite.

Les ONG occidentales dénoncent les agissements de l'Arabie saoudite

Human Rights Watch (HRW) a vivement critiqué ces exécutions. «Quelles que soient les crimes qui auraient été commis, l'exécution massive de prisonniers ne fait qu’entacher encore plus l’image du royaume, déjà bien sombre en ce qui concerne les droits de l’Homme», a estimé Sarah Leah Whitson, directrice de HRW au Moyen-Orient, ajoutant que l'imam avait été reconnu coupable lors d'un procès «inéquitable».

«L’espoir d’une stabilité dans la province orientale chiite d'Arabie saoudite réside dans la fin des discriminations et non dans les exécutions arbitraires», a-t-elle ajouté.

«En exécutant samedi 47 personnes condamnées pour "terrorisme", dont le chef religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr, l'Arabie saoudite règle des comptes politiques», a estimé auprès de l'AFP Philip Luther, le directeur d'Amnesty International pour le Moyen-Orient.

«Les autorités saoudiennes disent avoir mené ces exécutions pour préserver la sécurité. Mais l'exécution du cheikh Nimr Baqer al-Nimr suggère qu'elles utilisent les exécutions pour régler des comptes politiques [...] sous couvert de lutte contre le terrorisme», a déclaré le directeur d'Amnesty International.

Les 47 condamnés [45 Saoudiens, un Égyptien et un Tchadien] ont été exécutés au sabre ou par balles dans douze villes du royaume. Ils avaient été condamnés, selon les autorités, dans différentes affaires, notamment pour avoir épousé une idéologie radicale, rejoint des «organisations terroristes» et mis à exécution des «complots criminels».

«C'est une tentative de faire taire les critiques contre le régime, en particulier au sein de la communauté des activistes chiites», a poursuivi le directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient.

L'Union européenne fait part de ses «sérieuses inquiétudes»

«Le cas spécifique du cheikh Nimr al-Nimr soulève de sérieuses inquiétudes sur la liberté d'expression et le respect des droits civils et politiques de base, qui doivent être préservés dans tous les cas, y compris dans le cadre de la lutte contre le terrorisme», a déclaré la responsable de la diplomatie européenne Federica Mogherini, dans un communiqué.

«Ce cas a le potentiel d'enflammer un peu plus les tensions sectaires qui font déjà beaucoup de dégâts dans la région, avec des conséquences dangereuses», estime encore Federica Mogherini.

L'UE appelle ainsi le royaume à «promouvoir la réconciliation entre les différentes communautés» qui le composent et demande à toutes les parties de faire preuve de «retenue et de responsabilité».

Dans le même communiqué, la responsable réitère la «forte opposition» de l'UE à la peine de mort, en particulier dans le cadre d'exécutions de masse.