Confrontation entre autorités syriennes et djihadistes étrangers

Les autorités syriennes ont lancé une opération contre des djihadistes français à Idlib, provoquant de violents affrontements dans un camp dirigé par Omar Omsen, accusé d’enlèvement. Cette première confrontation post-Assad interroge sur une campagne plus large contre les combattants étrangers, avec des enjeux sécuritaires et diplomatiques.
Développement préoccupant révélant les complexités de la Syrie post-Assad, de violents affrontements ont éclaté dans la nuit du mardi 21 octobre 2025 entre les forces de sécurité syriennes, relevant de l’autorité transitoire, et des djihadistes français dans le camp « Katiba al-Ghuraba » (la « Brigade des Étrangers », dite « Brigade française »), situé en périphérie de Harim, au nord-ouest d’Idlib, près de la frontière turque.
Cette opération, annoncée par le chef de la sécurité intérieure Ghassan Bakir, constitue le premier accrochage officiel entre le nouveau gouvernement syrien et les combattants étrangers ayant participé au renversement du gouvernement précédent.
Un groupe de djihadistes français
L’intervention a été déclenchée par des plaintes répétées des habitants du camp voisin d’Al-Fardan, dénonçant de « graves violations » commises par les membres de la brigade, dont le dernier en date est l’enlèvement d’une jeune fille locale par le chef du groupe, Omar Omsen (alias Omar Diaby ou Abou Abdallah al-Faransi).
Omsen, 49 ans, d’origine sénégalaise, est une figure centrale du djihad syrien. Arrivé en Syrie en 2013 après plusieurs années de prison en France pour vols, il fonde la « Katiba al-Ghuraba » dans les montagnes de Lattaquié, composée principalement de combattants français originaires de Nice. Il rejoint d’abord le Front al-Nosra, puis s’en sépare après sa rupture avec Al-Qaïda.
Il est devenu responsable du recrutement d’environ 80 % des djihadistes francophones en Syrie et en Irak. Désigné « terroriste mondial » par les États-Unis en 2016, sous mandat d’arrêt en France, il fut arrêté par Hayat Tahrir al-Cham (HTC) en 2020 pour avoir refusé de livrer des enfants français, avant d’être libéré en 2022 après un accord.
Aujourd’hui, la « Brigade des Étrangers » compte environ 150 combattants, dont plus de 70 Français, installés dans un camp clôturé et surveillé par caméras à Harim. Le groupe est accusé de détentions arbitraires, de torture et d’abus contre les civils, justifiant l’intervention des autorités syriennes pour rétablir l’ordre. Selon un communiqué officiel, les forces de sécurité ont bouclé le camp et sommé Omsen de se rendre volontairement.
Ce dernier a refusé, se retranchant et utilisant des civils comme boucliers humains, entraînant des tirs nourris et la panique parmi les habitants. Des sources à Idlib, relayées par l’Observatoire syrien des droits de l’homme, font état de bombardements sur le site. Les tensions ont duré jusqu’au mercredi 22 octobre après-midi, mais ont été un temps arrêté grâce à une médiation de djihadistes asiatiques (Ouzbeks et Ouïghours). Les combats ont toutefois repris dans certaines localités le 23 octobre.