Le Kenya augmente sensiblement ses importations de blé en provenance de la Russie
Les exportations russes vers le Kenya ont connu une augmentation très rapide, faisant passer la Russie au septième rang des pays exportateurs vers ce pays d'Afrique de l'Est. Cette progression est principalement due à une hausse significative des commandes de blé russe.
Les exportations russes vers le Kenya ont connu une croissance spectaculaire au deuxième trimestre de 2024, propulsant la Russie au rang de septième source d'importation du pays, selon le Bureau national des statistiques du Kenya (KNBS). Cette hausse est principalement attribuée à l'augmentation des commandes de blé et d'engrais.
D’après le KNBS, la valeur des importations russes a atteint 25,62 milliards de shillings kenyans (environ 198,5 millions de dollars américains), enregistrant une hausse de 74,22% par rapport à l'année précédente. Les exportations de blé ont été un facteur clé de cette dynamique, représentant plus des trois quarts des importations en provenance de Russie. Les expéditions de blé, de méteil et de blé dur ont atteint 21,66 milliards de shillings (environ 167,5 millions de dollars américains), consolidant la position de la Russie comme principal fournisseur de blé non moulu pour le Kenya.
En plus du blé, les engrais chimiques ont également contribué à cette croissance. Ils représentent environ 12% des importations totales en provenance de Russie, soit une valeur de 3,15 milliards de shillings (environ 24,4 millions de dollars américain). Cette montée en puissance des importations russes a permis à la Russie de dépasser des partenaires commerciaux traditionnels du Kenya, comme l'Arabie Saoudite et l'Afrique du Sud.
L'essor des importations de blé est en partie dû à la politique gouvernementale kényane, qui a réduit les droits de douane sur cette denrée à 10% en juillet 2023, contre un taux habituel de 35% pour la Communauté d’Afrique de l’Est. Cette réduction a encouragé les meuniers kenyans à se tourner davantage vers la Russie pour leurs approvisionnements, en particulier dans un contexte où les prix du blé avaient flambé après une période de sécheresse sévère et les perturbations causées par la situation en Ukraine.
Les importations de blé non moulu ont ainsi augmenté de 62,97%, atteignant 817 740 tonnes au cours du trimestre qui s’est achevé en juin 2024. Cette hausse a contribué à stabiliser les prix de la farine de blé, qui avaient franchi la barre des 200 shillings (environ 1,50 dollar américain) par paquet de deux kilogrammes en 2023, mais sont depuis redescendus à 170,24 shillings (environ 1,30 dollar américain).
Contexte
Le Kenya, qui dépend des importations pour répondre à environ 75% de sa demande de blé, a dû faire face à des hausses de prix record à partir de la fin 2022, aggravées par la sécheresse et les perturbations liées au conflit en Ukraine. Le Trésor national a cherché à atténuer ces effets en réduisant les droits d'importation, permettant ainsi aux meuniers kenyans d'accéder à des approvisionnements à moindre coût, notamment en provenance de la Russie. L'essor des importations de blé russe reflète l'évolution des flux commerciaux mondiaux dans un contexte de crise, où les corridors d'exportation ont été perturbés malgré les efforts diplomatiques visant à maintenir les échanges de céréales. Cette situation a permis à la Russie de renforcer ses relations commerciales avec le Kenya, tout en accroissant sa présence en Afrique de l'Est.