Le Hezbollah tente-t-il de se reconstruire militairement ?

Affaibli par la guerre de 2024, le Hezbollah est soupçonné de reconstituer son arsenal, entre production locale de drones et trafics transfrontaliers. En parallèle, il restructure ses forces pour contrer les infiltrations israéliennes, tout en dialoguant avec le président libanais. Les efforts de réarmement restent toutefois incertains.

Depuis la fin de la guerre de l’automne 2024 entre le Hezbollah et Israël, des interrogations persistent : le parti chiite libanais tente-t-il de se réarmer ? Après la destruction de l’essentiel de son arsenal lors du conflit, qui a duré treize mois et causé la mort de milliers de combattants, des rapports, notamment dans la presse israélienne, suggèrent que le Hezbollah serait en train de reconstruire ses capacités militaires.

Le journal Yediot Aharonot rapporte que le groupe aurait lancé une production locale de drones et de roquettes, s’inspirant des tactiques de la guerre russo-ukrainienne. Selon ces sources, l’Iran fournirait des composants pour drones, des explosifs et des fonds, malgré la chute du gouvernement syrien d’Assad en décembre 2024, qui a coupé la principale voie d’approvisionnement du Hezbollah.

Vers une purge au sein de l'organisation ?

Officiellement, le Hezbollah nie toute escalade. Contacté par des médias, le porte-parole du groupe, Youssef Zein, a qualifié ces informations de « campagne médiatique » visant à justifier les frappes israéliennes, malgré le cessez-le-feu du 27 novembre 2024. Une source sécuritaire du parti a également refusé de commenter. Pourtant, des indices concrets, cités par des médias, alimentent les soupçons.

En juin 2025, les autorités syriennes ont intercepté à Talkalakh, près de la frontière libanaise, une cargaison de 200 roquettes iraniennes de 107 mm, probablement destinées au Hezbollah. L’expert militaire Riad Kahwaji y voit la preuve d’efforts continus de réarmement, malgré les dialogues en cours avec le président libanais Joseph Aoun sur le désarmement.

Ce dialogue, initié par le chef d’État libanais et le Premier ministre Nawaf Salam, vise à instaurer un monopole étatique sur les armes, une allusion directe à l’arsenal du Hezbollah. Salam a annoncé que l’armée libanaise avait démantelé plus de 500 positions du groupe au sud du Litani depuis novembre 2024.

Cependant, l’expert Nicholas Blanford, du think tank américain Atlantic Council, doute qu’une production massive de drones soit en cours, étant donné la surveillance israélienne constante. Il estime que le Hezbollah se concentre davantage sur une restructuration interne, éliminant les informateurs et rationalisant ses forces après des infiltrations israéliennes majeures. « Plus une organisation est grande, plus elle est vulnérable », explique-t-il, notant que le groupe réduit ses effectifs pour limiter les failles sécuritaires.