Le Hezbollah propose un troc au gouvernement libanais pour garder son arsenal

Pour maintenir son arsenal militaire, le Hezbollah dit vouloir restituer à l’État la décision de la guerre et de la paix. Le nouveau président libanais Joseph Aoun avait pourtant appelé au monopole des armes au sein des forces régulières.
Décidément, le Hezbollah est prêt à tout pour garder son arsenal. Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le mouvement chiite libanais n'a cessé de reculer sur la scène politique libanaise, perdant ses anciennes prérogatives. Pour tenter de garder ses armes, l'organisation pro-iranienne est prête à un troc avec le gouvernement libanais.
Dans son allocution devant le Parlement, lors du débat sur l’octroi de la confiance au gouvernement de Nawaf Salam, Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire de la «fidélité à la résistance», a appelé à un accord élargi sur une «stratégie de défense» et s’est dit réceptif à tout dialogue sur les armes. En face, le président Joseph Aoun se montre, lui, plus ferme et appelle sans ambiguïté au monopole des armes par l’État libanais.
Le Hezbollah tient à ses armes
Plutôt que de désarmer la milice chiite, la stratégie de défense envisagée semble viser une forme d’intégration partielle de ses armes au sein des forces armées officielles. Le parti justifie cette approche en affirmant que l’intégration de dizaines de milliers de combattants chiites dans l'armée pourrait perturber les équilibres internes. Il semble ainsi proposer un modèle inspiré du Hachd el-Chaabi en Irak.
Créée en 2014 pour mobiliser des volontaires contre l’État islamique, cette coalition paramilitaire, largement soutenue par Téhéran, a rapidement surpassé l’armée régulière en influence et en puissance. Bien qu’elle reste formellement sous l’autorité du gouvernement irakien, son poids politique et militaire lui confère une autonomie significative.
«L’objectif est plutôt de permettre au gouvernement et au Hezbollah de synchroniser leurs efforts pour garantir la libération du territoire libanais. Par exemple, si besoin, le Hezbollah mènerait une opération contre une position occupée. Une façon de faire pression sur Israël sans que le Liban officiel n’en subisse les conséquences, tout en permettant à l’État d’avoir son mot à dire dans les questions stratégiques», explique une source du Hezbollah à L'Orient-Le Jour.
Le Hezbollah propose donc à l’État de lui restituer la décision de la guerre et de la paix, en échange du maintien de ce qui reste de son arsenal.