«L’importation de violeurs et d’assassins pour une somme dérisoire» : motion de censure contre la ministre estonienne sur l'accueil de prisonniers suédois

L'accord conclu par l'Estonie pour accueillir jusqu'à 600 prisonniers suédois dans une prison estonienne a suscité des critiques à l'encontre de la ministre estonienne de la Justice, Liisa-Ly Pakosta. L'opposition a déposé une motion de censure, qualifiant cet accord d'«importation de violeurs et d’assassins pour une somme dérisoire».
Les représentants des quatre groupes parlementaires d'opposition : du Parti centriste, du Parti populaire conservateur d'Estonie, du Parti chrétien-démocrate et national-conservateur Isamaa ainsi que du Parti social-démocrate ont déposé une motion de censure contre la ministre estonienne de la Justice et des Affaires numériques, Liisa-Ly Pakosta, à la suite de la décision du ministère estonien de la Justice d'accueillir des prisonniers suédois en Estonie, a rapporté ERR en citant un communiqué commun des partis d'opposition.
Selon le projet d'accord, jusqu'à 600 prisonniers suédois purgeront leur peine dans les 300 cellules de la prison de Tartu, dans l'est de l'Estonie, ce qui rapportera 30,6 millions d'euros par an à l'État. ERR précise que si des cellules supplémentaires s'avèrent nécessaires, la Suède paiera 8 500 euros par détenu, et le coût de l'accord sera indexé à la hausse de 3,5 % chaque année.
Le président du Parti populaire conservateur d'Estonie, Martin Helme, a déclaré que le transfert depuis la Suède vers la prison de Tartu de 600 détenus condamnés pour des crimes particulièrement graves pourrait considérablement accroître les risques pour la sécurité de l'Estonie.
« Si en endossant la responsabilité des erreurs du parquet, Pakosta a cherché à détourner l’attention du fait qu’en tant que ministre, elle ne peut intervenir dans ce domaine, car l’Estonie est un État de droit, la location de places de prisons et l’importation de violeurs et d’assassins dans la prison de Tartu pour une somme dérisoire reste une initiative personnelle de Pakosta et elle doit en assumer la responsabilité politique », a-t-il indiqué.
Le président du Parti chrétien-démocrate et national-conservateur Isamaa, Helir-Valdor Seeder, a souligné que ce projet mettait en danger la sécurité des personnes. Il a également souligné que la ministre de la Justice avait « caché » ses véritables intentions au public, affirmant que rien n'avait encore été convenu et que les options de location de places dans les prisons étaient toujours à l'étude.
Le 11 juin, lors d'une réunion extraordinaire en ligne, le gouvernement a décidé de demander au conseil d'administration du Riigikogu (parlement estonien) d'examiner la motion de censure contre la ministre de la Justice et des Affaires numériques, Liisa-Ly Pakosta, au Parlement le 12 juin, dès que possible. Au cours de la réunion, 42 députés de l'opposition ont pris l'initiative de proposer une motion de censure à l'encontre de la ministre de la Justice et des Affaires numériques.
La décision de louer des prisons a également été évoquée en France. Le 13 mai, le président français Emmanuel Macron a déclaré qu'il était prêt à louer des cellules dans d'autres pays en raison de la surpopulation carcérale en France. Cependant, cette annonce controversée a suscité des critiques. Jean-Philippe Tanguy, membre du Rassemblement national, a qualifié cette décision de « pitoyable » et a également souligné que la responsabilité de la surpopulation carcérale incombait au gouvernement français.