Ukraine : les tarifs de transit du gaz quadrupleront en 2025
À partir du 1er janvier 2025, les tarifs de transport du gaz en Ukraine connaîtront une augmentation de 305 %, une décision visant à compenser les pertes dues à l'arrêt du transit du gaz russe. Une mesure qui suscite de nombreuses réactions dans le pays.
La Commission nationale de régulation de l'énergie et des services publics (NKREKU) de l’Ukraine a annoncé une hausse significative des tarifs de transport du gaz, multipliant ces derniers par quatre dès le 1er janvier 2025. Le tarif passera de 160 hryvnias (environ 3,8 dollars) à 660 hryvnias (15,69 dollars) pour 1 000 mètres cubes de gaz. Cette décision découle de l’expiration du contrat de transit avec la Russie, prévue le 31 décembre 2024. Kiev percevait entre 700 et 800 millions de dollars par an grâce à ce transit.
Dmytro Lippa, directeur général de l’opérateur ukrainien GTS, a expliqué cette augmentation : «En 2024, 85 % de nos revenus provenaient du transport de gaz en provenance de Russie. En d’autres termes, il nous restait seulement 15 % de recettes provenant de nos clients nationaux. Cette augmentation des tarifs n’est pas suffisante pour une compensation totale, mais nous comprenons que l’économie ukrainienne a besoin de décisions équilibrées.»
Une économie ukrainienne sous pression
Cette décision a été accueillie avec inquiétude par les acteurs économiques ukrainiens. Selon Xenia Orintchak, directrice de l’Association nationale de l’industrie extractive, «cette hausse place l’ensemble de l’industrie extractive ukrainienne face à un choix : fermer les entreprises ou travailler à perte». La Fédération des employeurs d’Ukraine a également averti que cette augmentation «aurait des conséquences désastreuses pour l’économie ukrainienne et provoquerait une vague de licenciements», tout en dénonçant l’absence de calculs détaillés de la part du régulateur pour justifier cette décision.
Les industriels ne sont pas seuls à s’inquiéter. Serguiï Belenky, président de la Fédération des métallurgistes d’Ukraine, a déclaré au portail ukrainien Online.ua : «Pour notre industrie, cela représente une charge supplémentaire annuelle de 300 millions de hryvnia [environ 7 millions de dollars]. Dans les conditions actuelles, nous ne pouvons tout simplement pas supporter un tel coût supplémentaire».
L’augmentation tarifaire affectera également les consommateurs domestiques. Cette hausse va rendre l’énergie inabordable pour une grande partie de la population ukrainienne.
Des impacts au-delà des frontières ukrainiennes
Les effets de cette décision pourraient se faire sentir également au niveau européen. En effet, bien que plusieurs pays de l’UE aient réduit leur dépendance au gaz russe, des États comme la Slovaquie, la Hongrie et l’Autriche restent tributaires de ces approvisionnements. Le 15 décembre, le Premier ministre slovaque Robert Fico a averti que l’arrêt du transit gazier pourrait causer des dommages économiques «30 fois plus importants pour l’UE que pour la Russie», soit environ 60 à 70 milliards d’euros par an.
L’Ukraine, en revanche, maintient sa position. Le ministre ukrainien de l’Énergie, Guerman Galouchtchenko, a affirmé : «Nous trouverons des alternatives pour compenser les pertes mais l’arrêt du transit russe est un choix stratégique.»
Malgré les efforts de l'opérateur GTS pour optimiser ses coûts, notamment en fermant des stations de compression et en réduisant ses effectifs, la hausse tarifaire pourrait ne pas suffire à combler les pertes estimées.