Paludisme : l’Afrique risque de demeurer le continent le plus touché par la maladie au-delà de la date prévue pour l’éradication en 2030

La journée internationale de lutte contre le paludisme ce 25 avril relance l’urgence d’éradiquer cette maladie parasitaire, qui malgré les progrès réalisés, continue de toucher durement le continent africain avec des perspectives quelque peu inquiétantes quant à l’éradication des infections à l’horizon 2030. Explications.
Pour cette Journée mondiale de lutte contre le paludisme, instaurée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) depuis 2007, l’organisation a appelé redoubler d’efforts à tous les niveaux pour aboutir à l’éradication de la maladie prévue par le document adopté par l’OMS en mai 2015, intitulé Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030. Si la lutte contre la maladie a fait des progrès remarquables à l’échelle mondiale, en prévenant plus de 2 milliards de cas d’infection et près de 13 millions de décès depuis l’année 2000, beaucoup d’efforts restent à faire. La tâche risque d’être encore plus ardue avec le démantèlement de l’aide au développement décidée par l’administration Trump, qui compromet encore plus l’objectif d’éradication de la maladie pour l’année 2030.
À l’approche de la saison des pluies, notamment en Afrique, qui demeure le continent le plus durement impacté par cette infection parasitaire transmise par les moustiques, la suspension de l’agence américaine pour l’aide au développement (USAID) n’a pas fait que semer la confusion dans les milieux sanitaires, elle a aussi perturbé les efforts pour maîtriser les infections. Les chiffres les plus récents de l’OMS, qui datent de 2023, font état d’un bilan de 597 000 morts à cause de la maladie.
« La région africaine est la plus touchée par le paludisme, représentant environ 94 % des cas mondiaux et 95 % des décès liés au paludisme en 2023. Un peu plus de la moitié de ces décès sont survenus dans quatre pays : le Nigeria (30,9 %), la République démocratique du Congo (11,3 %), le Niger (5,9 %) et la République-Unie de Tanzanie (4,3 %) », détaille le rapport de l’OMS, rendu public en décembre 2024.
Une prévention difficile
Pour prévenir la maladie, la distribution préventive d’antipaludéens pendant la saison des pluies est une activité particulièrement délicate qui nécessite plusieurs mois de préparation pointue. Tout retard pourrait se révéler lourd de conséquences quant aux taux d’infection, voire de mortalité dus à la maladie. À ce propos, cité par Le Monde, James Tibenderana, directeur général de l’ONG britannique Malaria Consortium a déclaré : « Il y a des craintes que ça ne puisse pas démarrer à temps dans certains pays d’Afrique de l’Ouest où nous intervenons, quand les pluies commenceront en juin-juillet ».
Autre problème conséquent au manque de ressources (pénalisées notamment par les décisions de l’administration américaine), le retard dans l’acheminement et la distribution des produits de prévention, à savoir les moustiquaires, les insecticides, les traitements, etc. Le temps presse pour Dorothy Achu, chef de l’équipe paludisme et maladies tropicales au bureau Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a alerté que « le paludisme se soigne, mais, chez les jeunes enfants, cette maladie devient vite mortelle quand la prise en charge tarde ».
Une priorité nationale pour 11 pays d’Afrique
Selon l’OMS, un nombre grandissant de pays ont fait de la lutte et de l’élimination du paludisme une priorité nationale. Pas moins de 11 pays africains à forte charge de morbidité, avaient signé la Déclaration de Yaoundé en mars 2024, dans une décision saluée par Dr Daniel Ngamije, directeur du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l'OMS, qui a déclaré à ce propos : « Les ministres se sont engagés à renforcer leurs systèmes de santé, à accroître les ressources nationales, à renforcer l'action multisectorielle et à garantir un mécanisme de responsabilisation solide », avant d’ajouter que « c'est le type de leadership derrière lequel le monde doit se rallier ».