737 Max : selon un ancien responsable de Boeing, plus de 1 000 appareils seraient dangereux

737 Max : selon un ancien responsable de Boeing, plus de 1 000 appareils seraient dangereux© Sergueï Mamontov / RIA Novosti
Un Boeing 737 MAX au Salon aéronautique international du Bourget 2017 en France, le 20 juin 2017 (photo d'illustration).
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Un ex-responsable du programme 737 Max devenu lanceur d’alerte, Ed Pierson, accuse Boeing d’avoir dissimulé des informations sur des problèmes électriques du vol 302 d’Ethiopian Airlines qui s’est écrasé en mars 2021 à Addis-Abeba. En raison de problèmes de production, 1 000 appareils pourraient être exposés à des pannes électriques.

Ed Pierson n’entend pas laisser Boeing s’en tirer à si bon compte. Cet ex-responsable du programme 737 Max, resté dix ans chez le géant américain de l’aéronautique, a publié le 22 août sur le site du groupe de défense qu’il a créé, The Foundation for aviation safety, une série de documents accusant son ex-employeur d’avoir caché aux autorités américaines des problèmes de production pouvant avoir été à l’origine des crashs de la Lion Air et d’Ethiopian Airlines.

Deux catastrophes aériennes, survenues respectivement en octobre 2018 et mars 2019 et qui ont causé la mort de 346 personnes. Dans la foulée du crash d’Ethiopian Airlines, l’ensemble des 737 Max avaient été cloués au sol durant près de deux ans.

«Boeing a toujours nié que des défauts de fabrication aient joué un rôle dans les deux accidents du 737 Max. C’est tout simplement faux, et ce rapport de Boeing le prouve» lance Pierson dans une note explicative, jointe à trois documents ainsi qu’à une copie de son courrier adressé à Jennifer Homendy, présidente du Conseil national de la sécurité des transports (NTSB) des Etats-Unis.

Vol 302 : un «incident très inhabituel», signalé à Boeing quatre mois avant le crash

Parmi les trois pièces publiées par Pierson, l’une d’elle est présentée par le lanceur d’alerte comme un historique d’échanges en décembre 2018 entre l’avionneur et Ethiopian Airlines. Dans ce document, Ethiopian Airlines signale le 7 décembre 2018 à Boeing que son 737 Max immatriculé ET-AVJ (l’appareil qui s’est écrasé le 10 mars peu après son décollage d'Addis-Abeba, ndlr.) a réalisé «un roulis intempestif à basse altitude».

Un «incident très inhabituel», commente Pierson, qui souligne que ce signalement a été effectué «trois semaines seulement après la livraison de l’avion» et quatre mois avant son crash. «Un roulis non commandé peut être très dangereux, car il peut surprendre les pilotes et potentiellement entraîner une perte de contrôle de l’avion en fonction de leur réaction», ajoute-t-il.

Toujours selon ce document, après avoir transmis les données de l’enregistreur de vol, l’industriel répond qu’il «soupçonne une panne intermittente» dans le câblage de l’appareil et fournit des indications à la compagnie aérienne pour qu’elle effectue des tests sur différents connecteurs. Des conseils légers aux yeux de l’ancien cadre de Boeing.

Comme le souligne ce dernier, la «majeure partie» du système d’interconnexion du câblage électrique de l’appareil (EWIS) «est enterrée sous le plancher», demeurant «inaccessible à moins que l’avion ne soit démonté» dans le cadre d’une lourde opération de maintenance. «Au lieu de cela, Boeing a donné aux Éthiopiens des conseils de dépannage de base basés sur l’analyse technique de Boeing, et l’avion a continué à voler jusqu’à ce qu’il s’écrase plus tard», déplore Pierson.

Boeing : des employés sous pression, des signalements à la FAA

Celui-ci affirme également que de multiples manquements ont été relevés lors de contrôles qualité internes de l’installation de l’EWIS du fameux appareil d’Ethiopian. Des incidents répertoriés dans l’un des documents, en partie caviardé, présenté comme le SAT Record (Shipside Action Tracker). Selon Pierson, ce document «rendu public pour la première fois» a été créé en «septembre/octobre 2018 pendant la fabrication de l’avion» à l’usine de Renton, dans la banlieue de Seattle, où Boeing assemble ses Max et P-8 Poseidon.

Parmi ces signalements, que vulgarise Pierson dans sa note, «pas assez de pièces électriques», «faisceau de câbles électriques mal installé» ou encore «les employés ne savent pas quelles pièces électriques ont été installées sur l'avion».

Dans la même veine, la troisième pièce que joint Pierson à ce dossier à charge contre Boeing est un rapport de la Federal Aviation Administration (FAA). Datant de 2018, soit l’année avant le crash d’Ethiopian Airlines, ce rapport épingle que «la gestion de la qualité de Boeing oblige les employés à travailler dans des délais qui pourraient amener des pièces défectueuses à quitter ESRC Boeing», une usine située à Everett, où sont préparées des composants électriques des 737 Max. Cette enquête de l’agence américaine avait été déclenchée suite à des plaintes d’employés.

«La situation est bien pire qu’on pourrait s’y attendre, car Boeing a produit plus de 1 000 avions supplémentaires depuis les catastrophes du Max», affirme-t-il. «Les rapports de sécurité indiquent clairement que les avions Boeing actuellement en service présentent des défauts EWIS liés à la fabrication», ajoute-t-il, renvoyant à ses déclarations auprès de la Commission du commerce, menée par la sénatrice démocrate de Washington Maria Cantwell.

Selon Pierson, passagers et équipages des Max «doivent être informés des risques de sécurité en cours» et, à minima, «la FAA doit mettre en œuvre de toute urgence un programme d’inspection complet des avions Boeing actuellement en service, et le DOJ doit enquêter sur la dissimulation criminelle en cours de Boeing».

737 Max : plusieurs incidents en vol signalés depuis le début de l’année

La publication de ces documents intervient un peu moins d’un mois après l’annonce de la finalisation d’un accord entre Boeing et le DOJ, permettant à l’industriel américain d’éviter un procès en plaidant coupable de «complot visant à frauder les Etats-Unis» lors de la certification de son appareil. Le géant de l’aéronautique devra régler une nouvelle amende de 247,3 millions de dollars et s’engager à investir 455 millions de dollars dans des programmes de conformité et de sécurité.

Un accord conclu alors même que les procureurs ont estimé que Boeing n’avait pas respecté un précédent accord datant de 2021, où l’industriel avait payé 2,5 milliards de dollars, dont une amende de 243,6 millions en échange notamment d'une immunité pour ses dirigeants contre des poursuites pénales.

Soumis à une période probatoire de 3 ans, un nouvel incident survenu début janvier a déclenché un audit de la FAA, lorsqu’une porte d’évacuation d’urgence s’est détachée de la carlingue d’un appareil d’Alaska Airlines qui évoluait à près de 5 000 mètres d’altitude avec 174 passagers à bord. Après six semaines d’enquête, la FAA a pointé des «problèmes de non-conformité dans le processus de contrôle de fabrication». Plus récemment, en juin, c’est un 737 effectuant la liaison Oakland (Californie) - Phoenix (Arizona) qui a réalisé en plein vol… un «roulis hollandais».

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