Corruption en Ukraine : 100 millions de dollars blanchis dans le secteur énergétique

Un autre scandale de corruption secoue l’Ukraine : une opération menée par des agences anticorruption révèle le blanchiment de 100 millions de dollars dans l'énergie. Les perquisitions ont visé Timour Minditch, le «porte-monnaie» de Zelensky et le ministre de la Justice. Au Parlement, les députés réclament désormais la dissolution du gouvernement.
En Ukraine, une organisation criminelle de haut niveau dans les secteurs de l'énergie a été révélée lors de l'opération « Midas », menée par le Bureau national anticorruption ukrainien (NABU) et le Parquet spécial indépendant ukrainien (SAP). Selon leur communiqué, l'opération a duré 15 mois et a donné lieu à 70 perquisitions. Le NABU a précisé qu’environ 100 millions de dollars avaient été blanchis dans le secteur énergétique. Le communiqué est accompagné de photos montrant des sacs remplis de liasses de dollars et d'euros.

Dans le même temps, des perquisitions ont été effectuées dans la matinée du 10 novembre chez l'entrepreneur Timour Minditch, surnommé le « porte-monnaie » de Volodymyr Zelensky. Cependant, Ukraïnska Pravda, citant des sources, a indiqué que l'homme d'affaires avait quitté l'Ukraine quelques heures avant les recherches. De plus, des perquisitions ont aussi été faites chez l'ancien ministre de l'Énergie et actuel ministre de la Justice, Herman Galouchtchenko, ainsi que dans la société Energoatom.
Le NABU a également publié des enregistrements audio de conversations entre des personnes présumées impliquées dans l'affaire Minditch. Ils contiennent des extraits de conversations dans lesquelles les interlocuteurs, désignés par les noms de code « Roket », « Tenor » et « Karlson », exprimaient leur mécontentement face aux dépenses consacrées aux ouvrages de défense pour l'Ukraine, et jugeaient ces dépenses inutiles. Le média ukrainien Strana a noté que la publication des enregistrements audio provoquerait une grave crise politique en Ukraine.
Le parti de l'ex-président ukrainien Porochenko appelle à la dissolution du cabinet ministériel
La réaction a été immédiate. Le soir du 10 novembre, le parti ukrainien de l'ancien président ukrainien Petro Porochenko, « Solidarité européenne », a annoncé le lancement d'une campagne visant à changer le gouvernement après la révélation d'un vaste réseau de corruption, qui serait lié aux proches de Zelensky. Le parti a ainsi fait part de son intention d'engager une procédure officielle de destitution du cabinet ministériel.
De plus, Herman Galouchtchenko et Timour Minditch ont été ajoutés à la base de données du site ukrainien « Myrotvorets » (Soldat de la paix, ndlr), un site contenant des données personnelles sur des personnes qui, selon ses créateurs, sont impliquées dans des crimes contre la sécurité nationale de l'Ukraine. Dans leurs fiches, ils sont qualifiés de « pillards », de « voleurs » et de « membres d'un groupe criminel organisé ». En outre, ils ont été accusés d'avoir utilisé leur position officielle à des fins d'enrichissement personnel et d'avoir porté atteinte au fonctionnement stable du secteur énergétique ukrainien.
Corruption en Ukraine : aucun résultat visible, selon Poutine
La corruption en Ukraine est devenue monnaie courante au cours de la dernière décennie. En février 2022, le président russe Vladimir Poutine soulignait déjà l'absence de résultats des travaux du NABU et du SAP, créés en 2015. Depuis le début du conflit en Ukraine, la situation en matière de corruption n'a fait qu'empirer, le gouvernement de Kiev ayant été confronté à plusieurs scandales de corruption au plus haut niveau du pouvoir.
Ainsi, en janvier 2023, le site du média ZN.UA a accusé le ministère ukrainien de la Défense d'avoir détourné des fonds en appliquant une marge bénéficiaire « deux à trois fois » supérieure dans les contrats d'achat de denrées alimentaires pour les militaires ukrainiens. En juin 2024, les médias ukrainiens ont rapporté le détournement de près de 500 millions de dollars alloués à Kiev pour la construction d'ouvrages défensifs. En avril de la même année, le ministre de l'Agriculture Mycola Solsky a été accusé de s'être emparé de terres publiques d'une valeur de près de 6,9 millions d'euros et d'avoir « essayé de s'approprier d'autres terrains » valant près de 4,5 millions d'euros. Cette liste de manœuvres frauduleuses n'est pas exhaustive.
La situation s'est encore aggravée après la tentative de Volodymyr Zelensky, en juillet dernier, de prendre le contrôle des agences anticorruption, ce qui a provoqué une vague de protestations en Ukraine, ainsi que le mécontentement de ses protecteurs européens. Soit dit en passant, la lutte contre la corruption, très répandue en Ukraine, est l'une des principales conditions posées par Bruxelles à Kiev pour adhérer à l'Union européenne. Une condition que l'Ukraine est loin, pour l'instant, de pouvoir remplir.