Échange de prisonniers : de retour en Occident, des ex-détenus critiquent leur libération

Échange de prisonniers : de retour en Occident, des ex-détenus critiquent leur libération© Mikhaïl Voskresenski / RIA Novosti
Le président russe Vladimir Poutine rencontre des citoyens russes libérés à la suite de l'échange à l'aéroport de Vnukovo, le 1er août 2024.
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La Russie et les États-Unis ont procédé le 1er août à un échange de prisonniers, à l’issue duquel huit Russes détenus dans des pays de l’OTAN ont pu regagner leur pays. Fait notable, plusieurs ex-détenus occidentaux ont, à leur arrivée, critiqué leur libération.

«Je voudrais vous féliciter, vous souhaiter un bon retour, merci beaucoup», a déclaré Vladimir Poutine, le 1er août au soir aux citoyens russes libérés plus tôt dans la journée à l’occasion d’un échange de prisonniers. Tout comme son homologue américain, le président russe s’est rendu à l’arrivée de l’appareil en provenance d’Ankara, à l’aéroport moscovite de Vnoukovo, avec à son bord dix Russes.

«C'est un hommage à ces personnes qui servent leur pays, qui, après des épreuves très difficiles, ont eu l'opportunité, grâce au travail acharné de très nombreuses personnes, de retourner dans leur pays d'origine», a déclaré à cet égard le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Celui-ci a précisé que les négociations sur cet échange avaient eu lieu entre le FSB et la CIA. «C'est sur cette ligne principale qu'un accord a été trouvé», a déclaré Peskov.

«Nous n’oublierons pas», a déclaré le chef d’État russe, remerciant tous ceux qui ont participé au processus d’échange. Celui-ci a précisé que les prisonniers libérés seraient présentés à une récompense d’État. L'accord a permis la libération de seize personnes détenues en Russie et au Bélarus, en échange de huit Russes incarcérés aux États-Unis, en Allemagne, en Norvège en Pologne ainsi qu’en Slovénie. Dans le cas de la Slovénie, il s’agissait d’Artiom Doultsev et d’Anna Doultseva, un couple de quarantenaires arrêtés fin 2022 et accusés d’espionnage. Ils étaient accompagnés de leurs deux enfants.

Côté américain, c’est le journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich, l'ancien soldat Paul Whelan et la journaliste russo-américaine du média financé par Washington Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) Alsou Kourmacheva, qui sont arrivés dans la nuit du 1er au 2 août sur la base militaire d'Andrews, près de Washington. Cet échange a été qualifié d’historique dans la presse occidentale qui souligne notamment qu’il s’agit du plus important depuis la chute de l’empire soviétique, et déplore que des «criminels» soient traités en «héros» à leur retour en Russie.

«Il y a encore des dizaines de Russes dans les cachots américains», regrette l’ambassade russe à Washington

Certains condamnés, renvoyés en Occident après avoir été graciés par Vladimir Poutine, ont critiqué leur échange. «Personne ne nous a demandé notre consentement. Nous avons été sortis de prison, mis dans un car, embarqués dans un avion et envoyés à Ankara», a notamment déclaré Vladimir Kara-Mourza, un Russo-Britannique de 42 ans, lors d’une conférence de presse à Bonn en Allemagne. «J'ai dit dès le premier jour derrière les barreaux que je n'étais pas prêt pour les échanges», lui a fait écho Ilia Iachine, estimant que sa place était en Russie.

«En échange de la libération d'un meurtrier, une quinzaine d'innocents ont été libérés. C'est un dilemme difficile. Il incite Poutine à prendre d'autres otages», a ajouté Ilia Iachine en référence à Vadim Krassikov, un ressortissant russe condamné à perpétuité pour le meurtre en 2019, dans un parc à Berlin, d'un ancien combattant séparatiste tchétchène.

Si Vladimir Kara-Mourza a estimé que cet échange constituait «une goutte d'eau dans l'océan», la tonalité était la même côté russe ce 2 août. «Il y a encore des dizaines de Russes dans les cachots américains qui regardent avec espoir leur patrie et attendent leur heure de libération», a déclaré à la presse l'ambassade russe aux États-Unis, assurant continuer à œuvrer pour leur libération et fustigeant la «chasse» menée par «les services de renseignement américains dans le monde entier».

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