Human Rights Watch présente «des preuves de crimes contre l’humanité en Syrie»
L'ONG Human Rights Watch a dévoilé aujourd'hui un rapport confirmant l'authenticité des photos de César, le photographe qui a dénoncé les «crimes contre l'humanité», perpétrés en Syrie dans «les centres de détention du gouvernement syrien».
Les photos de César ne mentaient pas. C’est en tout cas ce qu’affirme aujourd’hui la très sérieuse ONG Human Rights Watch. Photographe de la police militaire de Bachar el-Assad, celui qui se fait appeler César a fui la Syrie en juillet 2013, emportant avec lui plus de 53 000 photographies effroyables de corps torturés. En janvier dernier, Bachar el-Assad avait affirmé concernant ces photos que «n’importe qui peut apporter des photos et dire qu’il s’agit de torture. Ce sont des allégations sans preuves».
Onze mois plus tard, un rapport de l’organisation Human Right Watch présenté le 16 décembre à Moscou atteste de «l'authenticité des photographies attribuées à César», écrit l’ONG. «Human Rights Watch a localisé et interviewé 33 parents et amis de 27 victimes, dont les cas ont été examinés par des chercheurs, 37 anciens détenus qui ont été témoins du décès d’autres prisonniers, ainsi que quatre transfuges ayant travaillé dans des centres de détention ou des hôpitaux militaires gérés par le gouvernement syrien, où la plupart des photos ont été prises».
Syria: Stories Behind Photos of Killed Detainees https://t.co/NdGDEb5DL1
— Human Rights Watch (@hrw) 16 Décembre 2015
Le rapport explique que les chercheurs travaillant sur les photos rapportées par César «ont identifié 27 personnes, documenté leur arrestation par le biais des services de renseignement syriens et, dans certains cas, les mauvais traitements et les actes de torture que ces individus ont subis en détention». Mais selon le HRW «ces photographies représentent une infime partie des personnes qui sont mortes alors qu'elles étaient détenues dans les geôles syriennes».
Ce rapport sort alors que les pays occidentaux ont, depuis quelques semaines, changer de position à l’égard de Bachar el-Assad. Son départ n’est ainsi plus une priorité pour les pays luttant contre l’Etat islamique. Cela étant, pour Human Right Watch, «les pays participant aux négociations sur un éventuel accord de paix en Syrie devraient faire de la question du sort des milliers de personnes toujours détenues en Syrie l’une de leurs priorités». Et l’ONG de demander que «Ceux qui œuvrent pour la paix en Syrie doivent s'assurer que les personnes qui ont supervisé ce système répondent pour leurs crimes».
La France, de son côté, a déjà ouvert une enquête visant Bachar el-Assad pour crime contre l'humanité, en se basant là aussi sur les photos de César. A noter que l'ouverture de cette enquête avait eu lieu le 30 septembre dernier, jour du début des frappes russes en Syrie. Et comme la géopolitique ne laisse jamais rien au hasard, c'est cette fois-ci à Moscou, fidèle allié de Bachar el-Assad, que Human Right Watch a décidé de dévoiler son rapport.
Meet Sami Sharif; a doctor detained & tortured in #Syria, interviewed by @amybraunshttps://t.co/NQrEjvpnwzpic.twitter.com/woU29KA2Lb
— Jan Kooy (@KooyJan) 16 Décembre 2015