Zelensky accuse Pékin d’être devenu «un outil entre les mains de Poutine»
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé ce 2 juin la Chine de s'employer à «empêcher» des pays de participer au sommet sur l'Ukraine en Suisse, ajoutant que Pékin était «un outil entre les mains de Poutine». La Chine a critiqué la tenue de ce sommet ayant exclu la Russie.
«C'est dommage qu'une puissance indépendante comme la chine soit devenue un outil entre les mains de Poutine», a accusé Volodymyr Zelensky le 2 juin, devant la presse, en marge d'un forum sur la sécurité à Singapour.
«Malheureusement, la Russie utilise l'influence chinoise dans la région, par l'intermédiaire des diplomates chinois, et fait tout son possible pour que le sommet n'ait pas lieu», a encore déclaré le dirigeant ukrainien. «La Chine s'efforce aujourd'hui d'empêcher des pays de venir au Sommet de la paix », a-t-il ajouté.
La Chine a indiqué que son président Xi Jinping ne participerait pas au sommet prévu les 15 et 16 juin en Suisse. Pékin a estimé le 31 mai dernier qu’il lui serait « difficile » de participer à ce sommet si la Russie n'y est pas conviée.
«Il existe un décalage évident entre d'un côté les dispositions prises pour la conférence et de l'autre les demandes de la Chine et les attentes générales de la communauté internationale, ce qui rend difficile la participation de la Chine », avait ainsi déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « La conférence pourra difficilement jouer un rôle substantiel dans le retour de la paix », a-t-elle ajouté.
Ce sommet est «une perte de temps», selon le Kremlin
«La Chine disait dès le début que la tenue de tels sommets sans participation de la Russie n'avait absolument aucun avenir», a réagi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. «Chercher des issues au conflit ukrainien sans participation de la Russie est tout à fait illogique, sans perspective et ne constitue pratiquement rien d'autre qu'une perte de temps», a-t-il dénoncé.
Au début du mois de mai, alors en visite à Paris, le président chinois Xi Jinping avait insisté sur «l’organisation d’une conférence internationale de paix reconnue par la Russie et l’Ukraine, réunissant toutes les parties sur un pied d’égalité et permettant une discussion équitable».
Depuis février 2023, la Chine a en effet proposé un document en 12 points afin de mettre un terme au conflit, appelant au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays mais aussi à prendre en considération les exigences de sécurité russes. «Les idées et les propositions contenues dans le document montrent le désir sincère de nos amis chinois d'aider à stabiliser la situation», a fait valoir Vladimir Poutine à Pékin le 16 mai dernier.
Les exigences ukrainiennes inconcevables selon Moscou
Or, Volodymyr Zelensky promeut une «formule de paix» en dix points depuis novembre 2022. Celle-ci comporte notamment la réaffirmation des frontières de l'Ukraine datant de 1991, le retrait total des troupes russes, l'instauration d'un tribunal pénal international pour juger les «crimes de guerre russes» et une déclaration de la fin de la guerre.
Des exigences inconcevables selon Moscou, celles-ci étant synonymes de capitulation totale et ne suivant guère les réalités du terrain. «Le sens de cette rencontre est clair : rassembler autant de pays que possible, puis déclarer que tout est convenu, ensuite présenter cela à la Russie comme une question déjà résolue, comme un ultimatum», avait dénoncé le 17 mai, depuis la ville de Harbin dans le nord-est de la Chine, Vladimir Poutine, réitérant que la Russie demeurait prête à engager des négociations dès lors que celles-ci tiendraient compte des réalités du terrain.