Sortie de crise en Ukraine: «Zelensky devra probablement recourir à un référendum», selon le maire de Kiev
S'inquiétant d'un conflit qui pourrait durer encore deux ans, le maire de Kiev Vitali Klitschko a, ce 21 dans le Corriere Della Sera, envisagé l'hypothèse d'un référendum pour légitimer une décision de sortie de crise, ou la formation d'un gouvernement d'union nationale, suivant le modèle israélien à la suite du 7 octobre.
«Soyons clairs, nous devons gagner la guerre, mais la situation devient de plus en plus compliquée, elle dépend de l'aide qui arrive des alliés, ce serait un cauchemar si nous devions nous battre encore deux ans», a admis dans les colonnes du quotidien italien Corriere Della Sera le maire de Kiev Vitali Klitschko, ce 21 juillet.
Ancien champion de boxe devenu maire et désormais qualifié d'opposant à Zelensky, Klitschko a tenté de répondre aux dilemmes qui se posent à l’Ukraine: poursuivre la guerre ou accepter un compromis territorial avec la Russie, que faire si Trump remporte la course à la Maison Blanche?
«Zelensky devra probablement recourir à un référendum, je ne pense pas qu'il puisse parvenir seul à des accords aussi douloureux et importants sans légitimation populaire», a-t-il estimé. Ou alors lui faudra-t-il passer par «la création d'un gouvernement d'union nationale, un peu à l'image de ce qui s'est passé en Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre». Une hypothèse difficilement concevable cependant: «je ne suis pas sûr qu'il soit prêt à abandonner le pouvoir centralisé que la loi martiale lui garantit», ajoute le maire.
Zelensky a «concentré trop de pouvoir dans son bureau»
Klitschko reproche en effet à Zelensky d’avoir «concentré trop de pouvoir dans son bureau», provoquant la perte, pour la Rada, de «tout rôle pertinent». Un réflexe pour lui analogue à la «dictature russe», contre laquelle la république ukrainienne selon lui s’oppose. Au point de lui faire sentir l’«autoritarisme» dans son pays, estime cette ancienne figure du coup d'Etat du Maïdan de 2014.
Paradoxalement, le maire de Kiev n’est pourtant pas un partisan d’élections, alors que le mandat de président de Zelensky a pris fin en mai 2024.
Bien sûr, tous les yeux semblent rivés vers l’Amérique. «Ce qui sera dit avant et après le vote [du 5 novembre] concernant l’Ukraine sera très différent», pense Klitschko. Et d’ajouter : «le Parti républicain a toujours été anti-russe, je ne vois pas pourquoi il devrait désormais soutenir les raisons de Poutine».
Mais pour l’heure, le discours ukrainien n’a pas changé : dénonçant les frappes russes, le maire de Kiev demande plus d’armes : «Kiev est la ville la plus dotée de défenses anti-aériennes de tout le pays, mais celles-ci ne sont pas suffisantes».
La position ukrainienne toujours irréaliste selon Moscou
Ces propos interviennent alors que Zelensky a envisagé, la semaine passée, la participation de représentants à un sommet pour la paix. Une ouverture néanmoins accueillie avec réserve par Moscou car, pour l’heure, la position de Kiev interroge.
Zelensky a posé plusieurs conditions à la paix depuis 2022, évoquant notamment le retrait des forces russes des régions que l'Ukraine revendique encore, dont la Crimée rattachée en 2014 par référendum à la Russie. Des principes jugés irréalistes par la Russie.
Dans un discours de politique étrangère prononcé le 14 juin, le président russe avait indiqué que des négociations avec l’Ukraine pourraient être entamées dès lors que celle-ci retirerait ses troupes des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) ainsi que des régions de Zaporojié et de Kherson, et accepterait d’opter pour un «statut neutre – non aligné, non nucléaire», évoquant aussi une «démilitarisation», une «dénazification» et une levée des sanctions contre la Russie.