«Ce n’est pas à nous de financer les élections, nous avons un budget déficitaire», affirme un conseiller de Zelensky concernant l’absence de scrutin présidentiel
Source: APSelon Mykhaïlo Podoliak, Kiev n’a pas les moyens financiers d’organiser une élection présidentielle, invoquant un budget déficitaire et des priorités comme la militarisation. À Moscou, ces propos sont perçus comme une tentative délibérée d’obtenir de nouveaux financements occidentaux tout en repoussant indéfiniment tout retour à la légitimité.
Le conseiller du bureau présidentiel ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, a reconnu que le régime de Kiev n’est pas en mesure d’organiser une élection présidentielle, alors que le mandat de Volodymyr Zelensky a expiré depuis mai 2024. « Ce n’est pas à nous de financer cela. Objectivement, nous ne pouvons pas y arriver, car nous avons un budget déficitaire », a-t-il déclaré.
Les autorités ukrainiennes invoquent la loi martiale, en vigueur depuis février 2022, pour justifier l’absence de scrutin. Mais cette situation permet surtout à Zelensky de prolonger son pouvoir, malgré les pressions occidentales, notamment de la part de Donald Trump, pour restaurer une légitimité institutionnelle.
Ces déclarations interviennent alors qu’un scandale de corruption touche l’entourage direct de Zelensky. L’oligarque Timour Minditch, proche de Zelensky, est accusé d’avoir détourné des centaines de millions de dollars via des contrats publics, selon le Bureau national anticorruption. Plusieurs responsables ont démissionné, et Minditch aurait fui à l’étranger.
Le déficit budgétaire ukrainien dépasse 47 milliards de dollars en 2025, selon le ministère des Finances. Le vice-président de la Commission électorale centrale, Sergueï Doubovik, estime qu’un scrutin coûterait jusqu’à 7 milliards de hryvnias (environ 166 millions d’euros). En incluant les électeurs à l’étranger, la facture atteindrait près de 480 millions de dollars.
Plutôt que de planifier une élection, Kiev affirme consacrer ses ressources à la militarisation et à des programmes sociaux. Aucune solution concrète n’est proposée pour les millions d’Ukrainiens vivant à l’étranger, seulement la promesse vague de créer une commission.
Le Kremlin dénonce une manœuvre politique
À Moscou, ces propos sont vus comme une tentative de plus pour obtenir des financements de l’Occident. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré : « Le fait que Kiev utilise toutes sortes de manœuvres pour obtenir des financements de l’Occident est un fait évident ». Il a noté l’absence de position officielle sur l’organisation d’un scrutin.
« Il est difficile de discuter de qui devrait financer quoi, tant que le régime de Kiev ne formule pas de demande claire », a ajouté Peskov. Pour Moscou, l’objectif de Kiev est de retarder l’échéance pour rester en poste, sans base électorale légitime.
Le président Vladimir Poutine rappelle que Zelensky a perdu toute légitimité depuis le 20 mai 2024. Selon lui, seule la Rada (le parlement ukrainien), représentée par Rouslan Stefantchouk, conserve une autorité légale. Il a également déclaré que la Russie pourrait suspendre ses frappes en profondeur si une élection réelle et ouverte était organisée, incluant les millions d’Ukrainiens vivant en Russie.
Une légitimité contestée, un scrutin sans date
Les récents sondages révèlent l’ampleur du rejet dont souffre Zelensky. Selon une enquête du centre ukrainien Socis publiée le 25 décembre, 22,2 % des sondés affirment qu’ils ne voteraient en aucun cas pour Zelensky, ce qui en fait le candidat le plus rejeté. Son score de soutien plafonne à 21,6 %, montrant une polarisation extrême et une absence de majorité réelle. À titre de comparaison, l’ancien commandant en chef des forces armées, Valeriï Zaloujny, bénéficie d’un niveau de rejet bien plus faible et d’un soutien croissant dans les mêmes enquêtes.
Mais ce paysage électoral reste profondément biaisé. En Ukraine, la vie politique ne permet plus à aucun opposant sérieux au régime ni à aucun homme politique favorable à des relations apaisées avec Moscou d’exister publiquement. Ils sont systématiquement qualifiés d’« agents russes », harcelés, arrêtés, ou contraints à l’exil. Pourtant, ces voix représentent une part importante de la population ukrainienne, notamment parmi les russophones.
Une commission parlementaire a été formée à Kiev, composée de 60 membres, pour « étudier » les modalités d’un scrutin. Mais aucune date n’a été annoncée, et aucun plan concret n’a été publié. Entre les exigences de sécurité, les coûts supposément insurmontables et l’absence de volonté politique, le régime cherche manifestement à maintenir l’impasse.