Vers la gratuité des canaux de Panama et Suez pour les navires américains ?

Donald Trump exige que les navires militaires et commerciaux américains puissent emprunter sans frais les canaux de Panama et de Suez, affirmant que ces infrastructures stratégiques n'existeraient pas sans l’intervention historique et les investissements massifs des États-Unis dans ces régions essentielles au commerce mondial.
Le 26 avril, Donald Trump a publié un message sur sa plateforme Truth Social pour réclamer que les navires américains, militaires et commerciaux, puissent circuler librement et sans frais à travers les canaux de Panama et de Suez. Il a affirmé que « les canaux n’existeraient pas sans les États-Unis d’Amérique ». Il a ajouté qu’il avait ordonné à son secrétaire d'État, Marco Rubio, de « régler immédiatement » cette question, faisant référence à l’exigence de gratuité pour les navires américains.
Le président américain laisse entendre que les États-Unis, à l’origine de la construction du canal de Panama au début du XXᵉ siècle, devraient continuer d’avoir des droits historiques sur cette voie stratégique. Il reproche aux autorités panaméennes de continuer à imposer des frais élevés aux navires américains, alors que les États-Unis, selon lui, garantissent la stabilité et la sécurité de la région.
« Le canal reste sous contrôle panaméen », a réagi le président panaméen José Raúl Mulino, rappelant que les tarifs de passage étaient décidés par l’Autorité du canal de Panama, une entité indépendante. « Aucun accord n'a été conclu pour accorder un passage gratuit aux navires américains », a-t-il insisté.
Pressions accrues sur le canal de Suez
Donald Trump a également élargi sa demande au canal de Suez, en Égypte. Ce passage, essentiel pour relier la Méditerranée à la mer Rouge, a vu ses recettes plonger de 60 % en 2024 à cause des attaques des rebelles houthis contre les navires marchands. De nombreux armateurs ont dû contourner l’Afrique, entraînant des hausses importantes des coûts de transport.
Face à cette situation, les États-Unis mènent une campagne militaire contre les positions houthies, campagne intensifiée sous l'administration Trump avec des frappes aériennes quasi quotidiennes. Le président américain a affirmé que ces opérations militaires continueraient « jusqu'à l’élimination de toute menace contre la navigation commerciale ».
Donald Trump rappelle également que les États-Unis ont joué un rôle majeur dans la crise de Suez de 1956, en obtenant le retrait des forces britanniques, françaises et israéliennes, ce qui a permis à l'Égypte de conserver la souveraineté sur le canal. Il estime que cette histoire justifie aujourd’hui l’exigence américaine d’un passage prioritaire et sans frais.
Un contexte de rivalité stratégique avec la Chine
En toile de fond de ces exigences, Donald Trump dénonce l'influence croissante de la Chine dans les infrastructures maritimes stratégiques, notamment autour du canal de Panama. En février, le Panama a d'ailleurs retiré son adhésion aux accords de la Belt and Road Initiative sous la pression de Washington. Donald Trump a également accusé la société hongkongaise CK Hutchison, perçue comme un relais des intérêts chinois, de contrôler les ports de Balboa et Cristóbal situés aux extrémités du canal. Face à la pression exercée par l'administration Trump, CK Hutchison a accepté en mars de vendre ses parts dans ces ports à un consortium mené par l'américain BlackRock, ce que le président a salué comme une « reprise » du canal par les États-Unis.
Pour Donald Trump, garantir un accès libre et sécurisé aux grandes voies maritimes est indispensable non seulement pour les intérêts économiques américains, mais aussi pour réduire l'influence chinoise sur le commerce mondial.