Crise ouverte entre Alger et Abou Dabi après des propos polémiques sur l’identité algérienne

Dans un communiqué virulent, la Télévision d’État algérienne a dénoncé une campagne médiatique orchestrée depuis les Émirats arabes unis, accusés de vouloir saper l’unité et l’histoire de l’Algérie. Une escalade verbale inédite, révélatrice de tensions profondes sur fond de guerre d’influence idéologique dans le monde arabe.
La Télévision d’État algérienne (ENTV) a publié le 2 mai au soir un communiqué au ton rarement aussi offensif, accusant les Émirats arabes unis de mener une campagne médiatique de déstabilisation contre l’Algérie. Le texte évoque une « atteinte délibérée à l’identité, à l’histoire et à l’unité nationale », qualifiant l’attaque d’inacceptable et franchissant toutes les lignes rouges.
La crise a été déclenchée par la diffusion sur Sky News Arabia, une chaîne aux capitaux émiratis, d’un entretien avec l’historien algérien Mohamed Amine Belguith, dans lequel des propos sensibles ont été tenus, notamment sur des questions ethniques et raciales liées à l’histoire de l’Algérie.
L’intéressé avait affirmé, lors du débat télévisé, que l’amazighité serait un « projet franco-sioniste », des déclarations largement relayées tant dans les médias que sur les réseaux sociaux et perçues comme une grave atteinte à l’unité nationale.
L'identité nationale érigée en ligne rouge
Dans son communiqué, l’ENTV accuse Abou Dabi de recourir à une stratégie de subversion idéologique, en instrumentalisant des figures médiatiques pour semer la discorde. Les Émirats sont qualifiés de « dépourvus de légitimité historique et de souveraineté réelle », dérangés par la stabilité et la résilience de l’État algérien.
L’Algérie, souligne le texte, promet de ne pas rester passive face à ces attaques, affirmant que l’atteinte à son identité ne sera ni oubliée ni pardonnée.
Perçus comme des tentatives de réécriture identitaire, ces propos ont provoqué un tollé dans les milieux médiatiques et politiques algériens. « Cette fois, les Émirats arabes unis ont franchi la ligne rouge avec l’Algérie », a notamment titré TSA Algérie.
Des propos polémiques aux conséquences judiciaires
Dans la foulée de cet « incident » médiatique, une enquête judiciaire a été ouverte en Algérie pour des chefs d’inculpation liés à l’atteinte à l’unité nationale, la remise en cause des symboles de la République et la diffusion de discours de haine via les technologies de l’information.
Le journal El Moudjahid a rapporté que Mohamed Amine Belghit a été placé en détention provisoire, une décision annoncée le 3 mai par le procureur de la République près le tribunal de Dar El Beïda. Le parquet considère ces propos comme une violation des principes constitutionnels, une transgression de l'identité nationale et une incitation à la haine.
Une enquête judiciaire a été ouverte pour des chefs d’inculpation liés à l’atteinte à l’unité nationale, la remise en cause des symboles de la République et la diffusion de discours de haine via les technologies de l’information.