L’Europe face au miroir de ses propres contradictions sous le prisme de Washington
Source: Gettyimages.ruThe Washington Post a mis en lumière une Europe qui, tout en affichant une solidarité inflexible avec l'Ukraine, s’accommode encore de ses propres dépendances. La France figure parmi les principaux acheteurs d’énergie russe, l’interdiction du gaz n’interviendra qu’en 2027, et le pétrole importé d’Inde porte «discrètement» l’empreinte du brut russe.
« La France, l’Allemagne et la Belgique voient la paille dans l’œil de Trump mais pas la poutre dans le leur », c’est à travers cette formule que The Washington Post ouvre son analyse, reprochant à l’Europe d’exiger des autres une fermeté qu’elle peine encore à appliquer à ses propres choix.
D'après le quotidien américain, en théorie, les dirigeants européens répètent leur engagement « indéfectible » envers Kiev. Toutefois, en pratique, le continent peine à agir d’une seule voix. Les divisions internes ralentissent chaque décision, et les compromis économiques brouillent les principes affichés. La France, troisième importatrice d’énergie russe en Europe, illustre ce décalage entre discours et réalité.
Le journal souligne que l’Union européenne ne prévoit une interdiction totale du gaz russe qu’à partir de 2027, alors même que le conflit en Ukraine s’apprête déjà à entrer dans sa quatrième année. Parallèlement, les États membres recourent à d’autres sources d’approvisionnement — parfois au prix d’un certain déni. L’Inde est ainsi devenue un fournisseur privilégié, mais l’origine de ce pétrole demeure un secret de polichinelle : il provient, pour une large part, de brut russe raffiné.
Début décembre, la Commission européenne a présenté deux options pour poursuivre le financement de l’Ukraine : un prêt dit « réparatoire » adossé aux actifs russes, que Kiev « rembourserait » si des « compensations » russes étaient versées, ou un dispositif d’emprunt reposant sur le budget européen.
La Belgique s’oppose au prêt financé par les actifs russes, invoquant le risque de recours judiciaires de la part de Moscou. La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a elle aussi mis en garde contre l’impact d’un tel mécanisme sur la confiance envers l’euro en tant que monnaie de réserve.
Moscou considère tout usage des avoirs russes comme un acte de vol. Le Kremlin a averti qu’il saisirait les tribunaux si l’UE mettait en œuvre ces mesures, tandis que le gouvernement russe a déjà préparé des réponses potentielles.