Frappes en Russie : «les grandes démocraties occidentales ne veulent pas la paix, mais l’escalade», condamne Robert Fico
Encore en convalescence, le Premier ministre Slovaque a dénoncé ce 8 juin le feu vert donné à Kiev par des chancelleries occidentales pour effectuer des frappes en Russie avec leurs armes. Il a également enjoint ses compatriotes à voter aux Européennes, estimant nécessaire d’élire des parlementaires favorables à des «initiatives de paix».
En retrait de la scène politique depuis le 15 mai, date à laquelle un partisan de l’aide militaire à l’Ukraine a tenté de l’assassiner, le Premier ministre slovaque s’est exprimé ce 8 juin à l’aune des élections européennes. «J'ai voté à l'hôpital, car ces élections sont également importantes», a-t-il déclaré dans un message posté sur sa page Facebook, les bureaux de vote ayant ouvert ce matin dans le pays. «Il est nécessaire d'élire des membres du Parlement européen qui soutiendront les initiatives de paix et non la poursuite de la guerre», a-t-il poursuivi.
Dans son message, le chef du gouvernement slovaque est revenu sur les récents accords octroyés à Kiev par plusieurs de ses soutiens européens, autorisant l’emploi de leurs armes contre le sol russe. Un aval notamment donné par Washington, Paris, Londres et Berlin. Après avoir mis en garde contre les «conséquences graves» de telles autorisations, le Président russe Vladimir Poutine a prévenu que son pays répondrait de manière «symétrique» à des frappes menées sur son sol à l’aide d’armes occidentales.
«Le consentement des pays occidentaux, qui ont permis à l’Ukraine d’utiliser des armes occidentales pour attaquer des cibles sur le territoire russe, n’est que la preuve que les grandes démocraties occidentales ne veulent pas la paix, mais l’escalade des tensions avec la Fédération de Russie, qui se produira certainement», a dénoncé Robert Fico. Ce dernier a affirmé qu’il «n'entraînerai[t] pas la Slovaquie dans de telles aventures militaires» et qu’il «ferai[t] tout pour que la paix prime sur la guerre».
Le 15 mai, à l’issue d’une réunion gouvernementale à Handlova, dans le centre du pays, Robert Fico avait été blessé par plusieurs tirs alors qu’il était allé à la rencontre d’un groupe de partisans. Dans un état grave, après avoir été touché par quatre balles à bout portant, le responsable politique a dû subir plusieurs opérations chirurgicales.
Tentative d’assassinat : Fico dénonce un climat de «haine» entretenu par l’opposition
Le tireur, Juraj Cintula, a déclaré aux enquêteurs être «en désaccord» avec la politique du gouvernement Fico à l’égard de l’Ukraine, souhaitant que Bratislava reprenne «son aide militaire à l'Ukraine». Cet écrivain amateur de 71 ans a «décidé d’agir», car le gouvernement de Fico «est un Judas par rapport à l'Union européenne», relate l’ordre de détention provisoire émis par le tribunal pénal de Pezinok.
«Je n'éprouve aucune haine envers l'inconnu qui m'a tiré dessus, a déclaré l'homme politique. Je lui pardonne et je le laisse réfléchir à ce qu'il a fait et pourquoi il l'a fait» avait déclaré à son sujet Robert Fico, le 5 juin, lors de sa première apparition publique depuis la tentative d’assassinat. Le Premier ministre a toutefois accusé ses opposants d'avoir entretenu le climat de «haine» qui a conduit à ce passage à l’acte.
«Ce n'était pas un attentat commis par un fou», a déclaré le chef du gouvernement, dans une vidéo publiée sur Facebook, ajoutant que son agresseur «n'était que le messager du mal et de la haine politique que l'opposition frustrée et politiquement sans succès a développés en Slovaquie».
Robert Fico est l'un des dirigeants européens les moins hostiles à Moscou, exigeant des pourparlers de paix pour résoudre la crise ukrainienne. Il a interrompu les livraisons d'armes slovaques à Kiev et estime que l'Ukraine n'est pas en mesure de remporter le conflit.