Indépendance du Groenland : le dirigeant de l’île appelle à «aller de l’avant»
Lors de son discours du Nouvel An, le Premier ministre du Groenland a souligné son désir d’obtenir l’indépendance vis-à-vis du Danemark. Des déclarations qui surviennent alors que Donald Trump vient de réitérer son intérêt pour la «propriété et le contrôle» de ce territoire.
«Il est désormais temps de franchir une nouvelle étape pour notre pays», a déclaré le Premier ministre du Groenland, Mute Egede, dans son discours du Nouvel An. «Comme d’autres pays du monde, nous devons œuvrer pour éliminer les obstacles à la coopération – que nous pouvons décrire comme les chaînes du colonialisme – et aller de l’avant», a-t-il poursuivi, selon des propos rapportés le 3 janvier par Reuters.
«Les travaux visant à créer les conditions d’un Groenland indépendant ont déjà commencé», a-t-il également souligné.
«Il est nécessaire de prendre des mesures importantes… La prochaine période électorale devra, avec les citoyens, créer ces nouvelles étapes», a-t-il ajouté, selon Politico, qui y perçoit un sous-entendu quant à la tenue d’un référendum à l’occasion des prochaines élections parlementaires qui doivent avoir lieu d’ici début avril.
Territoire autonome du Danemark depuis 1953, le Groenland peut déclarer son indépendance en vertu d’un accord en 2009. Une indépendance qu’il ne peut déclarer qu’après un référendum réussi.
«La propriété et le contrôle du Groenland sont une nécessité absolue», estime Trump
Donald Trump a récemment renouvelé son intérêt pour l’acquisition du Groenland. «Aux fins de la sécurité nationale et de la liberté dans le monde entier, les États-Unis d’Amérique estiment que la propriété et le contrôle du Groenland sont une nécessité absolue», avait-il déclaré le 22 décembre sur Truth Social.
«Le Groenland est à nous», avait déclaré le lendemain, sur Facebook, Mute Egede. «Nous ne sommes pas à vendre et ne le serons jamais», avait-il enchaîné. Avant d'ajouter : «Tout ne peut pas se passer au Danemark.»
«Nous ne commentons pas les commentaires», a de son côté déclaré Anouar El Anouni, porte-parole de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, cité par Politico qui a rappelé que l’île était en grande majorité peuplée de «citoyens de l’UE». De fait seuls 2 000 de ses 57 000 habitants «ne sont pas Danois».
«Le Groenland est groenlandais», selon le Premier ministre danois
Le président élu des États-Unis, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier, a déjà fait part, par le passé, de son intérêt vis-à-vis d’une acquisition du Groenland. «Le concept a surgi et j’ai dit que stratégiquement, c’est certainement intéressant et que nous serions intéressés», avait déclaré Trump à des journalistes, le 18 août 2019, précisant que ce n’était pas «la priorité numéro un».
Quelques jours plus tôt, le Wall Street Journal avait révélé que le magnat de l’immobilier s'était «montré à plusieurs reprises intéressé par l’achat» de l’île.
«Je ne veux pas prédire l'issue de l'affaire. Je dis simplement que le président, qui s'y connaît un peu en matière d'achat de biens immobiliers, veut jeter un œil à l'achat du Groenland», avait déclaré le même jour à la chaîne Fox News le conseiller économique à la Maison Blanche Larry Kudlow, qualifiant le Groenland d’«endroit stratégique» disposant de «beaucoup de minéraux précieux».
«Une discussion absurde», avait estimé dans la foulée, depuis le Groenland, la Première ministre danoise Mette Frederiksen, à l’hebdomadaire Sermitsiaq. «Le Groenland n’est pas danois. Le Groenland est groenlandais», avait-elle ajouté.