Arménie : l’archevêque Mikaël Adjapakhian placé en détention, une décision illégale d’après la défense

L’archevêque Mikaël Adjapakhian a été placé en détention provisoire pour deux mois, sous l’accusation d’«appels publics à la prise du pouvoir». Ses avocats dénoncent une décision illégale et partiale, tandis que ses partisans manifestent devant le tribunal. La défense prépare un recours judiciaire.
Le tribunal d'Erevan a arrêté l'archevêque Mikaël Adjapakhian, chef du diocèse de Shirak, a annoncé ce 28 juin son avocat Ara Zograbian. Selon la décision du tribunal, l'archevêque est placé en détention provisoire pour deux mois pour « appels publics à la prise du pouvoir ». L'avocat de l'archevêque a précisé que Mikaël Adjapakhian était soumis à des restrictions de contact avec ses proches.
Ara Zohrabian a souligné que la décision rendue par le tribunal était illégale et injustifiée, accusant le juge de partialité. « Comme vous le savez, notre évêque est accusé en vertu de l’article 422 du Code pénal [de l’Arménie] : appel public à la prise du pouvoir. L’opinion libre de cet évêque a été interprétée comme un appel à s’emparer du pouvoir. Conformément à la décision de la Cour constitutionnelle, pour la qualifier en appel au crime, il doit y avoir une menace directe et réelle de recours à la force. À cet égard, l’opinion de notre évêque ne peut pas être considérée comme un tel appel », a-t-il indiqué aux journalistes.
Le deuxième avocat de l'archevêque, Ierem Sarkissian, a fait remarquer que toutes les accusations contre Mikaël Adjapakhian reposaient uniquement sur une interview qu'il avait donnée en février 2024. Il a également souligné que le principe de non-cumul des sanctions pénales pour un même acte avait été violé.
Ierem Sarkissian ne place pas beaucoup d'espoirs dans l'objectivité du tribunal et estime que le fait que l'affaire ait été confiée précisément à ce juge, Massis Melkonian, n'est pas fortuit. Ce même juge avait auparavant placé en détention un autre archevêque, Bagrat Galstanian, pour des accusations présumées de terrorisme, de troubles à l'ordre public et d'usurpation du pouvoir.
Pendant l'audience, des prêtres et des partisans de l'archevêque se sont rassemblés devant le tribunal d'Erevan pour montrer leur mécontentement face à cette décision. Ara Zohrabian a indiqué que la défense de l'archevêque ferait appel, disposant d'un délai de dix jours. Il a également promis de rendre public l'enregistrement de l'audience à l'issue de la procédure.
Pachinian « bafoue les lois fondamentales » de l'Arménie, selon un député russe
La décision des autorités arméniennes a été critiquée par la diaspora arménienne. Le député de la Douma russe (chambre basse du Parlement), Alexeï Jouravliov, a déclaré à l'agence de presse RIA Novosti que le Premier ministre arménien Nikol Pachinian montait ainsi son propre peuple contre lui. « Il s’avère que [Nikol] Pachinian, en ordonnant des rafles d’archevêques et en prenant d’assaut le Saint-Siège d’Etchmiadzin, bafoue les lois fondamentales de son propre pays. Et ce faisant, il s’aliène évidemment son propre peuple qui, il faut l’avouer, n’a pas trop confiance en ce chef de gouvernement pro-occidental qui entraîne la République au bord du précipice », a-t-il lancé.
Le matin du 27 juin, des agents du Service national de sécurité arménien se sont rendus à la résidence du Catholicos de tous les Arméniens à Etchmiadzin afin d'arrêter l'archevêque Mikaël Adjapakhian, accusé par les autorités arméniennes d'avoir appelé au renversement du pouvoir. Cependant, les forces de l'ordre ont été confrontées à la résistance des fidèles et des prêtres, qui ont bloqué les portes et empêché les forces de sécurité arméniennes d'emmener l'archevêque. La police a ensuite reculé, mais plus tard, le Comité d'enquête arménien a appelé Mikaël Adjapakhian à se présenter devant les forces de l'ordre et a ouvert une enquête pénale pour obstruction à son arrestation par des citoyens.