Sergueï Lavrov : «La Russie ne négocie pas sa propre souveraineté»

Négociations avec les Etats-Unis, poursuite de l'opération militaire spéciale en Ukraine, sanctions occidentales - le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aborde un éventail de sujets dans une interview à la chaîne américaine CBS.

« En parlant de l’Ukraine et des relations stratégiques avec les États-Unis, j'ai souligné de manière répétée notre volonté de rechercher un équilibre des intérêts », a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d'un entretien à la chaîne américaine CBS ce 27 avril. 

Selon Sergueï Lavrov, les pourparlers avec les États-Unis continuent de manière sérieuse et confidentielle. Il a cité le secrétaire d'État américain Marco Rubio, qui a reconnu publiquement une meilleure compréhension de la position russe, soulignant qu'« aucun effort n'avait été fait » sous l'administration Biden pour comprendre la Russie. Le ministre a précisé que ces discussions visaient à trouver un terrain d'entente sans « négociations à travers les médias », comme cela avait été le cas sous d'autres administrations.

La Crimée et les droits des Russes en Ukraine

Interrogé sur les récents propos de Donald Trump concernant la Crimée, le chef de la diplomatie russe a estimé que l'ancien président américain avait « dit la vérité » en rappelant que la péninsule est sous souveraineté russe. Il a notamment reproché aux Occidentaux d'ignorer les dispositions de la Constitution ukrainienne garantissant « le développement libre, l’usage et la protection de la langue russe » et des autres minorités ethniques. « Personne en Europe ni aux États-Unis n’ose parler des droits de l’Homme en Ukraine », a-t-il affirmé.

Le ministre russe des Affaires étrangères a également précisé que Moscou n’envisageait aucune négociation concernant la Crimée, la considérant comme un territoire russe définitif. « La Russie ne négocie pas sa propre souveraineté », a-t-il rappelé.

Sanctions et poursuite des frappes militaires ciblées

Sur la question des sanctions, Sergueï Lavrov a confirmé que la Russie n’en réclamait pas la levée, rappelant que l’économie russe avait su s’adapter. Il a déclaré à CBS que « la Russie est désormais autosuffisante » et qu'elle voit d’un œil critique toute tentative soudaine des Américains de revenir sur les restrictions pour « inonder le marché russe ».

Concernant les frappes en Ukraine, Sergueï Lavrov a répété que « la Russie cible uniquement des objectifs militaires ou des infrastructures civiles utilisées par les forces armées ukrainiennes ». Contrairement au régime de Kiev, a-t-il ajouté, Moscou ne frappe pas délibérément les civils.

Il a également insisté sur la nécessité de garanties solides pour éviter qu'une trêve ne soit exploitée par Kiev pour se réarmer, rappelant les échecs des accords de 2014 et de 2022. Selon lui, Moscou soutient l’initiative de Donald Trump pour un cessez-le-feu de 30 jours, « à condition que les erreurs du passé ne se répètent pas ».