«Retour à Bilad el-Cham» : les propos de l’émissaire américain sur un rattachement du Liban à la Syrie suscitent la polémique

La mise en garde de l’émissaire de Donald Trump pour le Liban contre un «danger existentiel» qui pèserait sur le pays et sa possible intégration à la «Grande Syrie» a fait vivement réagir une partie de la classe politique du pays du Cèdre.
La position apaisante et conciliante de l’émissaire américain pour le Liban, Thomas Barrack, qu’il laissait entrevoir lors de sa dernière visite à Beyrouth, la semaine dernière, semble fondre comme neige au soleil à la lumière de la mise en garde exprimée dans son interview accordée le 12 juillet au quotidien émirati The National.
Évoquant une « menace existentielle » pour le Liban, le diplomate américain a déclaré : « Vous avez Israël d’un côté, l’Iran de l’autre, et maintenant la Syrie qui se manifeste si rapidement que si le Liban ne bouge pas, il retournera à Bilad el-Cham (ancien nom de ce qui est qualifié aujourd’hui de la « Grande Syrie », NDLR). »
Si l’envoyé de Donald Trump a précisé sur X qu’il ne « menaçait pas le Liban », la possible disparition du pays du Cèdre a suscité une grande inquiétude dans les médias et sur les réseaux sociaux, causant une levée de boucliers du côté de plusieurs responsables politiques libanais.
Vives réactions
Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a appelé les autorités libanaises, le 13 juillet, à « prendre en compte les propos de l’émissaire américain », mettant en garde contre la mise sous tutelle du Liban, à l’instar de la tutelle syrienne que le pays a connue après la guerre civile.
Pour sa part, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a écrit sur X que « le Liban ne disparaîtra pas ».
Le député Mark Daou, du parti Taqaddom, a de son côté déclaré que « le Liban n’est ni un vassal ni un appendice. C’est un pays souverain, libre et indépendant. Tout discours visant à l’annexer ou à le rattacher à un pays quelconque est une atteinte à son statut et à son identité ».
L’ancien ministre druze Wi’am Wahab, proche de l’ancien gouvernement syrien de Bachar el-Assad, a réagi en termes virulents sur X : « Nous sommes capables de renvoyer Jolani à Idleb », faisant référence à l’ancien nom de guerre du président intérimaire syrien Ahmed al-Chareh. « Des dizaines de milliers de combattants au Liban et en Syrie sont prêts pour la bataille. Ce qui la retarde, c’est la protection internationale et régionale dont bénéficie le nouveau pouvoir [en Syrie] », a-t-il mis en garde.
À l’heure où le dossier du désarmement du Hezbollah ne semble présager aucune avancée notable, tout comme les réformes économiques réclamées par les États-Unis, les membres du gouvernement libanais n’ont émis aucune réaction aux propos de Thomas Barrack.