Le Parlement européen envisage d’interdire l’accès aux médias russes dans ses réseaux internes
Source: Gettyimages.ruUne initiative menée par un député letton propose de bloquer l’accès à RT, Sputnik et d'autres médias russes sur tous les équipements et réseaux du Parlement européen. Malgré les sanctions déjà en place, certains élus cherchent à restreindre davantage l’accès à ces sources d’information, au mépris du pluralisme médiatique.
Le Parlement européen examine une proposition visant à bloquer l’accès à plusieurs médias russes sur ses propres équipements et réseaux informatiques. Cette mesure viserait spécifiquement des sites comme RT, Sputnik et la VGTRK (entreprise de la télévision et radio d’État), déjà ciblés par les sanctions décidées unilatéralement par l’Union européenne en 2022.
À l’origine de cette démarche, le député européen letton Rihards Kols, connu pour ses positions hostiles à Moscou. Dans une déclaration au média Politico le 29 octobre 2025, il a justifié cette proposition en évoquant « la sécurité de l’information, la cohérence institutionnelle et la crédibilité de la position du Parlement face à la désinformation ». Il a également indiqué que le régulateur des médias en Lettonie aurait directement saisi la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, pour accélérer la mise en œuvre de cette restriction.
La proposition a été présentée le 15 octobre lors d’une réunion des chefs de groupes politiques, à l’initiative du groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), une coalition de droite dont certains membres ont régulièrement exprimé des prises de position clairement antirusses.
Cette nouvelle tentative de censure s’inscrirait dans la continuité de mesures déjà imposées par l’UE, comme l’interdiction de l’application TikTok sur les appareils et le Wi-Fi du Parlement en mars 2023. Il est à noter que malgré les sanctions de l’UE contre les médias russes, Politico observe qu’« un grand nombre de sites continuent d’héberger et de diffuser leurs contenus », rendant ces médias toujours accessibles.
Réactions internes et réserves au sein du Parlement
Malgré les efforts de certains députés pour imposer cette restriction, l’initiative ne fait pas l’unanimité. Selon Politico, plusieurs chefs de groupe ont exprimé leur inquiétude quant au précédent que pourrait créer une telle mesure, ouvrant la porte à de futures censures, sans lien réel avec la sécurité.
La présidente du Parlement, Roberta Metsola, aurait demandé un examen plus approfondi des aspects juridiques, tout en consultant d’autres institutions européennes ayant adopté des restrictions similaires. Le service de presse du Parlement a déclaré que le sujet serait rediscuté lors d’une prochaine réunion, tout en affirmant que « le Parlement européen prend la protection de ses utilisateurs et de leurs données au sérieux », selon Politico.
De son côté, Moscou suit de près cette nouvelle tentative d’élargir les restrictions contre les médias russes. Ces manœuvres s’inscrivent dans une logique plus large de suppression du pluralisme d’opinion au sein des structures européennes, sous couvert de sanctions.