«Il ne reste plus de stocks d’armes en Europe et en Ukraine», affirme le directeur de Rheinmetall
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Les stocks d’armes en Europe et en Ukraine seraient aujourd’hui totalement épuisés: c'est ce qu'a affirmé Armin Papperger, directeur de Rheinmetall, dans une interview au Financial Times. Il souligne également que les Européens sont exclus des négociations sur l’Ukraine, relégués à un rôle secondaire face aux discussions entre Washington et Moscou.
«Les Européens et les Ukrainiens n'ont rien dans leurs entrepôts d'armes», a déclaré Armin Papperger, directeur exécutif du groupe de défense allemand Rheinmetall, dans une interview au Financial Times. Selon lui, la demande d’armement en Europe restera élevée, même après la fin du conflit en Ukraine. Papperger a mis en avant le manque d’investissement des pays européens dans la défense, estimant que cela a conduit à une incapacité à reconstituer leurs stocks militaires.
Le Financial Times rappelle que les dépenses militaires des pays de l’UE ont augmenté de plus de 30 % entre 2021 et 2024, atteignant 326 milliards d’euros, soit environ 1,9 % du PIB européen. Cependant, cette hausse est jugée insuffisante face aux besoins croissants. Le président américain Donald Trump a annoncé son intention de réduire fortement le soutien militaire à l’Europe. Cette déclaration a suscité des inquiétudes parmi les gouvernements européens, qui redoutent une dépendance encore plus grande à leurs propres capacités de production d’armement.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré plus d'une fois que de plus grandes livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine ne modifieraient pas la situation sur le front, mais prolongeraient simplement le conflit. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a ajouté que tout convoi transportant des armes pour Kiev serait considéré comme une cible légitime.
L’Europe reléguée à «la table des enfants»
Armin Papperger a également souligné le rôle marginal des Européens dans les discussions sur l’Ukraine. «Si les parents dînent, les enfants doivent s'asseoir à une autre table», a-t-il déclaré au Financial Times. «Les États-Unis négocient avec la Russie, et il est devenu évident que les Européens sont des enfants». Selon lui, cette situation est le résultat direct du faible investissement des Européens dans leur propre défense. «Si vous n’investissez pas, si vous n’êtes pas forts, vous êtes traités comme des enfants», a-t-il ajouté.
Le Financial Times note que la conférence de Munich sur la sécurité a confirmé cette mise à l’écart des Européens. Pendant que Washington et Moscou discutent d’un règlement du conflit, les dirigeants européens ne sont pas impliqués dans les négociations principales. Sergueï Lavrov a déclaré que la présence des Européens dans ces discussions n’avait aucun intérêt si leur objectif était simplement de «geler le conflit afin de réarmer Kiev». Moscou ne souhaite pas un simple cessez-le-feu, mais une paix «durable garantissant la sécurité à long terme».