Le Qatar, pivot de la médiation entre Israël et l'Iran pour un cessez-le-feu

En juin 2025, le Qatar a joué un rôle central dans la médiation d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, sollicité par les États-Unis. Grâce à ses relations avec Téhéran et sa diplomatie agile, Doha a facilité la trêve, malgré l’attaque iranienne sur la base américaine d’Al-Udeid.
En juin 2025, le Qatar s’est imposé comme un acteur clé dans la médiation ayant conduit à un cessez-le-feu fragile entre Israël et l’Iran, sous l’égide des États-Unis. Ce rôle, assumé dans l’urgence d’une escalade militaire de 12 jours, illustre la position unique de Doha : un État du Golfe aux relations équilibrées avec Washington et Téhéran, capable de dialoguer avec des parties en conflit ouvert.
Alors que les tensions culminaient après des frappes israéliennes et américaines sur des sites nucléaires iraniens, suivies d’une riposte iranienne contre une base américaine à Al-Udeid au Qatar, Doha a su exploiter sa diplomatie agile pour désamorcer la crise.
Intermédiaire clé au Moyen-Orient
L’intervention qatarie a débuté lorsque le président américain Donald Trump, cherchant à imposer une trêve, a sollicité l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. Ce dernier, épaulé par le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, cheikh Mohammed ben Abdulrahman Al-Thani, a engagé des discussions avec Téhéran.
L’Iran, initialement réticent, a accepté la proposition américaine après des échanges intenses, facilités par la confiance que Doha inspire aux autorités iraniennes grâce à des années de relations pragmatiques. Le Qatar, qui partage avec l’Iran l’exploitation du champ gazier South Pars, a su tirer parti de cette proximité économique et diplomatique pour convaincre Téhéran de s’engager dans un cessez-le-feu, annoncé par Trump le 23 juin via les réseaux sociaux.
Ce rôle de médiateur n’a pas été sans risques. L’attaque iranienne sur la base d’Al-Udeid, bien que notifiée à l’avance et sans victimes, a placé le Qatar dans une position délicate. Doha a publiquement condamné l’acte, tout en plaidant pour une désescalade immédiate.
Cette double posture, défendre sa souveraineté tout en poursuivant la médiation, a permis au Qatar de maintenir sa crédibilité auprès des États-Unis, qui considèrent Al-Udeid comme un pivot stratégique au Moyen-Orient. En parallèle, le Qatar s'est coordonné avec d’autres acteurs régionaux, comme l’Arabie saoudite et Oman, pour consolider la trêve, bien que son rôle ait été central.
Le succès de cette médiation repose sur l’expérience du Qatar dans la résolution de conflits. Depuis des années, Doha joue les intermédiaires, notamment entre Israël et le Hamas, ou lors de crises régionales impliquant l’Iran. Cette expertise, combinée à une diplomatie discrète et à des investissements dans les relations bilatérales, a permis au Qatar de surmonter les accusations de « double jeu » parfois formulées par ses voisins du Golfe.