La GHF propose des camps controversés pour les Palestiniens hors de Gaza

La GHF propose des «zones de transit humanitaire» pour concentrer les Palestiniens de Gaza à l’intérieur et hors de l’enclave, suscitant une vive controverse. Estimé à deux milliards de dollars, le plan vise une «déradicalisation» mais est accusé de masquer un déplacement forcé. Le projet, discuté à la Maison Blanche, reste flou et divise.
La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël, a dévoilé le 7 juillet 2025 une proposition controversée : créer des « zones de transit humanitaire » (ZTH) pour concentrer la population palestinienne de Gaza, déjà largement déplacée après 21 mois de conflit.
Selon un document consulté par Reuters, ces camps pourraient être établis à l’intérieur comme à l’extérieur de l’enclave, où 90 % des 2,4 millions d’habitants ont été forcés de fuir leurs foyers. Estimé à deux milliards de dollars, ce projet, élaboré depuis le 11 février, a été discuté à la Maison Blanche, suscitant des interrogations sur ses intentions réelles.
Des Gazaouis vers Chypre ?
Présenté sous forme de diaporama avec le logo de la GHF et celui d’une société de conseil, SRS, il prévoit huit camps capables d’accueillir des centaines de milliers de personnes, avec des infrastructures de base comme des écoles ou des blanchisseries. Le plan reste flou sur les détails logistiques, notamment sur la manière dont les Palestiniens seraient relocalisés ou sur les lieux exacts à l’extérieur de Gaza, bien qu’une carte mentionne des flèches vers l’Égypte et Chypre, avec d’autres destinations marquées comme « supplémentaires ».
Un calendrier indique qu’un premier camp pourrait être opérationnel en 90 jours, abritant 2 160 personnes avec des services minimaux. Cette initiative intervient dans un contexte où le bilan humain pourrait avoir été sous-estimé : selon des études indépendantes, le nombre réel de victimes pourrait s'élever à plus de 100 000. Les Nations unies, pour leur part, chiffrent les besoins de reconstruction à plus de 50 milliards de dollars. Les défenseurs du projet arguent qu’il vise à « soulager » les Palestiniens de la guerre et du contrôle du Hamas, proposant une « déradicalisation » et une réintégration.
Cependant, cette proposition suscite une vive opposition. Ismaïl al-Thawabta, du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas, a qualifié la GHF d’« outil de renseignement israélien » opérant sous un faux prétexte humanitaire, dénonçant une tentative de déplacement forcé. Des experts humanitaires estiment que l’idée d’un déplacement « volontaire » est illusoire dans un contexte de siège, de famine et de bombardements constants.
Un responsable américain a minimisé l’avancement du projet, affirmant qu’aucun financement n’est encore alloué, tandis que des tentatives de la GHF d’ouvrir un compte en Suisse ont échoué, renforçant les soupçons d’opacité. Le lien avec les ambitions de Donald Trump, qui prône une « Riviera du Moyen-Orient » à Gaza, alimente les craintes d’un plan géopolitique plus large. Cette affaire intervient alors que les discussions sur l’après-guerre s’intensifient, avec des propositions divergentes entre la Ligue arabe et les États-Unis.
Les camps, s’ils voyaient le jour, pourraient aggraver la crise humanitaire ou, selon leurs promoteurs, offrir une solution temporaire. Pourtant, l’absence de transparence et les accusations de nettoyage ethnique jettent un doute sur la viabilité et l’éthique de cette initiative, rendant son avenir incertain au milieu des tensions régionales.